Rappelons qu’une des trois idées forces du paradigme schumpetérien est que l’innovation résulte d’investissements « entrepreneuriaux », en particulier en recherche et développement ; ces investissements sont à leur tour motivés par la perspective d’une rente de monopole qui vient récompenser l’innovation. La première idée qui vient donc à l’esprit, c’est que tout élément susceptible de diminuer la rente de l’innovation, en particulier une concurrence accrue sur le marché des produits, réduit du même coup l’incitation à innover. Ainsi, une concurrence plus intense impliquerait un moindre degré d’innovation et partant, une plus faible croissance. De fait, les premiers modèles de croissance schumpetériens prédisent un effet négatif de la concurrence sur l’innovation et la croissance (Aghion et Howitt, 1992).
Cependant, des études empiriques réalisées dans les années 1990 à partir de données d’entreprises par nos collègues britanniques, mettent au contraire en évidence une corrélation positive entre l’intensité de la concurrence dans un secteur, mesurée à partir des rentes des entreprises, et le taux de croissance de la productivité dans ce secteur. Une concurrence accrue semble être associée à une innovation ou une croissance plus forte.
Le Pouvoir de la destruction créatrice,
de Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel
© Odile Jacob, 2020
Extrait reproduit avec l’aimable autorisation des Editions Odile Jacob ;
Questions :
1- Rappelez la définition de la rente de monopole.
2- Expliquez pourquoi la concurrence peut réduire la croissance dans le cadre du paradigme schumpeterien.