Activité 1 : 

Facile

Activité 1 : Pourquoi les pouvoirs publics interviennent-ils afin de contenir la ségrégation ?

 

Document 1 : L'origine des « banlieues »

La banlieue désigne l'espace autour d'une ville-centre, composée de zones industrielles ou commerciales, de quartiers pavillonnaires ou d'habitat social collectif. Plus du tiers de la population réside dans ces communes, qui recouvrent des réalités diverses du point de vue historique social et urbain.En Île-de-France, la banlieue regroupe 75 % des habitants répartis dans environ 200 communes principalement en petite couronne. Après chaque crise, d'autres termes plus connotés – quartiers populaires, cités dortoirs, ghettos abandonnés – ont ressurgi pour qualifier les territoires qui concentrent des problèmes économiques (chômage de masse), culturels (forte proportion d'immigrés où d'enfants d'immigrés) et sociaux (îlots de pauvreté) et où les difficultés récurrentes s'accumulent jusqu'aux explosions. Les banlieues se sont développées dès la fin du XIXe siècle pour répondre à l'exode ruralet l'essor industriel. Dans l'entre-deux-guerres, elles se couvrent d'une marée pavillonnaire de lotissements souvent médiocres et sous équipés. Dans l'après-guerre, le baby-boom, la croissance économique et l'immigration provinciale et étrangère augmentent la population des villes, aggravant la pénurie de logements,qui deviennent de plus en plus rares, surpeuplés, et sous-équipés. En 1954, l'appel médiatisé de l'Abbé Pierre accélère la politique publique nationale de construction massive de logements. L'industrialisation du bâtiment,la maîtrise du béton armé, l'imposition de normes et de plans types pour les appartements favorisent les formes simples de barres et tours implantées en périphérie sur de grandes parcelles de terrainsagricoles ou maraîchers faute d'autres réservesfoncières. (…) À l'époque, il n'y a pas eude débat sur la forme urbaine où la mixité, le consensus s'est établi autour de quelques principes : faire bénéficier tous les salariés des bienfaits de l'hygiène et de la modernité, séparerhabitat et usines,édifier vite des cités confortables d'au moins 1 000 logements dotés d'équipements pour les classes populaires.

Grandeur et décadence des grands ensembles

La crise et la paupérisation rampante des banlieue sont été anticipées dès les années 1960 autour de la pathologie de cet urbanisme qui générerait ennui et suicide, notamment parmi les femmes, et délinquance chez les jeunes. Après mai 1968, la dégradation des bâtiments bon marché mal entretenus et la critique du type de société édifiée loin des centres-villes conduisent Olivier Guichard, ministre de l'équipement, à arrêter la construction des grands ensembles (circulaire du 21 mars 1973).Traitant des formes architecturales et de la lutte contre la ségrégation sociale par l'habitat, il interdit les opérations les plus massives et tente de mieux insérer les nouvelles constructions dans les villes existantes.

Au début des années 1970, face à l'observation selon laquelle la petite classe moyenne commençait à partir, les investissements publics commencent à privilégier les villes nouvelles, conçues comme contre modèle harmonieux. Simultanément, en 1977, la loi Barre réoriente les crédits de l'aide à la pierre vers l'aide sélective à la personne(allocation personnalisée au logement) et engage le tournant en faveur de l'accession à la propriété individuelle. Simultanément la réflexion sur le devenir du parc social dégradé s'amorce comme nous le verrons plus loin, mais l'objectif pour l'État est aussi d'inciter les classes moyennes à quitter l'habitat social collectif pour les lotissements pavillonnaires dans les communes alentour, accélérant le processus de dévalorisation de quartiers, un court moment si convoité.

Source : Simon Ronai

Q1. Qu’est-ce qu’une « banlieue» ?

Q2. À l’aide du document 1, renseignez la frise chronologique proposée, en faisant apparaître comment les banlieues sont devenues des quartiers pauvres et ségrégués.

