Comment enquête-t-on sur la socialisation cosmopolite ?
Vincenzo Cicchelli
Dans un monde traversé par des vastes phénomènes globaux qui modifient profondément les sociétés nationales, l’une des questions qui se posent à la sociologie est de mieux comprendre la production des individus contemporains dans des contextes sociaux globalisés. (…)
La sociologie du cosmopolitisme s’arrête, quant à elle, trop souvent au stade de l’analyse des grands récits globaux, des mécanismes de fonctionnement des sociétés contemporaines – tels la production des imaginaires collectifs, les hybridations et autres dynamiques culturelles. En se désintéressant de la vie quotidienne (…)
En partant du constat que « les gens font soudainement l’expérience de vivre dans un monde très étrange et sont confrontés à toute sorte d’étrangetés », (…) la question essentielle se posant aux individus à l’ère de la globalisation est « comment vivre avec l’altérité, la différence culturelle, au quotidien et en permanence ». (…)
La socialisation cosmopolite sera ici définie comme le processus d’apprentissage de la part des individus des dimensions transnationales du monde qui les entoure. Elle entend saisir la façon dont les acteurs sociaux font l’expérience du monde global et y agissent, en se penchant sur les dynamiques et les contenus que prend l’apprentissage du rapport entre soi-même et Autrui d’une part, sur les échelles d’appartenance sur lesquelles les mêmes individus se situent d’autre part. Plus largement, rendre opérationnelle l’approche cosmopolite par « le bas », signifie également se demander dans quelle mesure – et à quelles conditions – la nation peut encore être une source de production des imaginaires de l’appartenance et des formes du lien social dans un monde désenclavé qui semble de plus en plus dissocier les vies individuelles des contextes nationaux de socialisation et où les contacts permanents avec les différences génèrent une multiplicité des références culturelles et identitaires.
(…)
La croyance dans la profonde unité humaine, l’existence d’obligations morales envers autrui, l’ouverture à l’égard de la diversité des cultures sont sans aucun doute les traits les mieux partagés dans l’imaginaire historique occidental du cosmopolitisme entendu comme un idéal de vie.
Toutefois l’idéal-type du cosmopolite que l’on pourrait brosser à partir de ces traits ne saurait, à lui tout seul, nous aider à saisir comment les idées, les récits, les valeurs cosmopolites façonnent les expériences quotidiennes et s’inscrivent dans des pratiques, comment les individus et les groupes donnent un sens à leur identité et à leurs rencontres sociales d’une façon que l’on pourrait appeler « cosmopolite ».
Question 1 : Recherchez : Qu’est-ce qu’Erasmus ?
Question 2 : Quels liens peut-on faire entre le programme Erasmus et la socialisation des étudiants qui en bénéficient ?
Question 3 : Que nous apporte le concept de « socialisation cosmopolite » ?
Question 4 : Proposez d’autres exemples d’expérience qui favorisent une « socialisation cosmopolite » ?
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Une socialisation cosmopolite (épisode 2) : Erasmus, le voyage d’études élargit les apprentissages
Question 1 : Recherchez : Qu’est-ce qu’Erasmus ?
Erasmus est l’acronyme de EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students qui rend hommage au théologien humaniste néerlandais Érasme (1469-1536). Il s’agit d’un programme d'échanges d'étudiants et d'enseignants entre les établissements d'enseignement supérieur européens financé par la Commission européenne.
Question 2 : Quels liens peut-on faire entre le programme Erasmus et la socialisation des étudiants qui en bénéficient ?
Pour les étudiants, le programme permet d’abord d’être en contact avec un autre système scolaire et de compléter un cursus universitaire.
Il suppose aussi, grâce à l’immersion, l'apprentissage de la culture et des coutumes du pays d'accueil. De plus, des « soirées Erasmus » peuvent devenir des évènements facilitant les rencontres.
Certains parlent de « génération Erasmus » pour désigner les étudiants qui, grâce aux liens tissés lors de ces voyages d’études, acquière une nouvelle conscience de leur citoyenneté européenne.
Question 3 : Que nous apporte le concept de « socialisation cosmopolite » ?
La socialisation cosmopolite est « le processus d’apprentissage de la part des individus des dimensions transnationales du monde qui les entoure ».
Il s’agit de saisir la façon dont les acteurs sociaux font l’expérience du monde global et y agissent.
Le concept permet de comprendre que les voyages à l’étranger, notamment les voyages d’études, permettent aux jeunes de faire l’apprentissage du rapport entre soi et les autres et de découvrir les différentes échelles d’appartenance des individus.
La socialisation n’est pas seulement efficace lorsqu’elle agit au niveau des cercles sociaux entourant l’individu. La socialisation n’est pas que liée au cadre local et national de fabrication des identités. Il s’agit de comprendre qu’il existe aussi une « socialisation au monde », que les individus ont d’autres cercles d’appartenances qui sont supranationaux voire transnationaux.
Question 4 : Proposez d’autres exemples d’expérience qui favorisent une « socialisation cosmopolite » ?
L’apprentissage d’une langue étrangère et les voyages scolaires, la fréquentation (lecture, écoute, visionnage) d’œuvre étrangères, particulièrement en version originale ou les voyages familiaux ou entre amis dans les pays étrangers sont des expériences qui favorisent une « socialisation cosmopolite ».