Document 4 : Adam Smith, père de l’effet de ruissellement ?

Facile

« Il y a cependant certaines circonstances qui sont quelquefois favorables aux ouvriers, et les mettent dans le cas de hausser beaucoup leurs salaires au-dessus de ce taux, qui est évidemment le plus bas qui soit compatible avec la simple humanité.

Lorsque, dans un pays, la demande de ceux qui vivent de salaires, ouvriers, journaliers, domestiques de toute espèce, va continuellement en augmentant ; lorsque chaque année fournit de l’emploi pour un nombre plus grand que celui qui a été employé l’année précédente, les ouvriers n’ont pas besoin de se coaliser pour faire hausser leurs salaires. La rareté des bras occasionne une concurrence parmi les maîtres, qui mettent à l’enchère l’un sur l’autre pour avoir des ouvriers, et rompent ainsi volontairement la ligue naturelle des maîtres contre l’élévation des salaires.

Évidemment, la demande de ceux qui vivent de salaires ne peut augmenter qu’à proportion de l’accroissement des fonds destinés à payer des salaires. Ces fonds sont de deux sortes : la première consiste dans l’excédent du revenu sur les besoins ; la seconde, dans l’excédent du capital nécessaire pour tenir occupés les maîtres du travail.

Quand un propriétaire, un rentier, un capitaliste a un plus grand revenu que celui qu’il juge nécessaire à l’entretien de sa mille, il emploie tout ce surplus ou une partie de ce surplus à entretenir plusieurs domestiques. Augmentez ce surplus, et naturellement il le nombre de ses domestiques ; Toute hausse des revenus des plus fortunés permet donc de créer des emplois pour les moins fortunés. »

 

Adam SMITH, Enquête sur la Nature et sur les Causes de la Richesse des Nations, 1776

Questions : 

1) Rappelez ce qu’est la théorie du ruissellement.

2) Quelle est, selon Smith, la retombée favorable de la croissance sur les pauvres ?

3) Quel est le mécanisme mis en avant par Smith pour justifier un effet de ruissellement ?

Voir la correction

1) On a souvent synthétisé la théorie de Kuznets sous la forme d’une « courbe en U inversé », alors nommée courbe « Kuznets ». Elle stipule que si l’on met en abscisse un indicateur de richesse économique par habitant, comme le PIB par tête, et en ordonnée un indicateur du degré d’inégalités, comme le rapport inter décile ou le coefficient de Gini, on constate qu’à un niveau de richesse par tête faible, le niveau d’inégalité est lui-même relativement faible. Au furet à mesure que le niveau de richesse augmente, les inégalités augmentent également, jusqu’à un seuil au-delà duquel elles finissent par diminuer.

2) La courbe de Kuznets est construite à partir d’un constat empirique. Toutefois, lors de la publication de l’article de Kuznets, ce constat est interprété comme une théorie à validité universelle. Pour Picketty, c’est lié à l’optimisme qui caractérisait la période des Trente Glorieuses marquées par une croissance sans précédent des économies industrialisées.

3) Kuznets insiste sur l’idée selon laquelle la hausse et la baisse des inégalités ne s’expliquent pas par une intervention étatique. Ainsi, il serait inutile de mettre en œuvre des politiques sociales visant à réduire les inégalités car ce phénomène interviendrait naturellement.

4) La montée récente des inégalités de revenus et de patrimoine, aux Etats-Unis notamment, remet en cause l’idée que la diminution des inégalités soit amenée à se prolonger dans les pays développés.

 

Newsletter

Suivre toute l'actualité de Melchior et être invité aux événements