L'émergence des Gafam, favorisée par la révolution des TIC, s’est accompagnée d’un sursaut de croissance entre 1995 et 2005 aux États-Unis. Problème : ces entreprises sont devenues hégémoniques, elles ont envahi tous les secteurs de l’économie, ce qui a fini par décourager les autres entreprises d’innover.
D’où le ralentissement de la croissance de la productivité depuis 2005. On retrouve ici le dilemme de la destruction créatrice : peu à peu les Gafam sont devenues des empires, qui ont tout englouti, ce qui a freiné la création d’entreprise, l’innovation, et in fine la croissance. Pour empêcher ce ralentissement, il aurait fallu mettre en place une politique de concurrence adaptée aux TIC et au numérique : une politique empêchant notamment des fusions et acquisitions de nature à décourager l’entrée de nouvelles entreprises innovantes sur le marché
Source : Philippe Aghion, « C’est par l’innovation que nous sortirons de cette crise », propos recueillis par Louise Mussat, CNRS Le journal, 2020
Questions :
21) Comment l’innovation dans les TIC a-t-elle joué sur la croissance économique ?
22) Qu’est-ce que Philippe Aghion appelle le « dilemme de la destruction créatrice » ?
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21) Comment l’innovation dans les TIC a-t-elle joué sur la croissance économique ?
Dans un premier temps, l’innovation dans les technologies de l’information et de la communication a stimulé la croissance, en augmentant la productivité du travail aux États-Unis, notamment sous l’impulsion des « Gafam » (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Cependant, si cette croissance a été assez forte dans une phase intense d’innovations entre 1995 et 2005, elle a ensuite ralenti du fait de l’augmentation de la taille de ces entreprises qui ont freiné l’innovation.
22) Qu’est-ce que Philippe Aghion appelle le « dilemme de la destruction créatrice » ?
Philippe Aghion reprend à Schumpeter le concept de destruction créatrice : l’innovation détruit des secteurs ou entreprises rendus obsolètes et en crée de nouveaux, plus dynamiques. Cependant, comme Schumpeter, il pointe les effets potentiellement négatifs de ce processus. Il insiste notamment sur le fait que les entreprises nouvellement créées connaissent une forte croissance qui leur donne un important pouvoir de marché (Schumpeter parlait de monopole temporaire). Si ce pouvoir de marché peut être favorable à l’innovation dans un premier temps, il peut ensuite se transformer, en quelque sorte, en rente, qui freine de nouvelles innovations : l’entreprise innovante cherche à consolider sa position et empêche la survenue de nouvelles innovations, ce qui finit par être défavorable à la croissance économique.