1- Jamais sans doute depuis les années 1970 l’ouverture commerciale n’aura été aussi contestée politiquement dans les pays développés, que ce soit aux États-Unis ou au sein de l’Union européenne. Les populistes de Donald Trump aux États-Unis à Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon en France ont même fait du retour au protectionnisme l’un des piliers de leur programme électoral, qu’il soit dénommé « protectionnisme intelligent » (Le Pen), « protectionnisme solidaire » (Mélenchon), « Buy America » ou « America First » (Trump). Comme toujours, le discours protectionniste est justifié au nom d’une noble cause, celle de la sauvegarde de l’emploi industriel et de la production locale, victimes de la « concurrence déloyale » des pays à bas coût, au premier rang desquels figure la Chine. Pour reprendre les termes mêmes de Donald Trump, le but du protectionnisme est de « protéger les frontières américaines contre les invasions d’autres pays qui produisent les mêmes marchandises que nous, volent nos entreprises et détruisent nos emplois » (extrait de son discours d’investiture). Cette rhétorique protectionniste se développe dans un contexte de fortes mutations économiques, qui alimente un discours de confusion sur les causes de ces changements profonds :
- la globalisation financière, à l’origine de la crise de 2008/2009, […] alimente […]un certain scepticisme sur les gains de la « mondialisation », sans qu’aucune distinction ne soit clairement faite entre finance internationale et commerce international ;
- le développement du numérique et de la robotisation, l’arrivée prochaine de l’intelligence artificielle et de la blockchain alimentent les craintes sur les pertes d’emplois massives qui pourraient en résulter demain, notamment dans l’industrie. A nouveau, la distinction n’est pas clairement faite entre les effets spécifiques du progrès technique sur l’emploi et ceux résultant de l’ouverture des économies à l’importation, alors même que les études empiriques soulignent l’importance des impacts technologiques ;
- l’accroissement des inégalités à l’intérieur des pays développés, qui est avéré, alimente un discours critique sur la mondialisation, accusée d’enrichir les plus riches et les plus qualifiés et de sacrifier l’emploi des moins qualifiés, victimes de la concurrence des pays « à bas coût ».
Si l’on n’observe pas pour l’heure de « raz de marée » dans l’opinion publique en faveur d’un retour au protectionnisme — contrairement à une idée répandue — il n’en demeure pas moins que le discours protectionniste trouve aujourd’hui un écho favorable auprès d’une partie de la population : l’arrivée au pouvoir en janvier 2017 de Donald Trump, qui a bâti l’essentiel de sa campagne électorale sur cette thématique, en constitue l’exemple le plus frappant. Plus encore, au-delà des discours et postures politiques, plusieurs pays, au premier rang desquels les États-Unis et l’Union européenne, ont renforcé leur politique commerciale ou mis en place de nouvelles barrières aux échanges : Songeons par exemple à l’imposition en mars 2018 de droits de douane de 20 à 50 % par les États-Unis sur les machines à laver coréennes, de 15 à 30 % sur les panneaux solaires chinois, de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium. Bref, les ingrédients sont réunis pour que demain les grands pays développés cèdent à la tentation du retour au protectionnisme, ce qui ne manquerait pas d’enclencher une guerre commerciale, notamment avec nos partenaires asiatiques. […]
2- Principales mesures protectionnistes mises en oeuvre par les États-Unis depuis janvier 2017
3- Exemples récents de menaces de représailles commerciales
Questions :
9) Comment expliquer le regain du protectionnisme ?
10) Quels sont les risques de ce type de politique commercial ?
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9) Comment expliquer le regain du protectionnisme ?
Les pertes d’emplois, la montée des inégalités, les dégradations environnementales etc. sont des évolutions dont on attribue la responsabilité à l’ouverture internationale et la mondialisation.
10) Quels sont les risques de ce type de politique commercial ?
Les risques du protectionnisme sont le repli économique lié aux mesures de représailles qui limitent la demande globale et produisent des effets récessifs cumulatifs sur les économies. Le mécanisme est le suivant
Mesures protectionnismes => mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux => baisse des exportations mondiales => baisse de la demande mondiale => ralentissement de la croissance et chômage.