Document 2 : Ségrégation, discrimination et lien social.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une crise du logement parmi les plus importantes que l’on ait connues en France se dessine. Dans les décennies qui suivent, les grands ensembles sont la réponse très enthousiaste apportée par certains des plus grands architectes de l’époque. Voulus modernes, pratiques et propices aux interactions sociales,ils semblent être la solution idéale. Plusieurs décennies plus tard, la vision de ces grands ensembles a bien changé et l’état se lance progressivement dans une opération de démolition et réaménagement de ces ensembles qui culmine avec la mise en œuvre du Programme National pour la Rénovation Urbaine (PNRU). Le but : influer sur le peuplement de ces quartiers afin de les rendre plus mixtes socialement. Si cette volonté de mixité sociale s’impose comme absolument nécessaire, c’est que nombre de politiques et acteurs sociaux sont aujourd’hui convaincus que le contexte social dans lequel les individus évoluent influe sur leur devenir. C’est pourquoi la ségrégation géographique des revenus entre voisinages pourrait être un déterminant majeur des problèmes sociaux qui abondent dans les quartiers les plus pauvres du territoire. Le problème induit par une ségrégation géographique des revenus n’est pas lié à la concentration de pauvreté ou de richesse à un moment dans le temps, le problème est que la ségrégation contraint le champ des opportunités accessibles aux individus vivant dans les quartiers les plus pauvres et multiplie celles des individus vivant dans les quartiers les plus riches. Ces conséquences dynamiques peuvent par exemple concerner les adultes sur le marché du travail par des effets de détérioration de la qualité des réseaux sociaux intervenant dans l’obtention d’un emploi ou de discrimination territoriale de la part de certains employeurs par exemple; mais aussi les enfants à l’école ou dans leur voisinage, en freinant l’accumulation du capital humain en termes de compétences scolaires et sociales, conséquences qui persisteront pour le reste de leur vie.

Source : Étude des effets de la rénovation urbaine sur l’évolution du bâti et du peuplement dans les quartiers ciblès entre 2004 et 2013, Nina Guyon (2016).

Q1. Rappelez la définition du concept de ségrégation qui a été étudié en classe de première.

Q2. À l’aide d’un exemple issu du document 2, montrer que la ségrégation peut conduire à l’affaiblissement voire à la rupture de liens sociaux. (Rappel de première).

Q3. Quel est l’objectif du Programme National de Rénovation Urbaine(PNRU) ?

Q4. Quel lien peut-on faire entre PNRU et égalité des chances ?

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Document 1 : L'origine des « banlieues »

La banlieue désigne l'espace autour d'une ville-centre, composée de zones industrielles ou commerciales, de quartiers pavillonnaires ou d'habitat social collectif. Plus du tiers de la population réside dans ces communes, qui recouvrent des réalités diverses du point de vue historique social et urbain.En Île-de-France, la banlieue regroupe 75 % des habitants répartis dans environ 200 communes principalement en petite couronne. Après chaque crise, d'autres termes plus connotés – quartiers populaires, cités dortoirs, ghettos abandonnés – ont ressurgi pour qualifier les territoires qui concentrent des problèmes économiques (chômage de masse), culturels (forte proportion d'immigrés où d'enfants d'immigrés) et sociaux (îlots de pauvreté) et où les difficultés récurrentes s'accumulent jusqu'aux explosions. Les banlieues se sont développées dès la fin du XIXe siècle pour répondre à l'exode ruralet l'essor industriel. Dans l'entre-deux-guerres, elles se couvrent d'une marée pavillonnaire de lotissements souvent médiocres et sous équipés. Dans l'après-guerre, le baby-boom, la croissance économique et l'immigration provinciale et étrangère augmentent la population des villes, aggravant la pénurie de logements,qui deviennent de plus en plus rares, surpeuplés, et sous-équipés. En 1954, l'appel médiatisé de l'Abbé Pierre accélère la politique publique nationale de construction massive de logements. L'industrialisation du bâtiment,la maîtrise du béton armé, l'imposition de normes et de plans types pour les appartements favorisent les formes simples de barres et tours implantées en périphérie sur de grandes parcelles de terrainsagricoles ou maraîchers faute d'autres réservesfoncières. (…) À l'époque, il n'y a pas eude débat sur la forme urbaine où la mixité, le consensus s'est établi autour de quelques principes : faire bénéficier tous les salariés des bienfaits de l'hygiène et de la modernité, séparerhabitat et usines,édifier vite des cités confortables d'au moins 1 000 logements dotés d'équipements pour les classes populaires.

Grandeur et décadence des grands ensembles

La crise et la paupérisation rampante des banlieue sont été anticipées dès les années 1960 autour de la pathologie de cet urbanisme qui générerait ennui et suicide, notamment parmi les femmes, et délinquance chez les jeunes. Après mai 1968, la dégradation des bâtiments bon marché mal entretenus et la critique du type de société édifiée loin des centres-villes conduisent Olivier Guichard, ministre de l'équipement, à arrêter la construction des grands ensembles (circulaire du 21 mars 1973).Traitant des formes architecturales et de la lutte contre la ségrégation sociale par l'habitat, il interdit les opérations les plus massives et tente de mieux insérer les nouvelles constructions dans les villes existantes.

