Les employés et les ouvriers sont les plus sujets au sentiment de déclassement : 30 % d’entre eux se sentent déclassés et ils représentent près de 60 % des personnes qui se sentent déclassées. 53 % des employés et ouvriers non qualifiés ont une position sociale moins élevée que celle de leur père et 36 % se sentent effectivement déclassés. La mobilité sociale descendante et le sentiment de déclassement sont, logiquement, moins fréquents chez les employés et les ouvriers qualifiés, avec des taux respectifs de 19 % et de 26 %.
Au sein des employés et des ouvriers, le sentiment de déclassement varie fortement selon les professions. Il est ainsi plus élevé pour les ouvriers agricoles (45 %), les caissiers (43 %), les serveurs, aides de cuisine et employés d’hôtel (40 %) ou encore les vendeurs non spécialisés (37 %). Dans ces professions, les conditions d’emploi sont en effet moins favorables (davantage de temps partiel, risque de chômage plus élevé et revenu plus faible) et les mobilités sociales descendantes plus fréquentes. À l’inverse, le sentiment de déclassement est plus faible chez les ouvriers qualifiés, notamment ceux de l’industrie, du bâtiment et des travaux publics ou de la mécanique et du travail des métaux, pour lesquels la mobilité sociale descendante est très rare (environ 10 %). Ce sentiment est également peu répandu parmi les militaires, les policiers, les surveillants pénitentiaires et les pompiers (17 %). Ces professions s’inscrivent plus souvent dans une trajectoire sociale descendante (environ 30 %), mais le risque de chômage y est plus faible et les rémunérations plus élevées que pour les autres employés ou ouvriers.
Source : Tiaray Razafindranovona, « Malgré la progression de l’emploi qualifié, un quart des personnes se sentent socialement déclassées par rapport à leur père », Insee Première n°1659,2017
Questions :
1/ Comment les tables de mobilité peuvent-elles permettre de mesurer le déclassement ?
2/ Au-delà de leur mobilité descendante, qu’est-ce qui peut expliquer le sentiment de déclassement pour les ouvriers agricoles, les caissiers ou encore les serveurs ? Ceci peut-il être mesuré dans les tables de mobilité ?
3/ Pourquoi le sentiment de déclassement est-il moins fort pour les militaires, les policiers ou encore les pompiers que pour d’autres employés ? Ceci peut-il être mesuré dans les tables de mobilité ?
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Réponses :
1/ Les tables de mobilité permettent de mesurer la mobilité intergénérationnelle. On peut y observer des déplacements « vers le bas » : par exemple, des ouvriers qualifiés vers les ouvriers non qualifiés, des cadres vers les professions intermédiaires, des professions intermédiaires vers les employés…
2/ Ces catégories regroupent des personnes qui ont assez souvent connu un déclassement réel par rapport à leurs parents, mais c’est aussi parce qu’elles ont des emplois avec des conditions défavorables qu’elles ont le sentiment d’être déclassées. Une plus faible rémunération, un fort risque de chômage, un emploi précaire ou à temps partiel peuvent créer un sentiment de déclassement. Ces éléments ne sont pas objectivés dans les tables de mobilité où tous les individus sont regroupés par PCS, quelle que soit leur rémunération, leur contrat de travail, et ou les chômeurs sont classés avec les personnes en emploi.
3/ Ces catégories sont peu concernées par le risque de chômage (ce sont pour la majorité des fonctionnaires) et reçoivent une rémunération plutôt élevée par rapport aux autres employés ou ouvriers. Ils peuvent avoir l’impression d’avoir connu une certaine forme d’ascension sociale par rapport à des parents ouvriers par exemple. Ceci ne peut pas se voir dans les tables de mobilité classiques qui ne font pas de distinction au sein de la catégorie employé et dans lesquelles la rémunération n’apparaît pas.