Les PME : de l’Allemagne au Japon
Le cas allemand : pour évoquer le fossé qui sépare par exemple l'Allemagne (notre premier partenaire commercial) de la France en matière de tissu économique, il suffit de regarder la structure des PME de chaque pays (J.M Holz, Les très riches heures de l’histoire économique allemande : 2017). 92,3% des entreprises françaises comptent moins de 10 salariés, contre seulement 83,1% en Allemagne. Du coup, les entreprises comprises entre 10 et 49 salariés sont en proportion deux fois plus importantes en Allemagne : 14,1% de l'ensemble des entreprises contre 6,5% en France. Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), celles qui qui comptent de 250 à 5 000 salariés, la situation est aussi révélatrice des différences au sein de pays, à priori semblable : il n'y a aujourd'hui en France que 5 153 ETI contre 10 428 en Allemagne. Et en plus d'être plus nombreuses, elles sont aussi plus grandes que chez nous. Une enquête d'ESCP Europe relève qu'une ETI moyenne en France occupe 768 salariés et génère 217 millions d'euros de chiffre d'affaires... contre 989 salariés et 368 millions d'euros en Allemagne.
Le cas du Japon : fin 2009, l’Agence pour les petites et moyennes entreprises, organisme appartenant au ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI), recensait dans le pays 4,69 millions de PME, soit plus de 99 % des entreprises, près de 70 % des emplois et plus de 50 % du PIB du Japon. Les PME constituent l’un des piliers majeurs de l’économie japonaise, et jouent un rôle fondamental dans les régions, en particulier en matière d’emploi. Après la Seconde Guerre mondiale, les PME japonaises ont longtemps été considérées comme des entités faibles et les mesures adoptées à leur égard visaient à les protéger. En 1999, la révision de la loi consacrée aux PME (Small and Medium Enterprise Basic Law) marque un tournant avec un objectif qui est désormais de promouvoir la mobilité, la flexibilité et la créativité, pour que les PME s’affirment comme une source dynamique de création d’emplois. Ichiro Takahara, directeur de l’Agence pour les PME au sein du METI, indique que « le gouvernement considère les PME comme le moteur de l’économie japonaise ». « Si on regarde l’histoire de firmes globales telles que Sony, Honda et Toyota, il est clair que les PME recèlent un grand potentiel. Elles sont perçues comme des entités extrêmement constructives, dans le sens où elles développent de nouveaux produits et services, créent une nouvelle concurrence et favorisent l’innovation 5 ». Publié depuis 1997 par l’Agence pour les PME, un livre blanc analyse sur un rythme annuel la conjoncture des PME japonaises. Celles-ci ont été durement affectées par la crise économique de 2008. À la fin du mois de septembre 2008, le Japon entre officiellement en récession après que, pour la première fois depuis sept ans, le taux de croissance du PIB avait baissé pendant deux trimestres consécutifs. Du point de vue financier, les PME japonaises ont dû faire face à l’augmentation du prix du pétrole et des matières premières, ainsi qu’à l’appréciation du yen, dans un contexte de baisse des ventes sur le marché intérieur ainsi qu’à l’exportation. Les faillites se multiplient et la détérioration des performances commerciales des PME les contraint à diminuer leurs coûts de main-d’œuvre, ainsi que leurs investissements en capital.
Document de SES Melchior : les PME en Allemagne et en France en 2017
Questions (à partir du document 1 et 2) :
1) Le capitalisme de groupes industriels et financiers s’accompagne d’un maintien voire d’un développement des petites et des moyennes entreprises : comment peut-on expliquer ce phénomène qui semble contraire à la loi de la concentration du capital ?
2) Dans tous les pays capitalistes développés, les PME ont gardé une place non négligeable : cependant, des différences sensibles demeurent selon les pays. Quelles sont celles qui caractérisent l’Allemagne aujourd’hui par rapport à la France ?
3) A partir de recherches personnelles et du document 2, note-t-on encore des différences entre les PME en Europe et celles au Japon ?
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1) Le capitalisme de groupe n’a pas fait disparaître les PME qui s’insèrent dans les interstices disponibles du marché, souvent peu rentables pour les grandes sociétés ou acceptent des contrats de sous-traitance avec des donneurs d’ordres.
2) Pour évoquer le fossé qui sépare par exemple l'Allemagne (notre premier partenaire commercial) de la France en matière de tissu économique, il suffit de regarder la structure des PME de chaque pays (J.M Holz, Les très riches heures de l’histoire économique allemande : 2017). 92,3% des entreprises françaises comptent moins de 10 salariés, contre seulement 83,1% en Allemagne. Du coup, les entreprises comprises entre 10 et 49 salariés sont en proportion deux fois plus importantes en Allemagne : 14,1% de l'ensemble des entreprises contre 6,5% en France. Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), celles qui qui comptent de 250 à 5 000 salariés, la situation est aussi révélatrice des différences au sein de pays, à priori semblable : il n'y a aujourd'hui en France que 5 153 ETI contre 10 428 en Allemagne. Et en plus d'être plus nombreuses, elles sont aussi plus grandes que chez nous. Une enquête d'ESCP Europe relève qu'une ETI moyenne en France occupe 768 salariés et génère 217 millions d'euros de chiffre d'affaires... contre 989 salariés et 368 millions d'euros en Allemagne.
3) Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale les grandes entreprises japonaises ont connu une croissance très forte et se sont imposés comme les leaders de la reconstruction économique, laissant les PME loin derrière. Dans les années 1960, la différence entre les grandes et les petites entreprises est telle que l’économie est qualifiée de duale par les économistes. Le retard des PME est alors ressenti comme une menace pour la modernisation du Japon et contribue à façonner l’opinion selon laquelle la structure duale est un problème économique et social majeur. L’administration nationale (le MITI) a remédié à cette situation. En 2012, les PME possèdent un équipement moderne et des compétences importantes (SME Agency 2012). Elles produisent des biens de qualité et investissent dans la recherche et le développement. Elles sont devenues des leaders mondiaux dans leur propre domaine (Hyoda, JRCC n° 1 et n° 2 dans le monde pour les instruments de mesure pour les hélicoptères). L’Etat japonais considère qu’elles sont l’un des moteurs de la croissance. Les clusters de connaissances reposent sur les forces et les compétences des PME renforcées par des partenariats avec les universités et les centres de recherche. Les PME s’agglomèrent dans des zones géographiques restreintes (districts) formant ainsi des concentrations de plusieurs milliers parfois d’entreprises. En 2012, le MITI recense plus de 550 districts industriels. Dans des districts de type « ville-entreprise », comme Hitachi-city ou Toyota-city, les réseaux géographiques forment des structures hiérarchiques. D’autres districts se caractérisent par des réseaux de type many-to-many, autrement dit des réseaux prenant une forme plus horizontale au sein desquels les entreprises dépendent de nombreux donneurs d’ordres.