Le terme « Stakeholder » est le plus souvent traduit par partie prenante et donc le mot « stake » par parti pris – bien que cette traduction soit approximative – mais également par partie intéressée, ayant droit, dépositaire. Cependant, il faut prendre garde lorsque l’on effectue un tel exercice de traduction à la signification que l’auteur lui-même souhaite conférer au terme employé et qui peut différer d’une contribution à une autre. (…) A l’origine, le terme Stakeholder est un néologisme provenant d’un jeu de mots avec le terme « Stockholder » désignant l’actionnaire et qui permet d’étendre cette dernière notion à des groupes à l’égard desquels l’entreprise a une responsabilité. Si le terme de Stakeholder en lui-même est apparu dans les années 1960 et ne s’est véritablement popularisé que dans les années 1980, les origines de la notion de partie prenante sont à rechercher dans les années 1930 : chez Bearle & Means (1932), tout d’abord, qui constatent très tôt que les dirigeants sont confrontés à une pression sociale afin qu’ils reconnaissent leurs responsabilités auprès de tous ceux qui peuvent être affectés par les activités organisationnelles. […] La General Electric Company identifie ainsi, dans les années 1930, quatre groupes majeurs en relation avec elle : les actionnaires, les employés, les clients et la communauté) afin de mieux pouvoir faire face à la dépression. […] Ces développements permettent de ne plus envisager l’entreprise comme un monde clos et de mettre fin à la vision actionnariale de la firme – selon laquelle seule la satisfaction des actionnaires compte – puisque celle-ci est désormais envisagée comme une entité ayant des relations avec son environnement au cours desquelles se nouent des liens avec et entre les parties prenantes. Ainsi, les considérations financières, si elles demeurent prééminentes, ne sont plus les seules. […] Le concept de Stakeholder sera, en effet, d’abord mobilisé en management stratégique avant de servir de fondement aux questions de gouvernance d’entreprise, d’éthique organisationnelle et même de politique (…).
Source : Astrid Mullenbach, L'apport de la théorie des parties prenantes à la modélisation de la responsabilité sociétale des entreprises, La Revue des Sciences de Gestion 2007/1 (n°223)
Questions :
1) Définir les termes stockholders et stakeholders.
2) En quoi cette approche conduit-elle à l’idée de « responsabilité » de la firme ?
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1) Définir les termes stockholders et stakeholders.
Les stockholders (ou shareholders) sont les actionnaires, les investisseurs. Les stakeholders incluent l’ensemble des parties prenantes impliquées par l’entreprise, c’est-à-dire ceux qui prennent part à l’activité : les fournisseurs, les clients, les salariés, les pouvoirs publics, les associations de riverains, etc.
2) En quoi cette approche conduit-elle à l’idée de « responsabilité » de la firme ?
Considérer l’existence de diverses parties prenantes conduit à l’idée d’une responsabilité sociale de l’entreprise mettant l’accent sur une orientation des choix, de la gouvernance de l’entreprise qui tienne compte des enjeux productifs mais aussi humains, sociaux, environnementaux. Dans cette logique, l’entreprise ne doit donc pas être gouvernée uniquement en fonction de l’évolution du cours des actions mais sa gouvernance doit intégrer aussi des choix plus éthiques.