Questions (à partir des documents 7, 8, 9, 10 et 11) :
11) Qu’elles sont les différentes périodes historiques que nous pouvons distinguer dans les documents 7, 8, 9 et quelles sont les raisons possibles d’une telle évolution de la part des salaires dans la valeur ajoutée ? Sachant que le taux de marge des entreprises est le rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée, quel lien peut-on établir entre la part des salaires dans le PIB et le taux de marge ?
12) Dans le document 10, analysez les corrélations possibles entre les deux ratios donnés et justifiez votre réponse en vous appuyant sur le cours et les connaissances générales.
13) Comment expliquer, au début des années 1980, qu’en France, la remontée sensible du taux de marge des entreprises ne s’accompagne pas d’une hausse similaire des investissements productifs ?
14) Helmut Schmidt, chancelier de la R.F.A en 1975, est à l’origine du dicton : « Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». Cette citation a été reprise par le premier ministre français de 1976 à 1980, R. Barre. Que penser de ce vieux dicton en ce qui concerne la France sur la période donnée dans le document 8 particulièrement ?
15) Peut-on établir une relation entre le taux de marge des entreprises, le taux d’investissement et le taux d’autofinancement ?
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11) la valeur ajoutée est répartie de la manière suivante : une part correspond à la rémunération du facteur travail (versement des salaires et charges sociales), l’autre rémunère le capital. Pour simplifier, nous ne tenons pas compte ici des impôts liés à la production notés dans le compte exploitation. La part des salaires a été relativement stable (66 % de la valeur ajoutée) durant la période appelée des Trente Glorieuses. Entre le début des années 1970 jusqu’au second choc pétrolier, la part des salaires a augmenté au détriment donc de l’EBE. C’est la décennie 1980 qui provoquera un changement de situation : la part des salaires fléchit de façon sensible entre 1980 et 1990 puis restera stable ensuite. Le taux de marge des entreprises, qui avait baissé entre 1970 et 1980, remonte entre 1980 et 1990 puis restera à un niveau élevé durant les années 1990 et une bonne partie du début du XXI siècle. L’éditorialiste E. Lechypre, dans le journal L’Expansion proposa, en 2007, en couverture, l’image d’une racine carrée √ : celle-ci représentait l’évolution du taux du taux de marge des entreprises depuis les années 1970. La contestation de l’OST et l’épuisement du modèle fordiste explique en partie la hausse des salaires sur la période 1970-1980. La hausse du prix du pétrole et l’inflation à deux chiffres a provoqué la spirale inflationniste : la hausse des prix provoque la hausse des salaires qui, à son tour, entraînant une hausse des coûts, donne une nouvelle augmentation des prix. La baisse de la part des salaires dans le PIB dans les années 1980 est liée à la montée du chômage : le taux de chômage en France était de 3 % en 1974, il est de 6 % en 1981, sera de 8 % en 1984 et de 12 % en 1995.
12) une corrélation existe bien entre le taux de marge des entreprises et le taux d’investissement. La chute de l’EBE a provoqué une chute du taux d’investissement entre 1974 et 1980. La remontée du taux de marge a stimulé l’investissement productif des entreprises sur la décennie 1980. Il ne fait aucun doute que les profits jouent un rôle décisif dans l’investissement. Toutefois, la remontée du taux d’investissement reste limitée comparativement à celui du taux de marge. Peut-être en raison d’un manque de confiance des firmes ! Ou, parce que les taux d’intérêt élevés sur la décennie 1980, ont encouragé les placements financiers ? Cette variable a joué un rôle non négligeable car le RDB (revenu disponible brut) ou EB (épargne brute) des entreprises a parfois été supérieur à l’EBE. Rappelons que nous passons de l’EBE au RDB en ajoutant les gains financiers et en soustrayant les frais financiers. Ce qui signifie que les entreprises hésitent à s’endetter, compte tenu des taux d’emprunt plus élevés et choisissent de placer leurs bénéfices.
13) la remontée du taux de marge n’a pas provoqué immédiatement une hausse des investissements. Entre 1980 et 1983, nous voyons que le taux d’investissement continue même de baisser. Il ne remonte qu’au début des années 1984. Les entreprises après 10 ans de baisse de leurs bénéfices ont dû restructurer leur bilan. Il était nécessaire d’accroître la part des fonds propres. Le gouvernement Mauroy en France a sans doute également provoqué une certaine inquiétude en raison du creusement du déficit public lié aux nouvelles mesures sociales et à la politique de nationalisation.
14) Le dicton semble bien correspondre à la période 1974-1980. Effectivement, le taux de marge des entreprises, en baisse, ne pouvait que provoquer la chute du taux d’investissement. Les taux d’intérêt relativement bas (en raison de l’abondance de l’épargne liée au recyclage des pétrodollars dans les PDEM et de la politique monétaire accommodante afin de favoriser la reprise) n’ont pas pu maintenir les investissements. Les entreprises sont des agents à besoin de financement certes, mais, par sécurité, préfèrent garder une part de suffisante de capital propre. Faute d’investissement, le taux de chômage ne pouvait qu’augmenter. A l’inverse, la remontée des profits, dans les années 1980, devenait un atout pour la reprise des investissements et de l’emploi. Cependant le dicton, apparemment vrai pour la période 1974-1980, ne l’est plus ensuite. Le niveau élevé du taux de marge atteint dans les années 1990 n’a pas encouragé de la même manière l’investissement et donc l’emploi. Les placements financiers devenant parfois plus rentables que les investissements productifs, les emplois n’ont pas été créés au même rythme. Le taux de chômage en France atteint les 12 % en 1995. Aussi, le chômage fait pression à la baisse sur les salaires et donc sur la demande des ménages. Si les profits faibles ont pénalisé l’emploi dans les années 1970, les salaires faibles dans les années 1980 et 1990 ont privé les entreprises d’une demande suffisante. On comprend mieux pourquoi E. Malinvaud parle d’un chômage classique pour les années 1970 en France et en Allemagne car le travail est onéreux et pourquoi, il parle d’un chômage keynésien dans les années 1980 et 1990, lié à l’insuffisance de la demande effective.
15) une corrélation existe bien entre le taux de marge, le taux d’épargne des entreprises, le taux d’autofinancement et le taux d’investissement. Quand l’EBE chute, il provoque inévitablement une chute du RDB ou épargne brute (EB). Les entreprises, dans l’obligation de maintenir un niveau d’investissement, empruntent davantage et remettent en cause leur capacité d’autofinancement. A l’inverse la hausse de l’EBE provoque le contraire. Toutefois, les baisses et les hausses ne se font pas forcément au même rythme selon certaines variable économiques comme le taux d’intérêt.