Document 6. La monnaie de papier

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La monnaie de papier — c’est-à-dire les billets — constitue une étape importante dans le processus de dématérialisation des signes monétaires. C’est un instrument monétaire dont la valeur faciale est dissociée de sa valeur intrinsèque, à la différence de la monnaie métallique. Il est accepté en vertu de la confiance accordée à son émetteur, d’où le nom de monnaie fiduciaire donné aux billets (fiducia veut dire confiance en latin). Si la prééminence du billet apparaît après 1914, son développement a connu plusieurs étapes. Au départ, le billet est un certificat représentatif de métaux précieux, ces derniers étant laissés en dépôt dans les coffres des banques. Puis, dès le XVIIe siècle, les banques qui émettent les billets contre dépôt d’or comptent sur le fait que la totalité des porteurs ne réclameront pas ensemble leur conversion en or et émettent des billets « à découvert » à l’occasion de leurs opérations de crédits. Le volume des billets devient supérieur à l’encaisse métallique et les banques prennent un risque d’illiquidité. […] Les porteurs de billets peuvent être tentés, en certaines circonstances graves se traduisant par une crise de confiance (troubles politiques, guerres), de réclamer le remboursement en or de la totalité des billets. Si la valeur des billets en circulation est supérieure à l’encaisse-or, il y a un risque de faillite de l’institut d’émission. Pour éviter un tel risque, l’État […] autorise l’institut d’émission à ne plus accepter la conversion des billets contre des espèces métalliques. De plus, […] la loi […] oblige les agents économiques à accepter les billets au même titre que les espèces métalliques.

[…] L’émission de billets dépend désormais de la demande des agents économiques et de la politique monétaire. Dans cette ultime étape de l’évolution de la monnaie de papier, le billet ne tire plus sa valeur de sa convertibilité en or mais de son pouvoir libératoire imposé et garanti par les autorités monétaires.

D. Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 2017

Questions :

1) Pourquoi la monnaie-papier est-elle appelée monnaie fiduciaire ?

2) Expliquez la phrase soulignée.

3) En quel(s) sens peut-on parler de dématérialisation de la monnaie au fil du temps ?

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1) Pourquoi la monnaie-papier est-elle appelée monnaie fiduciaire ?

La monnaie-papier (les billets) est une monnaie dont la valeur intrinsèque est quasiment nulle. Contrairement aux monnaies métalliques, la valeur faciale de la monnaie-papier est bien supérieure à sa valeur intrinsèque. Donc pour que cette monnaie circule alors qu’elle n’a plus de valeur en elle-même, il faut qu’elle fasse l’objet d’une forte confiance des agents économiques dans sa stabilité et dans sa pérennité, d’où le nom de monnaie « fiduciaire ».

2) Expliquez la phrase soulignée.

A l’origine, la monnaie-papier n’était pas une véritable monnaie. C’était simplement un billet convertible : l’or étant particulièrement lourd, les transferts de monnaie étaient donc onéreux et dangereux. Il était donc plus simple de transférer des certificats permettant de retirer l’or là où l’on en avait besoin. Le certificat était simplement un support facilitant les paiements, la véritable monnaie était l’or, stocké dans les coffres des banques. Mais au fil du temps, l’habitude de payer avec de l’or et la commodité du certificat convertible en or ont amené les banques à émettre plus de « certificats » (qui n’en étaient plus vraiment donc) que d’or stocké : c’est la naissance du papier

monnaie. Dans ce cas, si, à la suite d’un événement ou d’un soupçon de laxisme sur la quantité de papier-monnaie créée, une crise de confiance se déclenche et que les agents viennent tous réclamer l’or correspondant au papier-monnaie en leur possession, alors la banque peut se trouver en situation de ne pas pouvoir honorer ses engagements et faire faillite. Ce risque a été surmonté grâce au « cours légal » (l’Etat oblige les agents économiques à accepter les billets au même titre que les espèces métalliques) et au « cours forcé » (l’Etat autorise l’institut d’émission à ne plus accepter la conversion des billets contre des espèces métalliques, ce qui revient à lever l’obligation de l’institut d’émission de convertir la monnaie-papier en or).

3) En quel(s) sens peut-on parler de dématérialisation de la monnaie au fil du temps ?

Le passage de la monnaie marchandise à la monnaie de crédit se caractérise par un processus de dématérialisation. Progressivement le support matériel s’allège puis disparaît pour ne laisser place qu’à des écritures sur les livres de compte des banques.

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