Document 20 : Les cycles économiques pour les post-keynésiens

Facile

Les explications post-keynésiennes du cycle économique ont en commun le rôle majeur de la demande et prennent en considération le temps, qu’il se manifeste par le passé ou par les anticipations sur le futur qui influencent les décisions présentes. Cette influence est prise en compte par les comportements d’épargne et d’investissement. Pour les keynésiens, toute variation de la demande se répercute surtout sur l’emploi et non sur les prix quand on raisonne à court terme. Les fluctuations économiques sont dues à des défaillances du marché conduisant à des écarts entre les plans des consommateurs et des entreprises : c’est ce que S. Weintraub appelle des « défauts de coordination ». Les post-keynésiens, fidèles à Keynes, soutiennent la thèse que le cycle est le produit de fluctuations dans l’économie réelle et dans l’économie monétaire, intimement lié, dans la décision d’investir, aux anticipations des producteurs. Les post-keynésiens reviennent en force sur une idée, peut-être oublié de Keynes, celle du rôle important des marchés financiers et de la spéculation qui les caractérise. H. Minsky va développer une conception endogène et financière des fluctuations économiques qui s’oppose nettement à la conception de l’instabilité développée par la NEC (théorie des cycles d’équilibre) et théorie des cycles réels. Il va construire une théorie originale des cycles de affaires qualifiée de d’hypothèse d’instabilité financière (Wall Street paradigm). Les variations de l’offre de monnaie, ratifiées par les banques centrales, sont déterminées par les variations spontanées de l’optimisme ou du pessimisme des agents économiques. Durant la phase ascendante du cycle, le recours à l’endettement permet d’accroître les profits. Cette profitabilité observée améliore la confiance, incite à augmenter le financement par endettement et débouche sur une hausse de l’investissement. Cette confiance accrue tend à réduire la liquidité et les agents sont incités, aussi longtemps que les taux courts sont inférieurs aux taux longs, à recourir à un financement à court terme.  Une telle situation traduit un degré de fragilité financière de l’économie qui va rendre la situation financière plus risquée des entreprises et des banques. En cas de choc négatif sur l’économie, les dettes des entreprises augmentent par rapport aux profits, les banques sont contraintes de réduire les crédits et des faillites en chaîne peuvent se produire dans une phase descendante du cycle.

Histoire de la pensée économique G.M Henry A. Colin p 187

Question 20

Interprétation des cycles financiers pour H. Minsky (les trois types de comportement)?

 

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Question 20 : la contribution de Minsky a été d’ajouter à la théorie de l’investissement et du cycle de Keynes sa propre théorie du financement de l’investissement. Selon Minsky, qui reprend à son compte la vision pessimiste de la finance de Keynes, l’instabilité des marchés financiers est endogène, en d’autres termes inhérente au comportement des acteurs financiers et des entreprises. Le principal mécanisme qui pousse l’économie capitaliste vers l’instabilité financière et vers les cycles économiques est l’accumulation de la dette par les entreprises. Minsky distingue trois types de comportements en ce qui concerne le financement des investissements : (1) le financement couvert (hedge financing) dans lequel le paiement des intérêts et du principal de la dette est couvert par le rendement attendu de l’investissement ; (2) le financement spéculatif (speculative financing), où le rendement anticipé de l’investissement ne couvre que le paiement des intérêts, la dette étant constamment reconduite ; enfin (3) le financement à la Ponzi (Ponzi financing), où les revenus de l’investissement ne permettent même pas de couvrir les charges d’intérêt, la survie du projet dépendant de la possibilité de s’endetter encore plus, ou de vendre des actifs.

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