Née en 1981, seconde d’une famille de cinq enfants, Clémence obtient son CRPE (Concours de recrutement des professeurs des écoles) en 2003 : elle devient alors professeur des écoles et directrice d’une école rurale dans le Maine-et-Loire. Elle est issue des strates ascensionnelles des classes populaires rurales. Sa mère, aujourd’hui à la retraite, était à la fin de sa carrière employée de ménage dans une maison de retraite et a arrêté sa scolarité en cinquième. Son père, ouvrier qualifié (CAP tôlerie par l’AFPA) est un des salariés historiques d’une petite usine d’un village du bocage vendéen. [...] Si, lors de notre premier entretien enregistré en 2007, Clémence peine à trouver des cousins ayant poursuivi au-delà du baccalauréat, les trajectoires scolaires de ses frères et sœurs sont, elles, clairement tournées vers les études générales et longues. Sébastien, son frère aîné né en 1978, obtient son bac ES à l’heure mais de justesse (« Mon frère, c’était le mec : “J’arrête quand j’ai 10, c’est bien” »). Après un BTS, il poursuit à l’université où il obtient finalement une maîtrise IUP. Il travaille aujourd’hui à Madrid comme cadre dans le secteur tertiaire ; elle dit d’ailleurs de lui, non sans fierté, qu’il est devenu un « golden boy ». Sophie, sa première sœur cadette, est une « excellente élève ». Elle obtient son bac S avec la mention très bien et, à la suite d’une classe préparatoire aux grandes écoles d’un lycée du centre-ville de Nantes, intègre « Sciences Po » à Bordeaux. Amélie, sa deuxième sœur cadette, prépare actuellement un bac scientifique. Elle semble, aux dires de Clémence, sur la même voie que Sophie : « Elle se met une pression folle… » Enfin, Hélène, beaucoup plus jeune que ses frères et sœurs, est actuellement en CE2. Mais l’instructrice qu’est désormais devenue Clémence ne manque pas de comparer sa petite sœur aux élèves qu’elle rencontre dans les écoles rurales du Maine-et-Loire : « C’est déjà une tarée du travail ! Elle est très exigeante. »
Cédric Hugrée, « « Le CAPES ou rien ? ». Parcours scolaires, aspirations sociales et insertions professionnelles du « haut » des enfants de la démocratisation scolaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 2010
Questions :
1/ Pourquoi peut-on dire que Clémence a connu une mobilité sociale ascendante ?
2/ Comment l’école a-t-elle pu être un facteur de cette ascension sociale pour elle ?
3/ Quel est le parcours scolaire des frères et sœurs de Clémence ?
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Réponses :
1/ Les parents de Clémence appartiennent aux « classes populaires » : sa mère était employée et son père ouvrier qualifié. En étant professeur des écoles, elle occupe une « profession intermédiaire » et a donc connu une mobilité ascendante.
2/ C’est par l’école qu’elle a connu cette mobilité en obtenant un baccalauréat général puis en passant le concours de recrutement de professeur des écoles.
3/ Les frères et sœurs de Clémence suivent ou ont suivi un parcours scolaire brillant et qui les mène vers une ascension sociale. Le plus âgé d’entre eux est diplômé de l’enseignement supérieur et a connu une ascension sociale également au cours de sa carrière. Sophie, elle, a intégré l’IEP de Bordeaux après une classe préparatoire. Les deux plus jeunes sœurs ont de bons résultats scolaires. Pour toute la famille, l’école semble être une voie d’ascension sociale.