Les BSR disposent […] d’un moyen pour s’approvisionner en monnaie centrale sans devoir consentir le paiement d’un taux d’intérêt : il leur faut pour cela gagner des parts de marché en attirant vers elles des clients de plus en plus nombreux. En effet, les ANF qui ouvrent des comptes auprès des banques de second rang sont conduits à les alimenter (versements de revenus du travail et du patrimoine, notamment) ce qui se traduit de facto par des entrées « gratuites » de monnaie centrale pour la banque de second rang concernée. […] On comprend la raison qui conduit les BSR à rechercher de nouveaux clients : plus la banque dispose de clients, plus elle réduit son taux de fuite et plus elle augmente les chances de drainer vers les comptes de ses clients des flux nouveaux de monnaie centrale. Les crédits font bien les dépôts et les flux successifs de dépôts permettent aux banques de monétiser davantage de créances dans l’avenir. On comprend aussi pourquoi la représentation issue du sens commun est trompeuse : la banque ne prête pas les avoirs de ses clients, mais chaque dépôt conduit à une transformation de monnaie centrale en monnaie BSR, ce qui permet à la banque de réduire sa contrainte de liquidité et son coût de refinancement pour les crédits futurs.
Avec le mécanisme de la compensation interbancaire, certaines banques constatent chaque jour qu’elles sont créancières en monnaie centrale tandis que d’autres sont débitrices : cela se traduit par des positions d’offre et de demande de monnaie centrale qui se confrontent sur le marché interbancaire. Celui-ci est un compartiment du marché monétaire ; compartiment sur lequel s’échange la monnaie centrale qui circule entre les institutions monétaires financières (IFM). Pour les opérations à 24 heures, cet échange s’effectue moyennant un prix : le taux d’intérêt du marché interbancaire (il s’agit de l’EONIA dans la zone euro : « Euro Over Night Index Average ».
Beitone, Rodrigues, Economie monétaire : Théories et politiques, Cursus, Armand Collin, 2017.
Questions :
1) Pourquoi une banque ayant beaucoup de clients (donc une forte part de marché sur le marché des prêts bancaires) peut-elle avoir plus de monnaie centrale gratuitement ?
2) De qui les offres et les demandes de monnaie centrale sur le marché interbancaire sont-elles l’émanation ?
Voir la correction
1) Pourquoi une banque ayant beaucoup de clients (donc une forte part de marché sur le marché des prêts bancaires) peut-elle avoir plus de monnaie centrale gratuitement ?
2) De qui les offres et les demandes de monnaie centrale sur le marché interbancaire sont-elles l’émanation ?
Ces offres et demandes sont l’émanation des banques de second rang, les unes souhaitant placer à très court terme leurs excédents de trésorerie en monnaie centrale, les autres désirant emprunter la monnaie centrale qui leur manque pour assurer leur refinancement. Mais nous allons voir que la banque centrale va influencer la création monétaire des banques de second rang en intervenant sur ce marché en agissant sur l’offre et/ou sur la demande de monnaie centrale.