1- Le commerce mondial, l’investissement et la production s’organisent de plus en plus autour des chaînes de valeur mondiales (CVM). Une chaîne de valeur mondiale désigne l’ensemble des activités menées par les entreprises pour mettre un produit sur le marché, depuis sa conception jusqu’à son utilisation finale. Ces activités vont de la création d’un dessin ou modèle (design) au support au client final, en passant par la production, le marketing, la logistique et la distribution. Elles sont soit réalisées par une seule et même entreprise, soit réparties entre plusieurs intervenants. […]
Alors que les entreprises répartissent leurs activités à travers le monde, les biens, et de plus en plus les services, contiennent des intrants provenant de nombreux pays. Des intrants intermédiaires comme les pièces et composants sont produits dans un pays puis exportés vers d’autres pays pour la suite de la production et/ou l’assemblage en produits finals. Le graphique 1.2 illustre les CVM de deux biens : un simple T-shirt et un téléphone mobile de haute technologie. Rivoli (2005) a décrit le parcours d’un T-shirt avant d’atteindre le consommateur final : le coton cultivé aux Etats-Unis est exporté en Chine où le T-shirt est fabriqué avant de retourner, pour l’impression des logos et motifs, aux Etats-Unis, où il sera commercialisé sur les marchés de gros et de détail. Parfois, le T-shirt (usagé) est exporté en Tanzanie où il sera revendu ou déchiqueté pour servir de matériau de rembourrage. Un téléphone mobile se situe à l’autre extrémité du spectre technologique. L’iPhone d’Apple comporte un grand nombre d’intrants intermédiaires produits par différentes entreprises et provenant de quatre coins du globe. […]
Par leur expansion, les CVM ont pris une dimension de plus en plus mondiale. Les CVM présentent certaines des caractéristiques fondamentales de l’économie mondiale actuelle : l’interconnexion croissante des économies. […], la spécialisation des entreprises et des pays sur des tâches ou des fonctions spécifiques [, d]es réseaux d’acheteurs et de fournisseurs mondiaux [, l]es entreprises multinationales [jouant] un rôle central à cet égard [ainsi que l]’action publique [qui] influe sur le mode de formation de ces réseaux et sur le lieu d’implantation de leurs activités [, d]es nouveaux vecteurs de la performance économique. [… car] Le morcellement de la production dans les CVM constitue un moyen d’augmenter la productivité et la compétitivité. […]
[…] Aujourd’hui, les entreprises ont la possibilité de répartir les activités de production dans le monde entier en raison d’une réduction considérable du coût des échanges, qui résulte principalement des progrès technologiques […], [mais aussi de la] libéralisation des échanges [qui] s’est traduite par une réduction des obstacles aux échanges, notamment des droits de douane […]. A la faveur de ces évolutions, les entreprises se sont intéressées aux coûts et dotations en facteurs de production relatifs1, et ont constitué une chaîne de valeur efficiente2 par le choix des intervenants et des lieux de production. L’accès aux marchés constitue une autre motivation de taille. L’évolution démographique et la croissance rapide que l’on observe dans plusieurs grandes économies non-OCDE3 implique qu’une part croissante de l’activité économique mondiale se déroule en dehors des pays de l’OCDE. […] Les grands groupes investissent de plus en plus à l’étranger dans le but d’accéder à des actifs intellectuels stratégiques, qu’il s’agisse de main d’œuvre qualifiée, d’universités ou de centres de recherche ou d’autres sources d’expertise.
Note 1 : Comparés l’un par rapport à l’autre
Note 2 : Capable d’obtenir le maximum de production en mobilisant le moins de ressources possibles
Note 3 : La Chine notamment.
OCDE, « Economies interconnectées : comment tirer parti des chaînes de valeur mondiale », Editions OCDE, 2014
2- Le poids croissant des chaînes de valeur réalisée à l’étranger dans le commerce mondial
Questions :
20) Que signifie « CVM » ? Donner une définition.
21) Quels sont les acteurs à l’origine de l’internationalisation des chaînes de valeur ?
22) Pourquoi les chaînes de valeur s’internationalisent ?
23) En vous appuyant sur le graphique, montrez que les chaînes de valeur s’internationalisent au cours du temps.
Voir la correction
20) Que signifie « CVM » ? Donner une définition.
Les CVM sont des chaînes de valeur mondiale. La valeur ajoutée d’un produit fini est réalisée à partir de différentes unités de productions implantées dans le monde entier. La CVM correspond à la création de valeur répartie dans le monde du fait du processus de DIPP (décomposition internationale des processus productifs).
21) Quels sont les acteurs à l’origine de l’internationalisation des chaînes de valeur ?
Ce sont les firmes multinationales qui participent à l’internationalisation des chaînes de valeurs dans le cadre de leurs stratégies internationales. Elles cherchent à exploiter les avantages compétitifs offerts par les territoires ou à s’implanter au plus près des consommateurs dans le cadre de la mondialisation.
22) Pourquoi les chaînes de valeur s’internationalisent ?
Les chaînes de valeur s’internationalisent pour deux grandes catégories de raison. D’abord, parce que ce mouvement accompagne les grandes mutations de l’économie actuelle qui est mondialisée. Grâce aux progrès technologique dans le transport et la communication ainsi qu’à la libéralisation des échanges, les entreprises peuvent tirer profit d’une baisse des coûts dans l’internationalisation de leur production. Pour améliorer leur compétitivité prix et hors prix, les entreprises fragmentent leurs chaînes de valeur à l’international. Ainsi elles profitent des avantages comparatifs des nations dans le cadre de leur stratégie de rationalisation de la production, mais aussi d’un accès moins coûteux aux marchés des économies émergentes dans le cadre de leur stratégie de marché, ou encore d’actifs intellectuels spécifiques.
23) En vous appuyant sur le graphique, montrez que les chaînes de valeur s’internationalisent au cours du temps.
Depuis les années 1980, le développement du commerce mondial s’accompagne d’une augmentation de la part de la valeur ajoutée réalisée à l’étranger dans les exportations mondiales. Ainsi, la part de la valeur ajoutée réalisée à l’étranger représente 25% des exportations mondiales en 2015 contre 21% en 1980, soit une progression de 4 points. En parallèle, le commerce mondial représente 29% du PIB mondial en 2015, contre 19% en 1980, soit une augmentation de 10 points.
On en déduit que le commerce international ne se réduit pas à l’échange de produits finis entre nations, mais est aussi un commerce de tâches entre nations, où les produits en cours de fabrication, de la conception, en passant par la fabrication, pour finir par la distribution sont réalisés à l’international. La DIT (division international du travail) est donc devenue plus fine, au gré du développement du commerce intra-groupe réalisé par les FMN ainsi que l’externalisation de la production réalisée à l’échelle mondiale.