[…] Apple, comme ses concurrents coréens (Samsung) et chinois (Huawei) a mis en place pour son iPhone une véritable chaîne de valeur à l’échelle mondiale. Les tâches à faible valeur ajoutée mais intenses en travail peu qualifié, comme l’assemblage des smartphones, sont effectuées dans des « pays low cost » comme la Chine ou l’Inde. Les composants à fort contenu technologique viennent de différents pays développés, comme le Japon ou la Corée du Sud. Pour ce qui est de la R&D, du design et des tâches immatérielles à forte valeur ajoutée, elles sont localisées aux États-Unis […] D’ailleurs, Apple mentionne explicitement sur ses iPhones cette division internationale des tâches, au point même d’en faire un argument commercial : « Designed by Apple in California, assembled in China » !
En réalité, Apple applique le principe de la « courbe du sourire » (smiling curve) qui énonce que les étapes les plus créatrices de valeur sont situées en amont et en aval du processus de production, c’est-à-dire principalement sur des activités de service : en amont, dans la R&D et la conception/design du produit ; en aval, dans le marketing, la publicité et les services après-vente.
Ces étapes sont donc réalisées aux États-Unis ou, lorsque les compétences ne sont pas disponibles sur le territoire américain, dans des pays développés comme le Japon. À l’inverse, les fonctions d’assemblage, assez peu créatrices de valeur, sont confiées à des pays à bas coût. L’ouverture des frontières et l’essor des technologies de l’information ont d’ailleurs permis depuis les années 2000 « d’approfondir » la courbe du sourire, en permettant de délocaliser les tâches peu intenses en valeur ajoutée et en travail qualifié dans les pays émergents.
Questions :
28) Comment se fait le choix de localisation de la production d’Apple ?
29) Qu’illustre la Courbe du sourire ?
Voir la correction
28) Comment se fait le choix de localisation de la production d’Apple ?
Les choix de localisation d’Apple ont pour finalité d’améliorer sa compétitivité prix et hors prix. Pour ce faire, la FMN américaine implante des unités de production partout dans le monde en fonction d’avantages compétitifs offerts par les territoires et réalise une DIPP qui permet d’optimiser sa production (stratégie de rationalisation). Ainsi, elle implante les étapes de production à faible contenu technologique et à faible valeur ajoutée dans les pays à bas coût de main d’œuvre, soit dans les PED et les étapes à haut contenu technologique et à haute valeur ajoutée dans les pays développés qui disposent d’une main d’œuvre plus coûteuse mais plus qualifiée.
29) Qu’illustre la Courbe du sourire ?
Apple applique donc le principe de la « Courbe du sourire » utilisée pour la première fois par Stan Shih, le fondateur d'Acer, une entreprise de technologie informatique. Elle permet d’illustrer les problèmes des fabricants informatiques chinois enfermés dans le bas de la courbe. Cette courbe illustre l’internationalisation des chaînes de valeur en fonction du niveau de la valeur ajoutée créée dans les différents pays. On observe un creusement de la courbe entre celle de 1970 et celle des années 2000, ce qui illustre que les étapes en amont (R et D, conception) et en aval (marketing, services de distribution) de la production se caractérisent par une augmentation de la valeur ajoutée comparativement aux étapes de production du milieu (fabrication, assemblage). Ce qui implique que la valeur des tâches à haute valeur (tâches immatérielles) réalisées essentiellement dans les PDEM a augmenté comparativement aux tâches à faible valeur (tâches plutôt matérielles) créée dans les PED. Les écarts de richesses entre pays se creusent donc au cours du temps (inégalités internationales).