Document 4 : Le 50ème prix de la Banque de Suède

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Le 50e prix de la Banque de Suède à la mémoire d’Alfred Nobel – ou Nobel d’économie – a été attribué, lundi 8 octobre, aux Américains William Nordhaus et Paul Romer.

Favoris depuis plusieurs années, les colauréats « ont mis au point des méthodes qui répondent à des défis parmi les plus fondamentaux et pressants de notre temps : conjuguer croissance durable à long terme de l’économie mondiale et bien-être de la planète », a indiqué l’Académie royale des sciences. L’annonce de ce prix coïncide avec la publication d’un rapport alarmiste des experts climat des Nations unies (GIEC) qui appellent à des transformations « sans précédent » pour limiter le réchauffement climatique. […]

Moins connu et moins flamboyant que Romer, William Nordhaus a été le premier économiste à travailler sur le changement climatique dès la fin des années 1970. Il construit le modèle DICE – pour Dynamics Integrated Climate Economy Model –, publié en 1992, année du sommet de Rio (Brésil), où il s’efforce de mesurer les coûts futurs des effets des émissions de gaz à effet de serre pour déterminer le prix présent des activités émettrices (ce que l’on appelle « actualisation »). Il est ainsi le pionnier de la notion de prix du carbone par tonne de CO2 comme incitation à la transition énergétique, aujourd’hui à la base de tous les calculs économiques sur les politiques climatiques.

Mais ses premières conclusions, qui fixaient alors le « prix de la tonne » à 4 ou 5 dollars, le classent parmi les économistes conservateurs, qui minimisent la nécessité d’une politique forte. Une polémique l’oppose d’ailleurs à son collègue britannique Nicholas Stern, dont le rapport, publié en 2006, est beaucoup plus alarmiste. M. Nordhaus critique notamment la méthode d’actualisation et le calcul du « coût d’irréversibilité » – c’est-à-dire l’actualisation spécifique aux effets irréversibles du changement climatique tel que la déforestation – utilisé par M. Stern.

William Nordhaus fera toutefois évoluer ses modèles au gré de la progression des connaissances sur les effets du réchauffement, intégrant ainsi des coûts de plus en plus élevés. Il a fini par défendre la nécessité d’une taxation mondiale du carbone, là où ses collègues plus « classiques » défendent la possibilité d’établir un prix mondial unique du carbone par la seule force du marché libre. […]

Source : Le Monde, 8 octobre 2018

Exercice :

Questions :

1) Retrouver les 3 leviers de la politique environnementale.

2) Quel est l’apport de W. Nordhaus ?

3) Quelles sont les critiques formulées à l’égard de ses travaux ?

Voir la correction

1) Retrouver les 3 leviers de la politique environnementale.

Trois instruments peuvent être mis en place afin de limiter les externalités négatives de la croissance en matière environnementale :

  • La réglementation qui consiste à contraindre les agents économiques et à modifier leurs comportements économiques dans le but de réduire les émissions de GES.
  • La taxation qui vise à inciter les agents économiques à adopter des comportements diminuant les émissions de GES (principe du pollueur-payeur)
  • La mise en place d’un marché des quotas d’émission et donc d’un prix du carbone de façon à favoriser une réorientation de l’offre et de la demande vers des activités moins émettrices de GES.

2) Quel est l’apport de W. Nordhaus ?

Il a réfléchi au coût social des activités productrices de GES. Sa réflexion introduit aux modèles de croissance un calcul prévisionnel des coûts futurs des effets des émissions de GES et calcule ainsi le prix présent des activités émettrices. Il introduit l’idée de mise en place d’un prix du carbone par tonne de CO2 aujourd’hui de façon à orienter les comportements économiques vers la transition énergétique.

3) Quelles sont les critiques formulées à l’égard de ses travaux ?

D’une part, on lui a reproché de déboucher sur un prix du carbone trop faible pour réellement orienter vers la transition énergétique.

D’autre part, certains lui reprochent également de minimiser le caractère irréversible de la perte de diversité biologique et de ressources non-renouvelables.

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