« Si l’espérance de vie a effectivement augmenté dans la plupart des pays qui ont achevé leur transition démographique, la fécondité de certains d’entre eux a fortement diminué pour se situer en dessous du seuil de 2,1 enfants par femme, et ce de manière durable. C’est le cas en 2019 du Portugal (1,2) de la Grèce (1,3) de l’Espagne (1,4) de l’Allemagne (1,5), de l’Italie (1,5) ou encore du Canada (1,5).
Face à cette dynamique amorcée à la fin des années 1960 dans certains pays occidentaux, une nouvelle théorie a été formulée. Il s’agit de la seconde transition démographique (Lesthaeghe, Van de Kaa, 1986) caractérisée par le maintien d’une fécondité en dessous du seuil de remplacement des générations et la diversité de types d’union et de familles [...]. Cette seconde transition démographique a été analysée comme le fruit d’évolutions profondes des sociétés occidentales se traduisant par un changement de valeurs, d’attitudes et de normes, associé à la montée de l’individualisme, de l’émancipation féminine, de la libération sexuelle, de la généralisation de la sécularisation. S’inspirant du post-matérialisme (Inglehart, 1977), l’accent est mis sur l’individualité, l’autonomie et la recherche de l’épanouissement personnel, transformant la place de l’enfant. La maîtrise de la fécondité par les moyens modernes de contraception permettant de choisir d’avoir (ou non) un enfant, ce dernier est devenu un des éléments, parmi d’autres, de réalisation de soi.
Si la seconde transition démographique est présentée comme amenée à se diffuser dans plusieurs pays, elle est de fait difficilement transposable à tous les pays, mêmes occidentaux. Certains d’entre eux connaissent une fécondité basse (Italie, Espagne, Grèce, Allemagne) mais les nouvelles formes conjugales et familiales y sont moins présentes. La déliaison mariage/procréation, au centre de la seconde transition démographique, est peu marquée. Il n’en reste pas moins que cette théorie réactive les questionnements sur la dépopulation et le vieillissement accentué des populations. »
Source : Céline Clément et Carole Brugeilles, Introduction à la démographie, Armand Colin, 2020.
Questions :
1) Quelles sont les caractéristiques de la seconde transition démographique ?
2) Pourquoi le seuil de remplacement des générations est il fixé à 2,1 enfants par femme ?
3) Cette deuxième transition démographique est-elle une loi ?
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1) Quelles sont les caractéristiques de la seconde transition démographique ?
La seconde transition démographique se caractérise par une espérance de vie élevée et par une fécondité durablement faible (en dessous du seuil de remplacement de 2,1 enfants par femme) et la diversité des types d’union et de familles. L’arrivée d’un enfant ne conduit plus aujourd’hui forcément au mariage et les couples se font et se défont, avec ou sans enfant. C’est ainsi que l’on voit se développer des familles monoparentales (une famille monoparentale est, selon l’Insee, composée d’un parent isolé et d’un ou plusieurs enfants célibataires (n’ayant pas d’enfant)) ou des familles recomposées (selon l’Insee, une famille composée comprend un couple d’adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d’une union précédente de l’un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d’une famille recomposée).
2) Pourquoi le seuil de remplacement des générations est il fixé à 2,1 enfants par femme ?
« Une génération assure son remplacement si le nombre de filles dans la génération des enfants est égal au nombre de femmes dans la génération des parents.
A cause du rapport de masculinité à la naissance (il naît 105 garçons pour 100 filles) et de la faible mortalité infantile, le niveau de remplacement est atteint lorsque les femmes ont environ 2,1 enfants dans les pays développés » (Ined.fr).
3) Cette deuxième transition démographique est-elle une loi ?
Cette deuxième transition démographique s’est diffusée dans de nombreux pays, mais pour l’instant elle ne se diffuse pas à l’ensemble des pays occidentaux. En effet dans certains pays occidentaux, malgré la baisse de la fécondité, le lien entre mariage et procréation demeure fort.
On ne peut donc pas parler de loi en l’état actuel de nos connaissances, ce schéma ne semble pas s’imposer dans tous les pays. Il s’agit plutôt d’une tendance constatée dans certains pays occidentaux.