Document 4. La recomposition du poids de certaines variables : le lieu de résidence et le sexe

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Document 4. La recomposition du poids de certaines variables : le lieu de résidence et le sexe

Des « variables lourdes » du comportement électoral, comme le lieu de résidence et le sexe, ont vu leur influence se modifier sans pour autant diminuer. D’une part, les fondamentaux (autour d’un milieu social : statut socio-économique, lieu de résidence, religion) du modèle de l’Université de Columbia, mis en avant dans la période d’après-guerre par l’équipe de Paul Lazarsfeld (The People’s Choice, 1944) résistent et gardent leur pouvoir explicatif. Ainsi, en France, les catholiques pratiquants votent très nettement à droite, et les sans religion et les musulmans à gauche, alors que les professions indépendantes votent régulièrement à droite. Mais les travaux récents des démographes et sociologues Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, ainsi que du géographe Christophe Guilluy ont montré l’importance croissante de l’habitat groupé et de l’habitation dans des zones péri-urbaines pour expliquer la poussée de l’abstentionnisme et du vote à l’extrême droite à l’intérieur de la classe populaire. D’autre part, si le vote féminin a longtemps été plus abstentionniste et conservateur que le vote masculin (effet « Tingsten », Cf. Supra, Question 1 : Interpréter les taux de participation électorale), l’écart s’est progressivement réduit depuis les années 1970, et a disparu aujourd’hui.

Source  : S. d’Ornano, Melchior.

Questions

1. Quelles variables sociologiques privilégiait le modèle de l’Université de Columbia dans les années 1940 aux États-Unis, et en quoi les hypothèses de ce modèle gardent-elles leur pouvoir explicatif aujourd’hui ?

2. Pour quelles raisons aujourd’hui certaines formes d’habitat et de lieux d’habitation sont fortement corrélés avec un vote d’extrême-droite?

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1.Quelles variables sociologiques privilégiait le modèle de l’Université de Columbia dans les années 1940 aux États-Unis, et en quoi les hypothèses de ce modèle gardent-elles leur pouvoir explicatif aujourd’hui ?

Trois variables, structurant un milieu social, le lieu d’habitation, le statut socio-économique et la religion ont été mises en avant dans les enquêtes menées dans l’État de l’Ohio. Certes, le contexte américain avait sa singularité (poids de la religion), cependant, on voit dans le texte que les composantes du modèle sont encore pertinentes dans la France d’aujourd’hui pour expliquer les comportements électoraux.

2.Pour quelles raisons aujourd’hui certaines formes d’habitat et de lieux d’habitation sont fortement corrélés avec un vote d’extrême-droite?

Les travaux en sociologie électorale d’Hervé Le Bras et d’Emmanuel Todd ont montré que « l’habitat groupé », que l’on trouve notamment dans de nombreuses communes populaires du Nord et du Sud-est, accentue le sentiment de promiscuité et la tendance à la xénophobie en période de fort taux de chômage et de dégradation du marché de l’emploi, d’où une poussée vers le vote d’extrême-droite. Une même tendance est observée dans les travaux du géographe Christophe Guilluy, dans les zones péri-urbaines loin des infrastructures communicationnelles et culturelles des grandes villes.

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