Jusqu’à la Renaissance, la distinction d’Aristote s’impose car, dans la pensée théologique médiévale, l’économie est d’abord perçue comme une chrématistique, une activité immorale que le droit doit contraindre à respecter les principes de justice, car « la grâce vaut mieux que l’or ». Les activités économiques sont encadrées au sein de l’organisation domaniale de l’économie féodale. La philosophie économique de saint Thomas d’Aquin s’impose et les activités financières, comme le prêt à intérêt, sont condamnées moralement par la religion catholique. Dans son livre, la Somme théologique, il s’agit de déterminer quelles sont les pratiques économiques « justes » selon la religion chrétienne et la volonté de Dieu, comme le « juste prix », le « juste profit », le « juste salaire ».
Histoire de la pensée économique H. Denis PUF 1988 p 24
Question 1
La pensée d’Aristote est-elle la même que celle de Platon ? Pourquoi dit-on que l’économie est subordonnée à la morale ?
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Question 1 : si pour Platon, l’organisation économique est un instrument du salut des âmes, pour Aristote, l’organisation économique doit être adaptée à la finalité propre de l’être humain. La distinction entre économie et chrématistique, chez ce dernier, est une opposition entre des activités économiques naturelles, car orientées par la recherche de la satisfaction des besoins (oïko-nomia, les lois qui règlent la gestion de la maison) et des activités « capitalistes » car animées par la recherche du gain pour lui-même. L’art d’acquérir des richesses, qui est celui du marchand est condamnable. Aristote évoque trois formes condamnables : le commerce extérieur, le prêt à intérêt, et le travail salarié, c’est-à-dire de vendre son travail contre de l’argent. Le désir d’accumulation est présenté comme insatiable et donc dangereux pour la Cité. L’économie est au service de la communauté, elle est condamnable si elle s’autonomise et ce faisant, perd son sens, ce qui signifie que la condamnation est non bornée.