ETRE UNE FEMME DANS LE MONDE DES HOMMES
Socialisation sportive et construction du genre (2005)
Auteur : Christine Mennesson
En faisant partager l'expérience singulière des footballeuses, boxeuses et femmes haltérophiles de haut niveau, Christine Mennesson analyse les conséquences de l'entrée de femmes dans des mondes traditionnellement réservés aux hommes.
Elle cherche à identifier les conditions sociales qui qui permettent à des jeunes filles de faire le « choix » de pratique des activités dites masculines. Parmi les plus significatives, on peut relever l’appartenance aux milieux populaires, l’importance de la configuration familiale et du rôle des pères dans la construction d’un habitus sportif compétitif ainsi que la socialisation sportive précoce surtout pour les boxeuses et les footballeuses.
Boxeuses et footballeuses construisent et incorporent durant leur enfance une « contre-identité » de genre. Elles valorisent les activités avec les garçons et se distinguent du « féminin » qu’elles associent à la passivité et à l’inaction. Construisant un rapport au corps socialement considéré comme masculin, elles sont en conséquence considérées comme déviantes et souvent qualifiées de garçons manqués.
Toutefois, si elles doivent faire preuve de compétences dites « masculines », elles doivent se distinguer aussi du masculin pour éviter toute stigmatisation.
Prenant une distance avec les normes sexuées dominantes les sportives défendent le modèle de la femme active, l’autonomie et la valorisation de soi, et s’opposent à certains stéréotypes de l’éternel féminin symbolisé par la femme-objet. Tenant des discours globalement favorables à l’égalité entre les hommes et les femmes, elles ne s’identifient pas pour autant aux mouvements féministes.
En étudiant des carrières des sportives dans des activités qui ne leur sont a priori pas destinées, Christine Mennesson permet de réfléchir sur la construction sociale des genres. Elle met en évidence des formes contrastées de processus de construction du genre et la complexité des rapports sociaux de sexe et de leurs effets.
Questions :
1. Pourquoi la sociologue évoque une « expérience singulière » ?
2. Quelles sont les conditions sociales qui favorisent l’entrée des femmes dans ces activités dites masculines selon la sociologue ?
3. Les stéréotypes sont-ils uniquement véhiculés par les garçons ?
4. Que veut dire l’expression « construction sociale des genres » ? Donnez un exemple
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Questions :
1. Pourquoi la sociologue évoque une « expérience singulière » ?
L’adjectif « singulier » montre la volonté de reconnaître la spécificité d’une pratique. Certaines pratiques sportives sont souvent privilégiées par l’un ou l’autre sexe et cette séparation devient alors un de leurs traits distinctifs.
L’expression montre aussi que lorsque l’on sort de la norme, l’on étonne, surprend et, parfois, dérange.
2. Quelles sont les conditions sociales qui favorisent l’entrée des femmes dans ces activités dites masculines selon la sociologue ?
Christine Mennesson identifie principalement quatre conditions sociales qui favorisent l’entrée des femmes dans ces activités dites masculines :
- l’appartenance aux milieux populaires (filles d’employés et/ou d’ouvriers) ;
- l’importance de la configuration familiale ;
- le rôle des pères
- une socialisation sportive précoce (cf. boxeuses et footballeuses).
3. Les stéréotypes sont-ils uniquement véhiculés par les garçons ?
Non. Christine Mennesson montrent qu’une partie des boxeuses et des footballeuses construisent et incorporent durant leur enfance une « contre-identité » de genre.
Elles reproduisent aussi les stéréotypes qui associent à le « féminin » à la passivité et à l’inaction.
4. Que veut dire l’expression « construction sociale des genres » ? Donnez un exemple
Le sexe biologique ne permet pas de séparer les individus en deux catégories (hommes et femmes). Le genre est la construction sociale de la différence des sexes. Le terme de « construction sociale » vise à souligner la mise en place de ressources, d’espaces qui facilite l’adoption de comportements.
Ces ressources sont matérielles mais aussi symbolique : le genre renvoie aux valeurs socialement rattachées au masculin et au féminin. Ces significations participent de l’organisation de la vie sociale. Pour certains sociologues, le genre, en tant que rapport social construit sur la différence, est intrinsèquement un rapport de pouvoir.