La littérature économique attribue deux rôles au chômage partiel : c'est un instrument de flexibilité (outil de flexibilité quantitative interne, selon la classification de l'OCDE (1995)) et c'est aussi un dispositif visant la protection de l'emploi. Ces deux objectifs coexistent : la protection de l'emploi est obtenue grâce à la baisse temporaire du temps de travail des salariés.
Trois arguments économiques peuvent être avancés pour justifier le recours au chômage partiel : […]
• […] le chômage partiel peut être analysé comme un outil permettant aux entreprises en difficulté de garder les salariés dont les compétences et les qualifications sont les plus élevées et les moins transférables. Les entreprises dépensant plus dans la formation sont d'autant plus incitées à garder leurs salariés hautement formés pendant les périodes de difficultés économiques temporaires […]) ;
• […]le système d'assurance chômage encourage les licenciements par rapport aux réductions du temps de travail (dont le chômage partiel), les salariés et les employeurs sont engagés dans une négociation bilatérale pour trouver une solution, efficace pour chaque partie et optimisée en fonction du choix de l'autre partie. Le chômage partiel peut alors être vu comme une solution permettant de garder un lien contractuel dans la durée et de partager les risques associés aux aléas conjoncturels […];
• Avec le concept de flexicurité, le chômage partiel peut enfin être appréhendé comme un outil de flexicurité dans la mesure où il donne aux entreprises la flexibilité nécessaire pour faire face à des variations d'activité spécifiques, tout en sécurisant la situation des salariés.
Source : Calavrezo (2010), « Entre flexibilité et sécurité : l'accompagnement des entreprises et des mobilités professionnelles. Essais empiriques de microéconométrie du marché du travail », Thèse (Chapitre 1, section 2) p.41.
Questions :
1. En quoi la mesure de chômage partiel est-elle une forme de flexibilité quantitative interne et non externe comme le licenciement ?
2. Expliciter les arguments économiques justifiant le recours au chômage partiel.
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Réponses :
1. En quoi la mesure de chômage partiel est-elle une forme de flexibilité quantitative interne et non externe comme le licenciement ?
Le chômage partiel est une forme de flexibilité quantitative interne car il s’agit de réduire temporairement les heures de travail des salariés placés en chômage partiel. Le licenciement est au contraire une forme de flexibilité quantitative externe qui permet aux entreprises de réduire le volume d’emplois pour l’adapter au volume de production souhaité pour faire face à l’évolution de la demande.
2. Expliciter les arguments économiques justifiant le recours au chômage partiel.
Le chômage partiel permet aux entreprises de conserver les compétences de leurs salariés et de pouvoir rentabiliser des dépenses de formations spécifiques réalisées avant la récession. Licencier des salariés dont les qualifications ne sont pas transférables dans une autre unité de production n’est pas rationnel économiquement ; car si l’activité repart, les entreprises devront de nouveau embaucher et consentir des dépenses de formation alors que les salariés licenciés n’ont pas pu redéployer ce type de compétences dans d’autres unités de production.
Le chômage partiel permet de conserver l’emploi du salarié et favorise une mutualisation des risques économiques entre l’employeur et le salarié. Il permet au salarié de conserver un revenu et un emploi en période de récession, tout en permettant à l’employeur de réduire le temps de travail rémunéré pour s’adapter à l’évolution de la demande. En revanche, un licenciement fait porter le risque économique sur le salarié (perte d’emploi), quand bien même ce dernier perçoit une indemnité chômage versée par l’Etat en remplacement du salaire (revenu garanti dans les conditions définies par l’assurance chômage).
Le chômage partiel est un dispositif de flexicurité qui combine la flexibilité quantitative interne dont a besoin un employeur pour s’adapter à une récession et la sécurité pour le salarié dont l’emploi et le revenu sont préservés.