Questions :
1) Comment évolue la reproduction sociale ?
2) Peut on parler d’une panne de l’ascenseur social ?
3) Comparez la mobilité observée des femmes et des hommes par rapport à leur père pour l’année 2015.
4) Comment expliquer ces écarts de mobilité entre hommes et femmes par rapport à leur père ?
5) Calculez le ratio mobiles ascendants/ mobiles descendants (MA/MD) pour les hommes. On pourra présenter les résultats sous forme de tableau :
6) Que montrent ces résultats ?
7) Ces résultats permettent ils d’analyser la progression de la fluidité sociale ?
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1) Comment évolue la reproduction sociale ?
La reproduction sociale diminue chez les femmes depuis 1977 (baisse de 6,1 points de la part des femmes immobiles entre 1977 et 2017). Chez les hommes, l’immobilité a diminué de 3,6 points entre 1977 et 1993, puis elle a légèrement augmenté entre 1993 et 2015 de 2,2 points.
On constate donc, entre 1977 et 2015, une diminution de la reproduction sociale chez les hommes comme chez les femmes, la mobilité sociale est donc en hausse.
2) Peut on parler d’une panne de l’ascenseur social ?
Depuis les années 1990, le thème de la « panne de l’ascenseur social » s’est imposé dans le débat public mais ne semble pas confirmé a priori par le calcul du taux de mobilité. Néanmoins, pour se prononcer sur cette panne de l’ascenseur social, il faut affiner en décomposant le taux de mobilité selon ces différentes composantes (cf. questions suivantes)
3) Comparez la mobilité observée des femmes et des hommes par rapport à leur père pour l’année 2015.
En 2015, la mobilité sociale observée par rapport au père est plus forte pour les femmes que pour les hommes. On constate que près de 70 % des femmes connaissent une mobilité sociale, ce qui représente 5 points de plus que pour les hommes.
La mobilité non verticale n’est pas significativement différente (23,3 % pour les femmes contre 22,6 % pour les hommes).
C’est donc essentiellement la structure de la mobilité verticale qui diffère selon qu’on est un homme ou une femme. Les femmes connaissent plus fréquemment une mobilité descendante qu’ascendante par rapport à leur père (25 % contre 21,8 %), alors que, chez les hommes, la mobilité́ sociale ascendante est près de 2 fois (1,84) plus forte que la mobilité descendante.
Les hommes connaissent proportionnellement plus souvent une situation de mobilité ascendante (27,6 %) que les femmes (21,8 %), soit un écart de 5,8 points.
4) Comment expliquer ces écarts de mobilité entre hommes et femmes par rapport à leur père ?
La structure socioprofessionnelle des emplois masculins et féminins diffère et les femmes accèdent moins facilement que leurs homologues
5) Calculez le ratio mobiles ascendants/ mobiles descendants (MA/MD) pour les hommes. On pourra présenter les résultats sous forme de tableau :
6. Que montrent ces résultats ?
On constate que le déclassement touche davantage les femmes : pour les femmes, le ratio est toujours inférieur à 1, ce qui montre que la mobilité descendante est plus fréquente que la mobilité ascendante pour les femmes, par rapport à leur père. Le plafond de verre est à nouveau perceptible à travers ce calcul.
L’évolution du ratio MA/MD pour les hommes révèle deux éléments :
Tout d’abord le ratio demeure supérieur à 1 ce qui signifie que sur toute la période, la mobilité verticale est plus souvent ascendante que descendante pour les hommes.
Néanmoins, ce ratio, après avoir légèrement progressé entre 1977 et 1985, décline entre 1985 et 2015 de manière très significative. La mobilité descendante est donc devenue beaucoup plus fréquente.
Cette progression relative des situations de mobilité descendante est liée au phénomène d’inflation scolaire décrit par Marie Duru-Bellat face à un marché du travail beaucoup plus restreint. En effet, la massification scolaire (et surtout la deuxième explosion scolaire) s’est traduite par une augmentation de la part des diplômés dans la population active dans un contexte de progression beaucoup plus lente des postes qualifiés.
La stabilité du taux de mobilité est ainsi compatible avec un déclassement intergénérationnel de plus en plus répandu.
7. Ces résultats permettent ils d’analyser la progression de la fluidité sociale ?
Il y a bien un écart entre la mobilité observée et la fluidité sociale.
Néanmoins la hausse de la part relative de la mobilité descendante peut correspondre à une progression de la fluidité sociale si un déclassement de la part des enfants de cadre se fait au profit de la mobilité ascendante des enfants de catégories populaires. Le déclassement des uns n’est alors que la contrepartie de la promotion des autres. C’est ce que l’on peut constater à travers le poids de la mobilité sociale ascendante qui progresse en même temps que le déclassement, de façon modérée pour les hommes (+4,1 points de 1977 à 2015 soit +17 %) et plus marquée pour les femmes (+9,1 points sur la même période, soit +71 %).
Pour mieux cerner l’évolution de la fluidité sociale, il faut disposer d’autres mesures par exemple des odds ratios.