La construction d’un accord international sur le climat renvoie à la question du «passager clandestin»*. La perturbation climatique est liée au stock global de gaz à effet de serre présent dans l’atmosphère, qui n’est que faiblement corrélé au flux annuel d’émissions de chaque pays. Pour chaque acteur pris isolément, il n’y a pas de corrélation directe entre le niveau de l’effort engagé pour réduire ses émissions et le bénéfice qu’il en tirera sous forme de moindres dommages. De plus, les impacts les plus sévères sont éloignés dans le temps, ce qui incite chacun à reporter l’intégralité des coûts du changement climatique sur les générations futures. Dans un tel contexte, chaque joueur a intérêt à attendre que ses voisins lancent l’action; la position idéale étant celle du «passager clandestin»*, qui ne ferait aucun effort quand tous les autres s’engageraient pour protéger le bien commun. Inversement, aucun acteur n’a intérêt à s’engager unilatéralement tant qu’il n’a pas la conviction que d’autres suivront dans le cadre d’une coalition plus large .
Source :« COP21:Quelles chances de succès ? » Christian de Perthuis, Raphaël Trotignon, Institut français des relations internationales
* En économie, un passager clandestin est une personne ou un groupe de personnes qui bénéficie d’un avantage résultant d’un effort collectif, tout en y contribuant peu ou pas du tout.
Questions :
1. Pourquoi les emissions de CO2 font-elles du climat un bien commun ?
2. Quelle caractéristique des biens communs rend possible le comportement de passager clandestin ?
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Réponses :
La qualité de l'air est un bien commun : non excluable (disponible gratuitement), elle est devenue un bien rival car les activités de certains agents économiques qui emettent plus ou moins de CO2, dégradent la qualité de l'air disponible pour d'autres agents.
Ce sont les caractéristiques de non excluabilité et de rivalité qui rendent possible et tentant pour les Etats de se comporter en passagers clandestins en refusant alors de s'associer aux accords internationaux. En effet, si chaque pays a un intérêt à ce que le réchauffement climatique soit limité, chacun préfèrerait que le coût soit supporté par les autres, entraînant ainsi un comportement de passager clandestin.