Document 6. La loi de l’offre et de la demande (1)

Facile

Le concept de repas au restaurant recouvre évidemment une réalité très hétérogène, du bistrot du coin au « trois étoiles » du Guide Michelin (…) Pour simplifier encore plus l’exposé, je ferai comme si les consommateurs n’envisageaient de prendre qu’un repas au restaurant par semaine, celui du dimanche midi par exemple.

Sur ce marché, il y a des demandeurs -les consommateurs qui vont au restaurant- et des offreurs – les restaurateurs. Les demandeurs sont prêts à payer une somme très variable pour un repas au restaurant. Comme ils peuvent se nourrir en faisant la cuisine chez eux ou en se faisant inviter chez des amis, cette somme peut par exemple dépendre de leurs capacités culinaires ou le nombre de leurs amis ; elle dépend naturellement aussi de leurs revenus et des habitudes de leur groupe socioculturel. Quoi qu’il en soit, on peut imaginer de dénombrer, pour n’importe quel niveau de prix des repas au restaurant, les consommateurs qui sont prêts à acquitter cette somme. C’est ce qu’on appelle « demande de repas au restaurant ». Supposons que pour une semaine donnée, cette demande soit de 2 millions de repas à 20 euros. Si le prix montait à 30 euros, certains de ces consommateurs décideraient de renoncer au restaurant et de faire la cuisine eux-mêmes. La demande ne serait plus, par exemple, que d’un million de repas au restaurant. Lorsque le prix augmente, la demande diminue. Ainsi, elle ne serait plus peut-être que de cinq cent mille repas si le prix s’élevait jusqu’à 40 euros.

Les restaurateurs, eux, font face à des coûts variables ; il est possible que M. Martin fasse des bénéfices en vendant un repas à 20 euros, tandis que le prix doit monter à 40 euros pour que Madame Dupont y trouve son compte. Pour un prix donné, le nombre de repas au restaurant que la communauté des restaurateurs est prête à préparer est appelée « offre ». Si cette offre est de cinq cent mille repas à 20 euros, elle sera plus élevée si le prix monte, puisque l’activité de restauration deviendra rentable pour un plus grand nombre d’entreprises. L’offre pourra être ainsi d’un million de repas à 30 euros, et de deux millions à 40 euros. Le tableau ci-dessous résume l’offre et la demande de repas au restaurant.

Comme j’ai supposé que la qualité des repas offerts par les différents restaurants était homogène, ils doivent également pratiquer le même prix : un restaurant qui vendrait les repas plus cher que ses confrères verrait rapidement ses clients le quitter. Supposons pour commencer que ce prix commun soit de 20 euros. A ce prix, les consommateurs désirent acheter deux millions de repas, mais les restaurateurs ne sont prêts à en préparer que cinq cent milles. La demande est donc supérieure à l’offre. Mais parmi les 1,5 millions de consommateurs insatisfaits, il s’en trouve qui seraient alors disposés à payer 30 ou 40 euros pour un repas au restaurant. Une telle situation ne pourra perdurer ; certains restaurateurs augmenteront leurs prix pour servir ces consommateurs.

Source : Bernard Salanié, L’économie sans tabou, Le Pommier, 2011.

 

 

Questions

1) Qu’appelle-t-on la loi de la demande ?

2) Quels sont les déterminants de la demande ?

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1) Qu’appelle-t-on la loi de la demande ?

Une courbe ou fonction de demande représente, toutes choses égales par ailleurs, la relation entre prix et quantité demandée. Autrement dit, on cherche à isoler l’effet des variations du prix sur la quantité demandée d’un bien donné. Cela ne veut aucunement dire qu’on pense que seule la variation du prix est déterminante de la quantité demandée. C’est pour cela que, pour être rigoureux, on devrait toujours préciser que l’on raisonne « toutes choses égales par ailleurs » ou ceteris paribus. Notez bien les termes utilisés. Nous parlons de demande pour désigner la courbe ou la fonction. En revanche, nous relions le prix à la quantité demandée en chaque point de la courbe. Demande et quantité demandée ne désignent pas la même chose ! Les confondre peut conduire à des raisonnements complètement erronés et à des conclusions fausses !

Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée diminue. Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix d’un bien diminue, la quantité demandée augmente. Toutes choses égales par ailleurs, le long de la courbe de demande, prix et quantité demandée varient en sens contraire. Ou encore, lorsqu’on se déplace le long d’une courbe de demande, la quantité demandée d’une marchandise varie en fonction inverse (sens inverse) de son prix. Notez bien que le long de la courbe, donc toutes choses égales par ailleurs, la causalité va de la variation du prix à la variation de la quantité offerte !

 

2) Quelles sont les autres déterminants de la demande ?

On peut citer :

- Le revenu : un revenu plus faible réduit la quantité demandée d’un bien normal. Ceci est surtout vrai pour un bien dit normal, c’est-à-dire un bien pour lequel, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du revenu conduit à une augmentation de la demande, quel que soit le niveau de prix. Mais tous les biens ne sont pas des biens normaux, et l’effet des variations du revenu peut changer selon le type de bien. Il peut exister des biens dits inferieurs pour lesquels la demande augmente, ou ne diminue pas, malgré la hausse des prix, même si le revenu diminue. Un bien inférieur est un bien pour lequel, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du revenu provoque une baisse de la demande

- Les prix des biens proches : les prix des biens proches peuvent affecter les quantités de biens que nous demandons, soit par qu’ils sont substituables (autrement dit l’un peut remplacer l’autre), soit parce qu’ils sont complémentaires (autrement dit, l’un ne va pas sans l’autre).

- Les préférences et les goûts des consommateurs sont des déterminants subjectifs mais incontournables pour expliquer les variations de la demande. Peu importe le prix, si nous n’aimons vraiment pas un bien, la demande sera nulle. De plus, la hausse du prix n’affectera pas ou peu la quantité demandée.

- Les anticipations que nous pouvons formuler sur l’avenir en ce qui concerne notre emploi, nos revenus… peuvent influencer notre demande de biens ou de services aujourd’hui. L’incertitude inhérente à l’avenir peut peser plus ou moins lourd dans nos choix, et peu importent les variations de prix.

Par exemple, si vous vous attendez à percevoir un revenu plus élevé le mois prochain, vous pourriez être tenté de dépenser une partie de votre épargne actuelle. Pour prendre un autre exemple, si vous anticipez que le prix de la glace baissera demain, vous seriez peut-être moins tenté d’en acheter un cornet au prix d’aujourd'hui.

- Le nombre d’acheteurs va déterminer la demande globale (soit la somme des demandes individuelles) sur un marché. Or, quand, pour diverses raisons, le nombre d’acheteurs augmente, le bien peut devenir rare et son prix peut augmenter.

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