L’épuisement d’une ressource non renouvelable essentielle ne menacerait l’activité que dans une économie où les possibilités de substitution entre cette ressource et les autres facteurs sont limitées. Cette première conclusion qu’il existe bien des cas problématiques peut toutefois être considérablement adoucie si l’on considère l’éventualité d’un progrès technique exogène qui améliore l’efficacité de la ressource. C’est ce que montrent les contributions de Solow et Stiglitz.
[…] Le progrès technique fait évidemment croître la productivité marginale de la ressource (PMR). S’il est suffisamment fort pour que l’efficacité de la ressource croisse à un taux supérieur au taux auquel la ressource essentielle s’épuise, la PMR de la ressource (mesurée en unités physiques de celle-ci) peut devenir infiniment grande même dans le cas de technologies où elle est bornée en l’absence de progrès. L’activité peut donc croître (la croissance économique reste possible) malgré l’épuisement de la ressource essentielle et les possibilités de substitution (éventuellement très) limitées entre celle-ci et les autres facteurs.
[…] On aura compris que Solow est optimiste quant à la faisabilité (c’est-à-dire la possibilité physique) d’une croissance économique malgré l’épuisement de la ressource essentielle. Solow souligne toutefois que ce sentier de croissance physiquement réalisable peut ne pas être atteint dans une économie où les agents économiques sont trop court-termistes. En soi, ce constat n’est pas surprenant : pour que la croissance soit effectivement possible, il faut que les agents économiques valorisent suffisamment le futur et qu’ils investissent donc assez (ou n’épuisent pas la ressource trop vite dans le présent cas). Mais ce constat met en lumière qu’au-delà de la question des limites physiques, d’autres limites à la croissance peuvent découler du comportement même des agents économiques.
[…] les hypothèses « optimistes » mises en avant ici (possibilités de substitution suffisantes et/ ou un progrès technique suffisant) sous-tendent la thèse de soutenabilité faible (…) Si grâce au progrès technique, la croissance économique peut se poursuivre malgré la raréfaction de ressources épuisables, il n’en ira évidemment pas autrement dans le cas de ressources non épuisables.
Source : J-F Fagnart, M Germain, Les limites environnementales à la croissance en macroéconomie, Reflets et perspectives de la vie économique, 2012/4
Exercice :
1) Vrai / Faux
2) Dans quelle mesure les comportements des agents économiques jouent-ils un rôle important ?
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1) Vrai / Faux
2) Dans quelle mesure les comportements des agents économiques jouent-ils un rôle important ?
Si les agents économiques sont trop court-termistes, s’ils ne donnent pas suffisamment d’importance au futur par rapport au présent, ils ne s’impliquent pas suffisamment et n’investissent pas assez dans le progrès technique. Ils se contentent d’épuiser la ressource très vite. Les comportements des agents économiques sont donc essentiels aussi dans cette vision de la soutenabilité de la croissance fondée sur la substituabilité des capitaux.