Tout au long du XIXe siècle, les 10% d’individus les plus riches (le « Top 10% ») possédaient presque tout le patrimoine (cf. graphique 1) et il n’existait pas réellement de classe moyenne. Le début du XXe siècle marque la fin de cette période stable et fortement inégalitaire […]. De la première à la seconde guerre mondiale, le patrimoine du Top 10% décroît, car il est particulièrement frappé par les destructions de capital lors des conflits, l’inflation, la grande dépression des années 1930, voire les nationalisations. Le patrimoine de la classe moyenne décroît aussi mais plus faiblement, conduisant à une hausse relative de leur part au sein du patrimoine national. La période post1945 suit une dynamique très différente. Le patrimoine de ces deux catégories augmente mais celui de la classe moyenne plus fortement que celui du Top 10%. En effet, la croissance des salaires (en particulier à partir de 1968) et le tassement de la hiérarchie des rémunérations augmentent la capacité d’accumulation de la classe moyenne. Dans le même temps, les plus aisés voient leur capacité d’accumulation réduite par la mise en place de l’impôt sur le revenu (instauré dès 1915) qui contraint leur capacité d’épargne. La transmission des hauts patrimoines se retrouve également contrainte par la progressivité de la taxation des successions (instaurée en 1901). Depuis le milieu des années 1980, une hausse des inégalités est apparue : la part du Top 10% est passée de 50% en 1985 à 55% en 2014. Si cette hausse semble d’une ampleur modérée, elle est toutefois continue.
Questions :
1. Quelle est la part du patrimoine net total détenue par le « top 10% » des ménages français en 1910 ? Comment évolue cette part entre 1910 et 1985 ?
2. Quelle est la part du patrimoine net total détenue par les ménages de la classe moyenne en 1910 ? Comment évolue cette part entre 1910 et 1985 ?
3. A l’aide du texte, expliquez comment évolue le partage du patrimoine total entre 1910 et 1945, puis entre 1945 et le milieu des années 1980.
4. Quel est le rôle de l’État pour expliquer la diminution des inégalités de patrimoine en France au cours du XXème siècle ? Aidez-vous du texte pour donner des exemples.
Voir la correction
1. Quelle est la part du patrimoine net total détenue par le « top 10% » des ménages français en 1910 ? Comment évolue cette part entre 1910 et 1985 ?
Entre 1910 et 1985, la part du patrimoine net détenue par le « Top 10% », c’est-à-dire par les 10% des ménages situés en haut de la distribution des patrimoines, passe de 85% à 50% du patrimoine total, soit une baisse de 35 points.
2. Quelle est la part du patrimoine net total détenue par les ménages de la classe moyenne en 1910 ? Comment évolue cette part entre 1910 et 1985 ?
La classe moyenne (nommée sur le graphique « M40% » car elle représente les 40% d’individus dont le patrimoine se situe « au milieu » entre le Top 10% et le B50% –c’estàdire les 50% les plus pauvres, en « bas » de la distribution des patrimoines) possède 14% du patrimoine total en 1910, et 41% en 2014, soit une hausse de 27 points.
3. A l’aide du texte, expliquez comment évolue le partage du patrimoine total entre 1910 et 1945, puis entre 1945 et le milieu des années 1980.
Entre 1910 et 1945, le patrimoine des ménages français diminue, en raison des guerres mondiales et de la crise économique de 1929. Le patrimoine détenu par le « top 10% » décroît de façon plus importante que le patrimoine détenu par la classe moyenne, donc la part de patrimoine détenue par la classe moyenne augmente.
Entre 1945 et le milieu des années 1980, le patrimoine détenu par les ménages français augmente. Il augmente plus fortement parmi les ménages de la classe moyenne. Leur part du patrimoine total poursuit donc sa progression.
4. Quel est le rôle de l’État pour expliquer la diminution des inégalités de patrimoine en France au cours du XXème siècle ? Aidez-vous du texte pour donner des exemples.
L’État peut agir pour diminuer les inégalités en favorisant la croissance des salaires (mise en place du SMIG en 1950, qui devient le SMIG en 1970), en imposant les successions de patrimoine entre générations, en imposant les revenus et en mettant en œuvre leur redistribution (car les patrimoines sont constitués grâce aux revenus).