Questions
1) Qu’est-ce qu’un fractile ? Un décile ?
2) Faites une phrase avec « les très pauvres »
3) Pourquoi utiliser la métaphore de « l’éléphant » ?
4) Qui sont, selon ce graphique, les « gagnants » de la mondialisation ?
5) Qui sont, selon ce graphique, les « perdants » de la mondialisation ?
6) Qu’est-ce que l’indice de Gini ? Quel est l’intérêt de cette courbe dit « de l’éléphant » par rapport à un indicateur comme l’indice de Gini ?
7) Selon-vous quelles limites peut-on trouver à ce type de représentation ?
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1) Qu’est-ce qu’un fractile ? Un décile ?
Les fractiles sont des paramètres de position. Ils divisent une distribution (de population, de revenus, etc.) en un certain nombre de parties égales.
Les fractiles plus connus sont ou la médiane (qui divise la série en 2 parties égales), les déciles (qui divisent la série en 10 parties égales) et les centiles (qui divisent la série en 100 parties égales).
Les auteurs découpent ici les revenus mondiaux en tranche égales de 10 %. Les déciles sont classés par ordre croissant. Le premier décile, c’est le niveau de revenu mondial tel que 10 % de la population gagnent moins (donc 90% gagnent plus). Le décile 9 identifie le niveau de revenu mondial tel que 90 % de la population gagnent moins (donc 10% gagnent plus).
2) Faites une phrase avec « les très pauvres »
Selon les économistes Branko Milanovic et Christoph Lakner, « les très pauvres », soit les 5% des ménages qui gagnent le moins au niveau mondial, ont connu une croissance de leur revenu moyen en parité de pouvoir d’achat de 15% entre 1988 et 2008.
Le revenu a donc augmenté mais moins que la croissance moyenne du revenu mondial (autour de 25%).
3) Pourquoi utiliser la métaphore de « l’éléphant » ?
La courbe proposée met en avant :
- le recul de la pauvreté mais avec une stagnation, ou une faible hausse, du revenu des habitants les plus pauvres malgré (queue de l’éléphant) ;
- une hausse des revenus des groupes de revenus médians, soit les classes moyennes des pays émergents comme la Chine (le dos de l’éléphant) ;
- une stagnation des revenus dans les classes moyennes supérieures (au niveau mondial), soit les classes moyennes inférieures dans les économies avancées (le début de la trompe) ;
- une explosion des revenus des « super-riches » (haut de la trompe).
4) Qui sont, selon ce graphique, les « gagnants » de la mondialisation ?
Les « gagnants » de la mondialisation sont les personnes qui se situent autour de la médiane des revenus et les 1% les plus riches de la planète.
Les premiers ont enregistré un doublement de leurs revenus réels et les seconde, bénéficiant déjà de revenus très élevés, ont enregistré une forte croissance de leur richesse (+65% durant la période 1988-2008).
Les personnes situées autour de la médiane sont essentiellement issues des pays émergents d’Asie (Chine, Thaïlande, Indonésie, Inde).
Les gagnants sont donc les classes moyennes classes moyennes des pays émergents, essentiellement chinoises et les élites mondiales, notamment ceux de la finance.
Soulignons qu’il s’agit ici d’écarts relatifs. Les gains au sommet de la distribution des revenus (le 1%) sont incomparablement supérieurs à ceux des revenus autour de la médiane. Les premiers se mesurent en dizaine de milliers de dollars alors que les seconds en centaine de dollars. Ainsi, les plus riches de la planète ont capté l’essentiel de la croissance du revenu mondial.
5) Qui sont, selon ce graphique, les « perdants » de la mondialisation ?
Les 5% les plus pauvres n’ont pas réduit leur handicap relatif puisque, même si leur revenu s’est accru, il l’a fait moins vite que le revenu global moyen. Ils font partie des perdants relatifs.
Le deuxième groupe de perdants est très différent du premier. Il s’agit des individus ayant des revenus situés entre le 80ème et le 95ème percentile, soit des revenus élevés à l’échelle mondiale mais pas forcément à l’échelle des économies avancées (cf. États-Unis, Union européenne). Leurs revenus ayant progressé moins vite que le revenu global, ces personnes se sont relativement appauvries. Les perdants sont donc ici les classes moyennes des pays développés dont le revenu stagne ou ne progresse que faiblement.
6) Qu’est-ce que l’indice de Gini ? Quel est l’intérêt de cette courbe dit « de l’éléphant » par rapport à un indicateur comme l’indice de Gini ?
L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d'inégalité pour une variable (revenus, salaires, etc.) et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). L'inégalité est donc d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé.
Mesurée avec l’indice de Gini du revenu mondial, l’inégalité mondiale était supérieure à 0,7 en 2008.
La courbe dite « de l’éléphant » permet de visualiser une redistribution des revenus à l’échelle mondiale. Elle offre une vision rapide et synthétique des gagnants et les perdants de la mondialisation.
Dans un monde aux relations économiques et financières globalisées, les débats sur l’inégalité ne peuvent se focaliser uniquement sur les écarts de revenus entre groupes sociaux à l’intérieur d’un pays.
De plus, en soulignant l’émergence de nouveaux groupes de revenus élevés dans les pays en développement, notamment les pays asiatiques, elle permet d’identifier un basculement dans la distribution des richesses au niveau mondial, voire de la domination économique.
L’un des acquis de l’étude est la confirmation que le pays de naissance est déterminant dans le destin des individus. Ainsi, les migrations économiques internationales des pays les plus pauvres vers les pays les plus riches témoignent du désir d’échapper au destin (misérable ou médiocre) qui attend les individus s’ils restent dans leur pays de naissance.
7) Selon-vous quelles limites peut-on trouver à ce type de représentation ?
La « courbe de l’éléphant » a des limites. Elle ne rend pas compte des inégalités internes à chaque pays.
De plus, le concept de «classes moyennes» reste ici discutable : est-ce un concept homogène entre les pays ? Peut-on utiliser le même terme à Bombay, Shanghai ou Paris ?
De plus, elle suppose que l’essor des classes moyennes asiatiques se fait au détriment des classes moyennes des économies avancées ; ce qui n’est pas exclu mais qui reste à prouver. Pour l’économiste François Bourguignon, «il ne faudrait pas croire que la phase actuelle d’accélération de la mondialisation a entraîné un appauvrissement général des économies développées au profit des économies émergentes. Globalement, les deux groupes ont gagné à cette extension des échanges ».
De même, y a-t-il une élite mondiale détachée de son appartenance nationale ? Cette hypothèse reste discutée même si Branko Milanovic et Christoph Lakner anticipent une mutation de la démocratie vers une ploutocratie, ou gouvernement par les riches.