Notre étude récente intitulée « A Capital Market Union for Europe » (Une union des marchés de capitaux pour l’Europe) montre que le paysage financier européen reste très fragmenté selon les frontières nationales : investisseurs comme épargnants restent largement assujettis au système bancaire de leur pays. Bien qu’il existe de nombreux de types d’investisseurs et d’intermédiaires, ils n’opèrent pour l’essentiel que dans leur propre pays.
Cet état de fait est dommageable car il crée des conditions de concurrence inégale : les coûts de financement des entreprises varient considérablement selon le pays d’établissement ; faute de cautions adéquates, des startups ne peuvent obtenir aucun financement et la consommation n’est pas protégée des chocs économiques localisés.
En Grèce, par exemple, les entreprises emprunteuses doivent payer un taux d’intérêt 2,5 % plus élevé que leurs homologues du même secteur en France ; en Italie, le taux d’intérêt sur la dette est 0,8 % supérieur au niveau appliqué en Belgique pour le même type d’entreprises. Les entreprises grecques et italiennes ne sont d’ailleurs pas seules à être désavantagées pour le coût du financement : en Europe, tout le monde ne lutte pas à armes égales.
En outre, les entreprises qui n’ont que peu d’installations ou d’équipements à offrir en caution – les startups en technologies de l’information, par exemple – ont beaucoup de difficultés à obtenir des prêts bancaires. Elles connaissent une croissance beaucoup plus rapide sur les marchés de capitaux mieux développés, où il existe des fonds de capital-risque au portefeuille diversifié, qui sont plus enclins à financer des acteurs innovants sans exiger de garantie.
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Source : Ashok Vir Bhatia, Srobona Mitra et Anke Weber, FMI
Questions :
1) Qu’est-ce que l’Union des marchés des capitaux (UMC) ?
2) Selon vous quels obstacles existe-t-il à l’intégration des marchés de capitaux dans l’union européenne ?
3) Qu’est-ce qu’un fonds de capital-risque ? Pourquoi les « jeunes pousses » se font financer par ces fonds ?
4) Quels bienfaits peut-on attendre d’une UMC ?
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1) Qu’est-ce que l’Union des marchés des capitaux (UMC) ?
L’union des marchés des capitaux (UMC) est un plan visant à créer un marché unique des capitaux dans l’Union européenne.
L’objectif est de faire circuler les fonds d’investissements et d’épargne dans toute l’Union européenne afin d’améliorer le financement des entreprises et les opportunités des investisseurs.
2) Selon vous quels obstacles existe-t-il à l’intégration des marchés de capitaux dans l’union européenne ?
Parmi les obstacles à l’intégration des marchés des capitaux au sein de l’Union européenne, on peut noter :
- la multiplication des autorités nationales de réglementation des marchés ;
- les réglementations différentes selon les pays et leur complexité ;
- les déficits d’information, tant pour les sociétés cotées que pour les entités non cotées ;
- les différents niveaux de taux d’imposition ;
- les pratiques et régimes d’insolvabilité variés (cf. les pratiques d’insolvabilité en Italie sont différentes que celle de la France ou de la Grèce), etc.
3) Qu’est-ce qu’un fonds de capital-risque ? Pourquoi les « jeunes pousses » se font financer par ces fonds ?
Selon Bpifrance le capital-risque consiste à financer de jeunes entreprises innovantes, sous une forme de participation au capital.
Les investisseurs apportent du capital en fonds propres (de dizaines de milliers d’euros à plusieurs millions d’euros) à une entreprise considérée comme étant innovante et/ou avec un fort potentiel de développement et de retour sur investissement.
La notion de risque renvoie ici à l’univers de l’entreprenariat dans une technologie innovante générant un maximum de gains. Le capital-risque est apparu aux États-Unis en 1945 sous le nom de « venture capital ». Les jeunes pousses ou start-ups sont à la recherche de fonds mais trouvent difficilement des prêts bancaires car leurs modèles d’affaires ou leurs activités sont trop innovante pour répondre aux critères classiques du risque de crédit.
4) Quels bienfaits peut-on attendre d’une UMC ?
Les bienfaits macroéconomiques sont :
- une meilleure allocation du capital ;
- des coûts de financement plus faibles pour les entreprises ;
- une meilleure circulation intra-européenne de l’épargne ;
- et partage des risques entre pays.