Il convient (…) dans un second temps de se faire une idée aussi exacte que possible de la manière dont le travailleur se comporte sur le marché du travail, en tant qu’offreur de marchandise. Ne l’oublions pas, ce dernier est une être parfaitement rationnel (au sens économique du terme) (…)
[P]ourquoi le travailleur réclame-t-il un salaire [ ?] (…) Le travailleur est certes attiré par la consommation, qui lui procure une certaine utilité, mais il est aussi farouchement attaché au loisir (qui se définit simplement comme le temps de non-travail). Le travailleur a donc un difficile problème à résoudre :(…) il aime la consommation et il aime en même temps le loisir, mais pour consommer il doit travailler, c’est-à-dire sacrifier des loisirs. Eh bien, c’est le prix de ce sacrifice qu’il va réclamer à l’employeur. Plus exactement, le travailleur va arbitrer entre l’utilité que lui procurent la consommation et l’utilité que lui procurent les loisirs. Il va les mettre en balance, et c’est cette savante pesée qui va lui indiquer, pour un taux de salaire donné, quelle quantité de travail il est prêt à offrir (en vue d’atteindre un certain niveau de consommation) et, corrélativement, quelle quantité de loisirs il désire conserver. (…) Il doit renoncer au loisir (offrir des heures de travail), tant que la consommation qu’il peut s’acheter avec son salaire horaire excède ce qui lui paraît nécessaire pour compenser le sacrifice d’une heure de loisir supplémentaire. (…) Tel est le processus de la décision rationnelle du travailleur concernant le nombre d’heures de travail à offrir, pour un niveau de salaire donné. (…) Plus le salaire sera élevé (demain), plus il offrira d’heures de travail. (…) Son offre de travail est croissante avec le salaire. (…)
Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition
Questions :
1. De quel type d’agent économique émane l’offre de travail ?
2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue l’offre de travail lorsque le prix du travail augmente ?
3. Comment expliquer cette relation ?
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Questions :
1. De quel type d’agent économique émane l’offre de travail ?
Réponse : L’offre de travail correspond à la quantité de travail offerte par les travailleurs sur le marché du travail.
2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue l’offre de travail lorsque le prix du travail augmente ?
Réponse : Selon l’approche micro-économique de base du modèle néoclassique, l’offre du travail augmente quand le taux de salaire réel augmente. Le taux de salaire réel correspond au salaire horaire corrigé de l’inflation.
3. Comment expliquer cette relation ?
Réponse : Dans l’approche néoclassique du marché du travail, les salariés sont supposés rationnels et arbitrer entre travail (travailler pour consommer) et loisir (oisiveté, non travail) en fonction du salaire réel proposé sur le marché du travail. Ainsi, lorsque le coût du sacrifice du loisir (appelé « coût d’opportunité » du loisir) est inférieur au gain retiré par le travail (salaire réel qui permet de consommer), le salarié augmente son offre de travail. Et inversement.
Réponse : 1) forte, 2) plus, 3) faible, 4) augmente