Document 6 : Les entreprises et la crainte de la perte de contrôle

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Les entreprises portent probablement une part de responsabilité dans le faible développement du marché financier. En effet, elles ont la réputation, en particulier les petites et moyennes, d'avoir une préférence forte pour l'autofinancement. Celle-ci résulterait de réticences envers les émissions d'actions hors du groupe restreint, souvent familial, qui contrôle l'entreprise, et même envers l'inscription à une cote boursière, qui augmente la tentation que peuvent éprouver certains membres du "noyau dur" de revendre leurs parts en cas de besoin de liquidité ou de désir de diversification de portefeuille. Les émissions d'obligations ne présentent pas ce risque essentiel de perte de contrôle, ce qui explique en partie leur prépondérance dans les émissions des années 1880 et 1890. Cependant, elles ne sont que rarement accessibles aux sociétés non cotées, car la Compagnie des agents de change exige en général la cotation préalable des actions, condition selon elle d'une information suffisante du public. De ce fait, nombre des émissions d'obligations réalisées sont très proches de prêts à long terme effectués par une banque et quelques capitalistes importants, auxquels il est alors nécessaire de divulguer une information confidentielle sur la situation de l'entreprise. La suspicion envers les grandes banques de dépôt "anonymes" et nationales fait privilégier les banques locales ; mais celles-ci sont trop petites pour soutenir efficacement des entreprises à une époque où le seuil d'entrée dans nombre de secteurs en termes de capital fixe s'élève fortement. La solution à ces insuffisances est le développement de banques régionales (à Lyon, Grenoble et Nancy en particulier), qui connaissent une première croissance durant notre période, en s'appuyant sur une population étroite mais dynamique de notables locaux bien informés de la situation industrielle. Au total, les craintes de perte de contrôle incitent souvent au repli sur l'autofinancement. (…) Il est cependant aussi possible que l'étroitesse du marché financier ait découragé des entrepreneurs désireux d'y trouver un moyen de réaliser leur patrimoine ou de le diversifier en introduisant leur société en Bourse. Ces entrepreneurs risquent alors d'avoir en contrepartie choisi de diminuer le risque de leur situation personnelle en augmentant les distributions de dividendes (placés en immobilier ou en rente), ce qui, à bénéfice donné, a pu contribuer à freiner l'investissement

Pierre-Cyrille Hautcœur, Le marché financier français entre 1870 et 1900

Questions :

1) Qu’est-ce que l’autofinancement ?

2) Qu’est-ce qu’un marché financier ?

3) Cherchez : qu’est-ce que la Compagnie des agents de change ?

4) Qu’est-ce qu’une obligation ? Pourquoi, selon Pierre-Cyrille Hautcœur, les émissions d’obligations ne sont pas plus importantes ?

 

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1) Qu’est-ce que l’autofinancement ?

S’autofinancer est le fait pour une entreprise ou un particulier de financer son activité à partir de ses capitaux propres, de sa propre épargne.

L'autofinancement est donc la capacité de l'entreprise à financer son activité et ses investissements à l'aide de ses propres moyens financiers. C'est un mode de financement interne à l'entreprise.

2) Qu’est-ce qu’un marché financier ?

Selon l’AMF, un marché financier est un lieu, physique ou virtuel, où les acteurs du marché (acheteurs, vendeurs) se rencontrent pour négocier des produits financiers.

3) Cherchez : qu’est-ce que la Compagnie des agents de change ?

Les agents de change (négociants de titres financiers ou traders) ont été des officiers ministériels (1572-1720, 1774-1791). Un décret du 28 ventôse an IX (19 mars 1801) offre un nouveau statut et un monopole de la négociation des valeurs mobilières. Les agents de change s’organisent alors en Compagnie des agents de change (CAC). En 1967, la fusion des CAC de Paris et des autres régions créée la Compagnie nationale des agents de change. La CAC devient la Société des bourses françaises (SBF) puis fusionnera dans Euronext puis NYSE Euronext.

4) Qu’est-ce qu’une obligation ? Pourquoi, selon Pierre-Cyrille Hautcœur, les émissions d’obligations ne sont pas plus importantes ?

Une obligation est une part d’un emprunt émis par un État, une collectivité locale ou une entreprise, sur les marchés financiers.

Le souscripteur d’une obligation consent un prêt à un certain taux (fixe ou variable) sur une durée précise (5 ans, 10 ans, 20 ans…) et connaît dès le départ les montants d’intérêts (ou coupon) versés périodiquement. A l’échéance, l’obligation est remboursée.

Si les émissions d'obligations permettent d’éviter la perte du contrôle de l’entreprise, elles ne sont pas accessibles à toutes les entreprises, notamment aux sociétés non cotées.

La Compagnie des agents de change (CAC), qui a le monopole de la négociation des valeurs mobilières, exige que les actions d’une société qui émet des titres de dettes sur le marché soient cotées afin d’offrir une information suffisante du public. D’où la part importante des banques dans les émissions d'obligations au XIXe siècle.

 

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