Document 1. L’analyse de Thomas Philippon (prépa)

Facile

Mon livre avance trois thèses.

Premièrement : la concurrence a décliné́ dans la plupart des secteurs de l’économie américaine. Mesurer la concurrence est plus facile à dire qu’à faire, car il faut avoir recours à des indicateurs indirects. Nous examinerons les prix, les taux de profit et les parts de marché. Aucun de ces substituts n’est parfait, mais, ensemble, ils permettent de former un tableau convaincant.

Deuxièmement : la faiblesse de la concurrence s’explique largement par les choix des pouvoirs publics, qui sont influencés par le lobbying et les contributions au financement des campagnes. Nous examinerons les sommes dépensées par chaque société́ Etats-Unienne ces vingt dernières années pour faire pression sur la règlementation, le Sénat, la Chambre des représentants et les commissions clés, ainsi que pour financer des élections. Nous montrerons comment ces efforts faussent les marchés libres : quels que soient l’époque, l’État ou le secteur, le lobbying des entreprises et la contribution au financement des campagnes produisent des barrières à l’entrée, des règlementations qui protègent les acteurs historiques, un affaiblissement de l’application de la législation antitrust et un ralentissement de la croissance des petites et moyennes entreprises.

Troisièmement : les conséquences d’une concurrence trop faible sont une baisse des salaires, de l’investissement, de la productivité́ et de la croissance, ainsi qu’une hausse des inégalités. Nous examinerons comment l’affaiblissement de la concurrence dans l’ensemble des secteurs a eu une incidence jusque dans le portefeuille et les comptes bancaires des Américaines et Américains. Nous montrerons aussi comment une faible concurrence conduite à une diminution des facteurs que nous associons traditionnellement aux économies en croissance : l’investissement, le progrès technologique et la hausse des salaires.

Vous êtes prêts ? Allons-y.

Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022. 

Questions :

1) Rappeler en quoi les prix, les taux de profit et les parts de marché peuvent être des indicateurs de la performance des entreprises dans la concurrence (passage en italique-gras)

2) En quoi les pouvoirs publics peuvent-ils stimuler la concurrence ou au contraire contribuer à la freiner selon T. Philippon ? Donner des exemples.

3) Pourquoi une concurrence trop faible peut-elle générer …

Voir la correction

1) Rappeler en quoi les prix, les taux de profit et les parts de marché peuvent être des indicateurs de la performance des entreprises dans la concurrence (passage en italique gras)

- Les prix déterminent que les économistes appellent la compétitivité-prix, soit la capacité à proposer sur le marché des produits à des prix inférieurs à ceux des concurrents.

- Le profit est un indicateur clé de la performance de l’entreprise et on l’obtient en retranchant le coût total à la recette totale. Le profit est le revenu du capital et/ou de l’entrepreneur. En comptabilité nationale comme en comptabilité privée, ce concept est mesuré par l’excédent brut d’exploitation.

Le comportement de marge de l’entreprise joue un rôle important : il s’agit d’une stratégie de marge bénéficiaire de la firme qui peut arbitrer, en fixant le prix, entre la profitabilité à court terme et la compétitivité à long terme.

- Sur le marché d’un produit donné, la part de marché d’une entreprise désigne le pourcentage du total des ventes qu’il réalise. Au plan macroéconomique, la part de marché d’un pays est égale au rapport entre ses exportations et le total des exportations mondiales.

 

2) En quoi les pouvoirs publics peuvent-ils stimuler la concurrence ou au contraire contribuer à la freiner selon T. Philippon ? Donner des exemples.

Dans une économie de marché, la concurrence est le principe de fonctionnement fondamental : la compétition intense entre les entreprises doit favoriser la baisse des prix, l’apparition de nouveaux biens et services, et le bien-être matériel des consommateurs. Mais la concurrence ne s’établit pas et ne se maintient pas naturellement, elle doit être encadrée par des règles subtiles pour éviter certaines dérives au nom de la recherche du profit, et pour contrecarrer un pouvoir de marché excessif de certaines grandes entreprises.

Les pouvoirs publics doivent donc mener des interventions bien adaptées pour à la fois inciter les entreprises à l’innovation et à la recherche du profit, mais aussi pour protéger les consommateurs contre les risques de pratiques abusives. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics mettent en œuvre des politiques de concurrence qui visent à établir, maintenir ou restaurer un degré suffisant de concurrence propice à une amélioration du rapport qualité/prix pour le demandeur. Si les économistes sont généralement d’accord pour souligner les effets bénéfiques de la concurrence dans une économie de marché, les entreprises peuvent développer des stratégies pour réduire le nombre de concurrents avec certaines pratiques, comme les ententes et les opérations de concentration, qui sont précisément encadrées par la politique de la concurrence.

 

3) Pourquoi une concurrence trop faible peut-elle générer …

Newsletter

Suivre toute l'actualité de Melchior et être invité aux événements