L’étymologie grecque indique une référence [au mot « politique »] : ce qui touche à la Cité c’est-à-dire, par extension, ce qui désigne le gouvernement du groupe […].
Comme adjectif le mot politique entre dans une série d’oppositions éclairantes : décision politique/décision technique, ou encore : institution politique/institution administrative mais aussi promotion politique/promotion fondée sur le mérite. Dans l’ordre international surtout, on notera l’antinomie : solution politique/solution militaire et, plus largement, solution de force. Tous ces emplois montrent que le terme renvoie à une activité spécialisée de représentants ou de dirigeants d’une collectivité publique, et, tout particulièrement, de l’État.
Comme substantif, le mot fonctionne au féminin aussi bien dans le langage courant que dans le langage savant. On peut passer en revue diverses significations banales :
- La politique comme espace symbolique de compétition entre les candidats à la représentation du peuple (entrer en politique)
- La politique comme activité spécialisée (faire de la politique)
- La politique comme ligne de conduite, c’est-à-dire enchaînement de prises de positions et séquence cohérente d’actions et de comportements (la politique gouvernementale…)
- Une politique (publique), par dérivation du sens précédent, désigne cette activité délibérée appliquée à un objet particulier (la politique de santé, du logement…). Au masculin, le substantif est d’usage plus restreint, demeurant surtout l’apanage de la littérature scientifique. Le politique renvoie à ce champ social dominé par des conflits d’intérêts régulés par un pouvoir lui-même monopolisateur de la coercition légitime.
Source : Philippe BRAUD, Sociologie politique, Paris, LGDJ, 2000 (5ème édition).
Questions :
1. En quoi peut consister la « coercition légitime » ?
2. Comment peut s’exercer, dans un État moderne, cette « coercition légitime » ?
3. D’après les éléments apportés par le texte, quelles caractéristiques doit avoir une activité pour être considérée comme politique ?
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1. En quoi peut consister la « coercition légitime » ?
La coercition désigne la possibilité pour un individu ou un groupe de se faire obéir des autres par la contrainte. La coercition est considérée comme légitime lorsqu’elle est reconnue et acceptée dans une société donnée.
2. Comment peut s’exercer, dans un État moderne, cette « coercition légitime » ?
Dans un État moderne, la coercition légitime prend la forme de l’appareil de maintien de l’ordre et de l’appareil judiciaire. Les forces de l’ordre et les tribunaux voient leurs décisions acceptées dans la mesure où ils font appliquer des règles qui ont été adoptées dans des conditions reconnues comme conformes au droit. Ainsi, les tribunaux peuvent légitimement décider de l’emprisonnement d’un individu, dans la mesure où cette décision de relève pas de l’arbitraire, mais se fait en vertu de l’application de règles juridiques précises.