Dans tout le cours de cet ouvrage, j’ai cherché à prouver que le taux des profits ne peut jamais hausser qu’en raison d‘une baisse des salaires, et que cette baisse ne peut être permanente qu’autant qu’il y aura une diminution dans le prix des denrées que l’ouvrier achète avec ses gages. Si, par l’accroissement du commerce étranger, ou par des perfectionnements dans les machines, on peut fournir aux travailleurs la nourriture et les autres objets de première nécessité à plus bas prix, les profits hausseront. Si, au lieu de récolter du blé chez nous, et de fabriquer nous-mêmes l’habillement et les objets nécessaires pour la consommation de l’ouvrier, nous découvrons un nouveau marché où nous puissions nous procurer ces objets à meilleur compte, les salaires devront baisser et les profits s’accroître. Mais, si ces choses que l’on obtient à meilleur compte, soit par l‘extension du commerce étranger, soit par le perfectionnement des machines, ne servent qu’à la consommation des riches, le taux des profits n'éprouvera pas de changement. Le taux des salaires ne saurait changer, quoique le vin, les velours, les soieries ; et autres objets de luxe, éprouvent une baisse de 50 pour cent ; et par conséquent les profits resteront les mêmes.
C’est pourquoi le commerce étranger, très avantageux pour un pays, puisqu’il augmente le nombre et la variété des objets auxquels on peut employer son revenu, et qu’en répandant avec abondance les denrées à bon marché, il encourage les économies et favorise l’accumulation des capitaux, ce commerce, dis-je, ne tend nullement a accroître les profits du capital, à moins que les articles importés ne soient de la nature de ceux que l’ouvrier consomme.
Source : David Ricardo, Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817
Questions :
16) Comment le commerce international peut-il permettre d’augmenter les profits selon Ricardo ?
17) Quel doit être l’effet de la hausse des taux de profits sur la croissance économique selon Ricardo ?
18) Quelle limite à l’effet du commerce international sur la croissance est identifiée à la fin de l’extrait ?
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16) Comment le commerce international peut-il permettre d’augmenter les profits selon Ricardo ?
Dans le modèle de Ricardo, la croissance est ralentie par la baisse des taux de profit. Ces profits diminuent car les salaires (et les rentes) augmentent. Cependant, avec le commerce international, le prix des produits de consommation des salariés baisse et il est possible de réduire les salaires.
17) Quel doit être l’effet de la hausse des taux de profits sur la croissance économique selon Ricardo ?
Cette réduction des salaires augmente le profit, qui doit être considéré comme « ce qui reste » une fois la rente et les salaires payés. Le profit est alors utilisé pour produire davantage.
18) Quelle limite à l’effet du commerce international sur la croissance est identifiée à la fin de l’extrait ?
David Ricardo interroge l’effet du commerce international en posant que si ce commerce est fait pour obtenir des produits qui ne sont pas consommés par les travailleurs (des produits de luxe par exemple), son effet sur les salaires sera nul et donc son effet sur la croissance également. Il pose ainsi le problème de la répartition des gains liés au commerce international.