Document 4 : Le choix des instruments de la politique monétaire

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« Traditionnellement, nous distinguons les instruments directs et les instruments indirects. La crise de 2008 a conduit les Banques centrales à mettre en œuvre de nouvelles mesures dites « non conventionnelles ». Parmi les instruments directs, nous avons essentiellement l’encadrement du crédit que l’on considère comme une politique énergique. Celui-ci agit directement sur le crédit, dans la mesure où il s’agit d’une forme de contingentement, chaque banque étant limitée dans le volume de crédit qu’elle peut octroyer à sa clientèle, tout dépassement étant pénalisée de façon dissuasive. En France, cet outil a été conduite à partir de 1972 et sans discontinuité jusqu’en 1987. Il a été abandonné parce qu’en période de faible inflation il se justifiait moins, d’autant qu’il tend à fausser le jeu concurrentiel et qu’il est peu efficace lorsque les capitaux se déplacent librement. Parmi les instruments indirects, il existe deux grandes politiques : les politiques de taux d’intérêt et les politiques de réserves obligatoires complétées par la politique d’open market. La crise financière de 2008 a conduit les banques centrales à mettre en œuvre de nouvelles mesures dites « non conventionnelles ». L’objectif était d’adopter des moyens inédits pour améliorer le financement de l’économie, de lutter contre le risque de déflation (baisse des prix) et le ralentissement de la croissance. On évoque la politique des taux d’intérêt négatifs ou celle encore de forward guidance afin d’annoncer aux banques commerciales les trajectoires à terme des taux directeurs. »

Comprendre la monnaie et les politiques monétaires de M. Voisin (Bréal p 24)

Questions

7) Parmi les instruments indirects, on oppose deux types de politiques : quelles sont-elles ?

8) Que sont les politiques dites non conventionnelles et pourquoi ces nouveaux choix ?

 

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7) les premières sont des politiques de taux d’intérêt ou politiques du prix. Les taux d’intérêt agissent soit sur la demande soit sur l’offre. L’action par le biais des taux est censée avoir de l’influence sur la demande de crédit et donc sur la création monétaire. Le taux directeur est le taux auquel les Banques centrales acceptent de prêter des liquidités à des banques commerciale. En réalité, la BCE annonce la fixation de trois taux d’intérêt : le taux de procédure principale de refinancement (repo car il détermine le taux des mises ou des cessions en pension), le taux de facilité de prêt marginal et le taux de facilité de dépôt. La politique des réserves obligatoires et de l’open market sont qualifiées de politique de contrôle du volume de refinancement. Etant donné que l’efficacité de la politique des taux d’intérêt a ses limites, soit par insensibilité des agents économiques, soit par des effets externes (notamment en économie ouverte), les autorités monétaires complètent leur politique de contrôle des taux par une politique de gel des capitaux à la Banque centrale. La Banque centrale peut aussi intervenir directement sur le marché monétaire (marché des capitaux à court terme) par la politique d’open market en achetant des titres négociables augmenter la masse monétaire en circulation ou en vendant des titres pour restreindre cette masse monétaire.

8) Les politiques dites non conventionnelles sont désignées ainsi afin de les différencier des mesures de la politique monétaire traditionnelles évoquées par les taux d’intérêt et de réserves obligatoires.

On peut citer notamment : l’introduction de taux d’intérêts négatifs afin de faire payer aux banques commerciales leurs dépôts à vue à la BCE pour les inciter plutôt à prêter ces fonds ; la mise en œuvre d’une stratégie de communication transparente dite de « guidage prospectif » (forward guidance) qui consiste à annoncer à l’avance les orientations de la banque centrale comme les indications sur la trajectoire future des taux d’intérêt directeurs. Alors qu’autrefois les banques centrales préféraient que leurs décisions soient imprévisibles, cette nouvelle approche offre aux agents économiques une meilleure visibilité sur l’évolution de la politique monétaire (l’environnement monétaire est plus stable ce qui facilite de futurs projets d’emprunt) ; l’adoption d’une politique de taux directeurs très accommodante afin d’encourager la demande de liquidités par les banques commerciales  avec l’octroi notamment de prêts à plus long terme ; le lancement de programmes « d’assouplissement quantitatif » qui consiste dans le cas de la BCE à intervenir directement sur le marché secondaire (distinct du marché primaire où sont émis la première fois les titres et sur lequel la BCE ne peut pas intervenir) en achetant massivement des titres financiers aux banques (comme le rachat d’obligations émises par les États de la zone euro) afin de leur fournir davantage de liquidités et faire baisser les taux d’intérêt dans le but de stimuler le crédit. Une autre conséquence indirecte possible de la baisse des taux d’intérêt est un effet sur le taux de change à travers une baisse de la valeur de la monnaie qui peut favoriser les exportations.

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