Le genre humain a parfaitement les moyens d’assumer un développement soutenable, de répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs. La notion de développement soutenable implique certes des limites. Il ne s’agit pourtant pas de limites absolues mais de celles qu’imposent l’état actuel de nos techniques et de l’organisation sociale ainsi que de la capacité de la biosphère de supporter les effets de l’activité humaine. Mais nous sommes capables d’améliorer nos techniques et notre organisation sociale de manière à ouvrir la voie à une nouvelle ère de croissance économique. La Commission estime que la pauvreté généralisée n’est pas une fatalité. Or, la misère est un mal en soi, et le développement soutenable signifie la satisfaction des besoins élémentaires de tous, et pour chacun, la possibilité d’aspirer à une vie meilleure. Un monde qui permet la pauvreté endémique sera toujours sujet aux catastrophes écologiques et autres.
Pour satisfaire les besoins essentiels, il faut non seulement assurer la croissance économique dans les pays où la majorité des habitants vivent dans la misère mais encore faire en sorte que les plus démunis puissent bénéficier de leur juste part des ressources qui permettent cette croissance. L’existence de systèmes politiques garantissant la participation populaires à la prise de décision et un démocratie plus efficace dans la prise de décisions internationales permettraient à cette justice de naître.
Pour que le développement soutenable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respectent les limites écologiques de la planète. Cela vaut pour la consommation d’énergie, par exemple. En outre, une croissance démographique trop forte peut accroître les pressions qui pèsent sur les ressources et freiner l’amélioration du niveau de vie ; le développement soutenable n’est donc possible que si la démographie et la croissance évoluent en harmonie avec le potentiel productif de l’écosystème.
Cela dit, le développement soutenable n’est pas un état d’équilibre, mais plutôt un processus de changement dans lequel l’exploitation des ressources, le choix des investissements, l’orientation du développement technique ainsi que les changement institutionnel sont déterminés en fonction des besoins tant actuels qu’à venir. Nous ne prétendons certainement pas qu’il s’agit là d’un processus simple. Des choix douloureux s’imposent. En dernière analyse, le développement soutenable est bien une affaire de volonté politique.
Source : Gro Harlem Bruntland (dir.), Notre avenir à tous, Éditions Lambda, 2008 (édition du rapport « Bruntland » paru en 1987)
Questions :
4) Le développement soutenable (ou durable) suppose-t-il un arrêt de la croissance ?
5) Dans l’optique du développement durable, l’effort climatique doit-il être de même niveau pour tous les pays ?
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4) Le développement soutenable (ou durable) suppose-t-il un arrêt de la croissance ?
Le développement durable ne suppose pas un arrêt de la croissance, il est à distinguer de la décroissance. C’est une approche qui invite plutôt à réfléchir aux conséquences de la croissance sur les inégalités et le climat et ce, aussi bien pour les générations présentes que futures. L’un des objectifs du développement durable est de permettre le développement des générations présentes tout en préservant les possibilités de développement pour les générations futures.
5) Dans l’optique du développement durable, l’effort climatique doit-il être de même niveau pour tous les pays ?
Dans un souci d’équité intragénérationnelle, l’approche du développement durable telle qu’elle est défendue ici par l’équipe dirigée par Gro Harlem Bruntland invite les pays les plus riches (les « nantis ») à faire le plus gros de l’effort en faveur de la planète.