Les politiques de restriction des indemnités chômage se fondent sur le cadre théorique néoclassique. Les modèles de recherche d’emploi prédisent que l’accroissement des indemnités chômage réduit le gain relatif apporté par la reprise d’emploi (elle augmente le salaire de réservation des chômeurs) et tend ainsi à augmenter la durée du chômage. […]
D’autres mécanismes économiques peuvent toutefois expliquer un moindre impact d’une meilleure indemnisation sur le niveau de chômage, voire un impact positif. Le système d’assurance chômage évite des pertes de revenus trop importantes lors des épisodes de chômage et peut constituer par là un outil keynésien de soutien de la demande intérieure en période de récession. C’est notamment ce qui a été fait aux États-Unis après la crise de 2008 via l’allongement temporaire de la durée maximale d’indemnisation. Dans une autre logique, on peut considérer que ces allocations sont la clé d’un appariement de qualité sur le marché du travail : elles laissent le temps au chômeur de trouver le « bon » emploi, ouvrant la voie à des relations d’emploi plus stables et à forte productivité. Elles favoriseraient alors le développement du segment primaire du marché du travail.
Source : Économie du travail et de l’emploi, Bernard Gazier et Héloïse Petit, 2019
1. Expliquez le principe des mesures dites « actives » et « passives » des politiques de l’emploi.
2. Pour quelle raison les indemnités chômage peuvent-elles avoir un effet désincitatif ?
3. Retrouvez, dans le texte, les arguments en faveur d’une meilleure indemnisation du chômage.
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1. Expliquez le principe des mesures dites « actives » et « passives » des politiques de l’emploi.
Les mesures « actives » concernent les politiques de retour vers l’emploi, qui consistent à proposer aux personnes en recherche d’emploi des formations, des stages, des offres d’emploi pour lesquelles postuler… Les mesures « passives », quant à elles, concernent le versement d’indemnités pour compenser la perte de salaire subie par les personnes en recherche d’emploi.
2. Pour quelle raison les indemnités chômage peuvent-elles avoir un effet désincitatif ?
Selon la théorie néoclassique, un individu en recherche d’emploi effectue un calcul rationnel entre la perte d’utilité que constitue le travail, et le gain d’utilité apporté par le salaire. Si les indemnités chômage perçues sont supérieures au gain potentiel de la reprise d’emploi, alors l’individu préfère rester en-dehors du marché du travail. Le chômage ne peut donc être que volontaire, et le versement d’indemnités crée un phénomène de «trappe à inactivité », à savoir un mécanisme par lequel l’individu n’est pas incité financièrement à entrer sur le marché du travail, l’écart entre le salaire potentiel et les indemnités perçues étant trop faible.
3. Retrouvez, dans le texte, les arguments en faveur d’une meilleure indemnisation du chômage.
Les indemnités versées peuvent soutenir la consommation en cas de récession économique, et limiter l’impact négatif de la hausse du chômage. Elles permettent aussi aux personnes en recherche d’emploi de prendre le temps de trouver l’emploi qui leur correspond au mieux, et donc d’améliorer la productivité des travailleurs.