Il existe une corrélation forte entre la place occupée dans la division du travail et la participation aux réseaux de sociabilité et aux systèmes de protection qui couvrent un individu face aux aléas de l’existence. D’où la possibilité de construire ce que j’appellerais métaphoriquement les « zones » de cohésion sociale. Ainsi, l’association travail stable- insertion relationnelle solide. À l’inverse, l’absence de participation à toute activité productive et l’isolement relationnel conjuguent leurs effets négatifs pour produire l’exclusion, ou plutôt la désaffiliation (…). Il s’agit moins de placer des individus dans ces zones que d’éclairer les processus qui les font transiter de l’une à l’autre, par exemple passer de l’intégration à la vulnérabilité, ou basculer de la vulnérabilité vers l’inexistence sociale.
Source : Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, 1995.
Questions
1. Pourquoi Robert Castel préfère-t-il parler d’un processus de désaffiliation dans les sociétés post-industrielles depuis les « trente piteuses » plutôt que d’exclusion sociale ?
2. Quel lien peut-on établir entre les documents 1, 2 et 3 pour expliquer que le taux d’abstention le plus élevé concerne la classe d’âge 25-29 ans ?
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1.Pourquoi Robert Castel préfère-t-il parler d’un processus de désaffiliation dans les sociétés post-industrielles depuis les « trente piteuses » plutôt que d’exclusion sociale ?
Pour le sociologue, l’exclusion n’est pas un état, mais le terme d’un processus qui plonge dans les conditions de segmentation du marché du travail depuis les « trente piteuses ». La vulnérabilité opère comme un cercle vicieux, un processus par étapes que Robert Castel nomme « désaffiliation ».
2.Quel lien peut-on établir entre les documents 1, 2 et 3 pour expliquer que le taux d’abstention le plus élevé concerne la classe d’âge 25-29 ans ?
La forte augmentation du rôle joué par le travail dans les réseaux de sociabilité à partir de 25 ans, conjugué à la grande vulnérabilité des jeunes sur le marché de l’emploi, expliquent en partie le taux d’abstention record de 25% aux deux tours des élections présidentielle et législative de 2017, dans cette tranche d’âge.