Ce secteur [des chemins de fer] est l’un des principaux artisans du développement économique et industriel de la France au cours du XIXème siècle. Les effets d’entrainement de l’industrie du rail sur le reste de l’économie ne sont plus à démontrer. Les chemins de fer accélèrent les échanges commerciaux, stimulent la sidérurgie, la construction mécanique, l’industrie du bois et les matériaux de construction. Mais l’état embryonnaire du marché boursier ne permet pas le financement des premières lignes ferroviaires. Ce sont les capitaux anglais, au départ, puis ceux de la Haute banque qui financent la naissance de cette industrie en France. La Bourse, après avoir fait son apprentissage sur le marché des rentes, va prendre le relais des banques familiales dans le financement des entreprises. Le marché financier de Paris va contribuer pour 86 % dans le financement des travaux, les actions comme les obligations ferroviaires, figurent parmi les titres les plus convoités de la Place.
L’arrivée des actions ferroviaires, en décembre 1836, s’accompagne d’une forte spéculation. Un an après l’inauguration de la première ligne, Paris- Saint Germain, les toutes nouvelles concessions commencent à connaître des difficultés financières. Les coûts de construction apparaissent beaucoup plus importants que prévu. Les actionnaires refusent alors de libérer le reste de leur capital, ce qui provoque la première crise du secteur. De plus, les dividendes ne sont distribués qu’à partir de 1841, et ce uniquement par la compagnie Paris-Versailles Rive droite de Paris. Les épargnants apprennent bien vite que la détention d’une action peut devenir un placement très lucratif, mais dont le risque est loin d’être négligeable. La Bourse possède les caractéristiques d’un marché émergent : une forte rentabilité coïncide toujours avec un risque important.
Les pouvoirs publics cherchent alors à redéfinir le mode de financement des voies ferrées. La loi de 1842 délimite le rôle de l’État et des compagnies privées. Le premier se voit charger de l’acquisition des terrains et des travaux d’infrastructures ; tandis qu’aux secondes incombent la pose des voies et l’achat du matériel roulant. En échange, il leur est accordé l’exploitation des lignes pour des durées limitées. La construction des lignes ferroviaires connaît alors un nouvel essor, et dès 1842 de nouvelles lignes sont autorisées : Rouen-Havre, de Dieppe et de Fécamp, Montereau-Troyes, Bordeaux-Cette.
Pedro Arbulu et Jacques-Marie Vaslin, « Le financement des infrastructures par la bourse de Paris aux XIXème siècle », Revue d’économie financière n°151, 1999
Questions :
1/ En quoi les chemins de fer ont ils été un facteur de croissance au XIXème siècle ?
2/ Qu’est ce que l’on appelle la Haute banque ? Quel rôle joue-t-elle dans le financement des chemins de fer ?
3/ Les actions ferroviaires sont elles attractives ?
4/ Quel rôle a joué l’Etat ?
5/ Que montre l’exemple du chemin de fer en matière de financement?
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1/ En quoi les chemins de fer ont ils été un facteur de croissance au XIXème siècle ?
Les chemins de fer constituent une innovation majeure au XIXème siècle qui a permis de créer de nombreux emplois et d’étendre les débouchés tant pour la production agricole (extension du marché) que pour la production industrielle (qui a du fournir la matière première aux chemins de fer).
2/ Qu’est ce que l’on appelle la Haute banque ? Quel rôle joue-t-elle dans le financement des chemins de fer ?
La Haute banque regroupait les banques d’affaires parisiennes, essentiellement familiales, comme par exemple la banque Rothschild, qui au XIXème siècle, inspiraient la plus grande confiance aux clients fortunés et aux grandes entreprises à une époque où le risque lié aux défauts de paiement était très important. Ce type de banques prenait en charge le négoce de dimension internationale, le placement des emprunts d'Etat.
La Haute banque participe au financement de la naissance des chemins de fer en France.
3/ Les actions ferroviaires sont elles attractives ?
Les premières actions ferroviaires émises en 1836 attirent les épargnants et entraine une forte spéculation. Les actions ferroviaires s’avèrent être des placements rentables mais risqués, en effet, certaines concessions connaissent des difficultés financières et certains actionnaires perdent de l’argent.
4/ Quel rôle a joué l’Etat ?
L’Etat va contribuer au financement des terrains et des infrastructures (ponts, tunnels) nécessaires à la pose des voies. Cela va alléger la charge financière des compagnies ferroviaires privées qui s’occupent de poser les voies et d’acheter le matériel roulant.
5/ Que montre l’exemple du chemin de fer en matière de financement ?
Le financement des chemins de fer s’appuie à la fois sur le crédit bancaire (à ses débuts), sur l’émission d’actions et d’obligations et sur le soutien financier de l’Etat.