Une large part du débat entre économistes sur une éventuelle stagnation séculaire depuis la crise de 2008 s’est focalisée sur l’insuffisance durable de la demande. Parallèlement à cette explication, l’Américain Robert Gordon défend l’idée que les économies modernes tendent vers une grande stagnation par un abaissement du rythme de croissance du progrès technique. A l’appui de sa thèse, on peut noter que la croissance du niveau de vie (sur la base du revenu réel par tête) est passée, par exemple en Europe de l’Ouest, d’environ 4 % par an en moyenne entre 1950 et 1973 à seulement 1,8 % entre 1973 et 1998. Sur la base de ce constat, Robert Gordon envisage alors un lent déclin du rythme de croissance du revenu par tête, qui atteindrait 0,2 % à l’horizon 2100, soit un rythme comparable à ceux que l’on observait avant la fin du XVIIIe siècle, avant la première révolution industrielle. Pour Robert Gordon, c’est d’abord la capacité innovatrice de l’homme qui est en cause pour expliquer ces évolutions : après la machine à vapeur, l’automobile, l’électricité, le numérique, les technologies de "rupture", à même de transformer profondément le système économique, se font rares.
Cette thèse est très critiquée, ses détracteurs arguant d’un trop grand pessimisme concernant la potentialité des innovations futures.
Source: Alternatives économiques, 01/02/2017
Questions :
1) Sur quel constat l’analyse de R. Gordon se base-t-elle ?
2) Résumer l’analyse de R. Gordon.
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Corrigé :
1) Sur quel constat l’analyse de R. Gordon se base-t-elle ?
On constate un ralentissement de la croissance économique. Ainsi, la croissance du niveau de vie a baissé depuis les années 1950 (en Europe de l’Ouest, elle est passée d’une moyenne de 4 % entre 1950 et 1973 à seulement 1,8 % entre 1973 et 1998).
2) Résumer l’analyse de R. Gordon.
Robert Gordon analyse ces évolutions comme le signe d’une « stagnation séculaire ». Le rythme de croissance du revenu par tête est voué à ne quasiment plus progresser sur le long terme. Il prévoit un rythme de 0,2 % à l’horizon 2100. Il considère donc que les périodes de forte croissance depuis la Révolution industrielle et surtout les 30 glorieuses sont des moments exceptionnels. Il considère que les innovations porteuses de grands bonds de la croissance sont vouées à devenir rares.