Au début des années 1970, face à l'observation selon laquelle la petite classe moyenne commençait à partir, les investissements publics commencent à privilégier les villes nouvelles, conçues comme contre modèle harmonieux. Simultanément, en 1977, la loi Barre réoriente les crédits de l'aide à la pierre vers l'aide sélective à la personne(allocation personnalisée au logement) et engage le tournant en faveur de l'accession à la propriété individuelle. Simultanément la réflexion sur le devenir du parc social dégradé s'amorce comme nous le verrons plus loin, mais l'objectif pour l'État est aussi d'inciter les classes moyennes à quitter l'habitat social collectif pour les lotissements pavillonnaires dans les communes alentour, accélérant le processus de dévalorisation de quartiers, un court moment si convoité.

Source : Simon Ronai, https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/291112-crise-dans-les-banlieues-2023-les-injonctions-contradictoires

 

Q1. Qu’est-ce qu’une « banlieue» ?

Q2. À l’aide du document 1, renseignez la frise chronologique proposée, en faisant apparaître comment les banlieues sont devenues des quartiers pauvres et ségrégués.

Document 2 : Ségrégation, discrimination et lien social.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une crise du logement parmi les plus importantes que l’on ait connues en France se dessine. Dans les décennies qui suivent, les grands ensembles sont la réponse très enthousiaste apportée par certains des plus grands architectes de l’époque. Voulus modernes, pratiques et propices aux interactions sociales,ils semblent être la solution idéale. Plusieurs décennies plus tard, la vision de ces grands ensembles a bien changé et l’état se lance progressivement dans une opération de démolition et réaménagement de ces ensembles qui culmine avec la mise en œuvre du Programme National pour la Rénovation Urbaine (PNRU). Le but : influer sur le peuplement de ces quartiers afin de les rendre plus mixtes socialement. Si cette volonté de mixité sociale s’impose comme absolument nécessaire, c’est que nombre de politiques et acteurs sociaux sont aujourd’hui convaincus que le contexte social dans lequel les individus évoluent influe sur leur devenir. C’est pourquoi la ségrégation géographique des revenus entre voisinages pourrait être un déterminant majeur des problèmes sociaux qui abondent dans les quartiers les plus pauvres du territoire. Le problème induit par une ségrégation géographique des revenus n’est pas lié à la concentration de pauvreté ou de richesse à un moment dans le temps, le problème est que la ségrégation contraint le champ des opportunités accessibles aux individus vivant dans les quartiers les plus pauvres et multiplie celles des individus vivant dans les quartiers les plus riches. Ces conséquences dynamiques peuvent par exemple concerner les adultes sur le marché du travail par des effets de détérioration de la qualité des réseaux sociaux intervenant dans l’obtention d’un emploi ou de discrimination territoriale de la part de certains employeurs par exemple; mais aussi les enfants à l’école ou dans leur voisinage, en freinant l’accumulation du capital humain en termes de compétences scolaires et sociales, conséquences qui persisteront pour le reste de leur vie.

Source : Étude des effets de la rénovation urbaine sur l’évolution du bâti et du peuplement dans les quartiers ciblès entre 2004 et 2013, Nina Guyon (2016).

Q1. Rappelez la définition du concept de ségrégation qui a été étudié en classe de première.

La ségrégation désigne un processus de séparation ou d’isolement social de groupes sociaux basé sur des critères économiques, sociaux, ethniques ou encore religieux.

Q2. À l’aide d’un exemple issu du document 2, montrer que la ségrégation peut conduire à l’affaiblissement voire à la rupture de liens sociaux. (Rappel de première).

La ségrégation peut conduire les individus à connaître un affaiblissement de leurs liens sociaux. Par exemple, l’accès à l’emploi peut être rendu plus difficile pour les individus qui résident dans des quartiers bénéficiant d’une mauvaise image auprès des employeurs. Le lien de participation organique peut donc être fragilisé du fait d’une discrimination à l’embauche.

Q3. Quel est l’objectif du Programme National de Rénovation Urbaine(PNRU) ?

Le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU) est une politique publique de démolitions et de réaménagements de certains quartiers ségrégués où se concentrent différents problèmes sociaux (pauvreté, chômage,délinquance). Il cherche à augmenter la mixité sociale au sein de ces quartiers.

Q4. Quel lien peut-on faire entre PNRU et égalité des chances ?

La puissance publique agit en faveur de l’égalité des chances et le PNRU est un exemple de politique mise en œuvre pour atteindre cet idéal. En effet, en favorisant la mixité sociale et donc les interactions entre groupes sociaux inégalement dotés en capital culturel, économique et social, le PNRU permettrait d’harmoniser les opportunités de chacun de s’élever socialement : la mixité sociale ouvre la voie à des trajectoires individuelles improbables. Par exemple, les réussites paradoxales seraient davantage possibles, grâce à l’accès à un réseau de relations plus large favorisant de nouvelles interactions nouvelles, permettant de bénéficier d’un capital culturel propice à l’ascension sociale. Ainsi, le PNRU apparaît comme une illustration de l’intervention des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale

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