Document 14 : IS-LM : les raisons d’un succès

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Peu d’articles ont eu une destinée aussi extraordinaire : une fortune, qui aujourd’hui encore ne semble pas faiblir. Le succès d’IS-LM est dû à deux faisceaux de causes bien différentes. D’abord, IS-LM a pu constituer un instrument de clarification du message de la Théorie Générale pour bon nombre d’économistes parfois peu à l’aise dans la lecture du texte keynésien lui-même. Celui-ci n’est pas toujours simple à saisir : le style de Keynes, la construction de son argumentation présentent parfois des ambiguïtés. Le modèle IS-LM s’est empressé de gommer ces ambiguïtés. Le résultat en est alors une interprétation sans doute sélective, mais simple et claire…et donc de nature à faciliter l’accès, au plus court, à la pensée de Keynes. Seconde raison de la réussite de la « synthèse » : le modèle IS-LM a constitué de fait, les outils incontournables de l’analyse et de la détermination des politiques économiques conjoncturelles, et ce, tout au long des années 1950 et 1960. Les politiques de stop and go sont anticipées e dimensionnées à partir de modèles physico-financiers dérivés d’IS-LM. Plus précisément, le modèle offre globale/demande globale (AS-AD), qui intègre la détermination du niveau général des prix, permet à l’autorité publique de régler finement l’activité économique par une séquence adaptée de décisions de politique budgétaire : lorsque le plein-emploi est atteint et que les tensions inflationnistes paraissent fortes, on décide du « stop « , avec une réduction des déficits publics ; lorsqu’elles s’éloignent, on « relance (go) » pour recréer de nouveaux emplois, cette fois en creusant le déficits. L’intégration de la flexibilité des prix dans le modèle avait l’immense avantage de reproduire facilement la courbe de Phillips que l’on pouvait alors observer statistiquement. C’est l’époque du « dilemme inflation-chômage » : la réduction du chômage s’associe nettement à de l’inflation, car c’est en jouant sur l’illusion monétaire des agents qu’on obtient une relance des activités. Ceci jusqu’à un certain point, où les agents réalisent leurs erreurs et ajustent leurs comportements (l’économie redevient alors « classique »).

 

L’économie par les prix Nobel : Elleboode. C Bréal 2021

 

Question 14 : Hicks et son modèle IS-LM et les critiques des keynésiens

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Question 14 : plus tard, Hicks a écarté l’interprétation statique IS-LM de la Théorie Générale, réalisant les incohérences interne du modèle quant à ses laps de temps différents pour les ajustements du marché monétaire et du marché des biens et des services. Hicks a même changé la façon dont il signait ses articles, de « J.R. » à « John » Hicks, afin de prendre ses distances avec ses propositions précédentes. Le modèle IS-LM souffre principalement des conséquences de sa grande simplicité que R. Kahn trouvait « tragique ». Le modèle IS-LM est la modélisation la plus contestée en tant que modèle représentatif des idées de Keynes à tel point que J. Robinson parla de trahison car il présente l’analyse de Keynes comme un cas particulier non pris en compte par Walras mais intégrable dans une analyse néoclassique élargie. « Que signifie le fait que le taux d’investissement est fonction du taux d’intérêt ? », dit-elle. Toutefois, si sa relative simplicité a pu rendre ce modèle attirant, de nombreux aspects ont été omis ici qui inspirent une réserve face à un recours inconsidéré à ce modèle qualifié de mécaniste (ou « d’hydraulique »).

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