La libéralisation du commerce international, la réduction des coûts de transport et la convergence des modes de consommation à l’échelle internationale ont permis une nouvelle répartition des activités des firmes multinationales selon une conception mondialisée de leurs opérations et de leurs marchés. Les stratégies des firmes globales sont définies par la maison mère dont la direction cherche à unifier la gamme des produits sur le marché mondial (comme pour l’iPhone d’Apple), recourt directement aux marchés des capitaux mondialisés pour son financement, mais décide de la localisation de sa production en fonction des avantages compétitifs de chaque territoire. L’internationalisation de la chaîne de valeur désigne alors la décomposition du processus de production d’un bien en plusieurs opérations prises en charge par des unités de production implantées dans différents pays. En s’appuyant sur la baisse des coûts de transport (avions, bateaux porte-conteneurs…) et de communication, mais aussi sur les entreprises de logistique, cette globalisation de la production a ainsi permis aux firmes multinationales de découper en différentes tranches leurs activités afin de maximiser la valeur ajoutée sur chacune d’entre elle. Depuis une dizaine d’années, les firmes globales ont conclu des contrats de sous-traitance avec des firmes indépendantes situées dans les pays émergents, qui bénéficient d’un réservoir de main-d’œuvre qualifiée à faible niveau de rémunération (comme l’américain Apple avec les entreprises taïwanaises Foxconn et Quanta). Le but de ce type de stratégie est de limiter le montant des capitaux immobilisés pour les donneurs d’ordres, d’optimiser les coûts par la mise en concurrence des sous-traitants et d’augmenter l’utilisation de composants standardisés et l’échelle de fabrication, ce qui permet des baisses de prix et une meilleure compétitivité.
Depuis les années 1980, les firmes multinationales ont ainsi mené des stratégies de délocalisations : les délocalisations peuvent être définies comme un transfert d’activités économiques du territoire national vers un pays étranger afin de réimporter sur le territoire national l’essentiel des biens produits ou de servir les mêmes marchés, via un investissement direct à l’étranger (IDE). Sont assimilés à des délocalisations (mais sans investissements) les accords de sous-traitance avec une entreprise étrangère (offshore outsourcing) ou l’octroi d’une licence à cette entreprise quand cela a eu pour effet de substituer une production étrangère à une production nationale.
Les firmes multinationales franchissent ainsi toutes les étapes pour produire un produit ou un service, et le livrer au client, depuis la conception jusqu’à l’utilisation finale, dans le cadre d’une stratégie d’emblée conçue à l’échelle mondiale. Ces étapes comprennent des activités comme la recherche et la conception, la production, le marketing, la distribution et l’appui au consommateur final. Ce phénomène est étroitement lié au développement des réseaux mondiaux de production : il se traduit donc par une fragmentation physique du processus de production, dont les différentes étapes sont réalisées en des lieux distincts, suivant une logique d’optimisation, les entreprises ayant intérêt à se tourner davantage vers des sources d’approvisionnement internationales pour leurs consommations intermédiaires en fonction des coûts comparés. Cette internationalisation de la chaîne de valeur entraîne une polarisation toujours plus forte des espaces productifs au sein de l’économie mondiale, en raison de la concentration des activités productives (pour réduire les coûts, gagner en flexibilité, faire circuler l’information plus facilement dans le cadre de districts industriels, et profiter d’un cadre de vie agréable adapté aux cadres très qualifiés des classes moyennes supérieures), et d’un clivage substantiel et grandissant entre les grands centres urbains favorisés et les périphéries des villes.
Source : Melchior, 2019.
Questions
1. En quoi l’iPhone d’Apple illustre-t-il l’internationalisation de la chaîne de valeur ?
2. Quels ont été les moteurs de l’internationalisation de la chaîne de valeur ?
3. Quels peuvent être les avantages d’une telle stratégie pour une firme multinationale qui cherche à améliorer sa compétitivité ?
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1. En quoi l’iPhone d’Apple illustre-t-il l’internationalisation de la chaîne de valeur ?
La production de l’iPhone montre qu’il est le résultat d’un assemblage de pièces détachées fabriquées dans différentes parties du monde afin de rationaliser les coûts, mettre en concurrence les fournisseurs, et diversifier les approvisionnements.
2. Quels ont été les moteurs de l’internationalisation de la chaîne de valeur ?
Les moteurs de l’internationalisation de la chaîne de valeur ont été la baisse des coûts de transport et de communication.
3. Quels peuvent être les avantages d’une telle stratégie pour une firme multinationale qui cherche à améliorer sa compétitivité ?
L’entreprise peut, par des stratégies d’internationalisation, améliorer sa compétitivité prix (baisse des coûts par des stratégies de délocalisations par exemple) et sa compétitivité hors-prix (meilleure qualité des produits en bénéficiant des savoir-faire et des approvisionnements situés sur différents territoires).