Le risque objectif renverrait aux menaces, aux dommages corporels, à tous les dangers répertoriables concrètement par des discours, des chiffres ou des statistiques. Il est l’objet de recherches de type descriptif telles que l’épidémiologie, qui s’attache à présenter des taux ou des fréquences d’accidents, de dommages, de mortalité recensés, et qui recherche les facteurs objectifs (le mode de vie, le milieu ambiant ou social, etc.) pouvant contribuer à l’émergence du risque. Le risque subjectif renverrait quant à lui à l’imaginaire, aux phobies, aux craintes de l’individu, et font du concept de risque une notion non pas figée mais construite : il est alors objet de représentation, qui est l’« acte de pensée par lequel l’individu se rapporte à un objet (et qui) comporte une part de re-construction, d’interprétation de l’objet » […]
Reflet de la subjectivité de l’individu, la représentation du risque devient alors un concept central pour aborder les conduites à risque dans une perspective compréhensive. Là où la seule prise en compte de facteurs relatifs à un défaut d’information, à la méconnaissance du risque encouru, ou à un défaut de raisonnement ne permet d’attribuer qu’irrationalité et dérèglement aux conduites à risque des individus, [on peut montrer] que la notion de représentation redonne du sens et de la rationalité aux comportements. Quand un individu se représente un risque, il ne se contente pas de le percevoir mais l’assimile à son schéma de pensées, à ses croyances, à ses valeurs ou celles de son groupe social, afin de donner de la cohérence entre ses pensées et ses actes passés ou à venir.
Cécile Martha, « Etude du sens des conduite à risque actuelle », Sociétés, 2002/3, N°77
1/ Qu’est ce qui distingue le risque objectif et le risque subjectif ?
2/ Donnez un exemple de situation où le risque subjectif est supérieur au risque objectif.
3/ Donnez un exemple de situation où le risque subjectif est inférieur au risque objectif.
4/ En quoi peut-on dire que le risque résulte d’une construction sociale ?
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1/ Le risque objectif est celui que l’on mesure statistiquement grâce à l’expérience passée et à la prise en compte des facteurs de risque.
Le risque subjectif est le risque perçu par l’individu, ce risque subjectif repose sur des facteurs psychologiques, des biais cognitifs. Ce risque subjectif est propre à chaque individu. Il ne s’appuie donc pas forcément sur des critères scientifiques mais sur du vécu, du ressenti. Les facteurs cognitifs jouent un rôle dans la formation des croyances individuelles. Les effets de dotation, de dépendance peuvent influencer l’évaluation du risque subjectif. Les travaux en économie comportementale ont également montré que les individus ont tendance à surestimer des événements à faible probabilité.
2/ Le risque subjectif peut être supérieur au risque objectif, c’est le cas par exemple pour certaines campagnes de vaccination. On peut penser à l’hiver 2009-2010, pour faire face au virus de la grippe aviaire (virus H1N1), les pouvoirs publics ont proposé rapidement et à grande échelle un vaccin sur le marché. Peu de Français ont accepté de se vacciner, estimant que ce vaccin, mis sur le marché trop rapidement, présentait des risques importants d’effets secondaires.
3/ Le risque subjectif peut être inférieur au risque objectif par exemple lors de l’explosion de la centrale de Tchernobyl, les habitants de Pripiat, ville la plus proche de la centrale sont sortis observer les événements sans avoir conscience du danger.
4/ Le risque résulte d’une construction sociale car il est évalué en fonction d’un contexte historique et sociologique donné. L’évaluation des risques, objectifs et subjectifs, évoluent au cours du temps, en fonction des données scientifiques, des connaissances des individus, des outils de mesure, mais aussi des événements.