La socialisation est un processus
Les membres d'une société apprennent les règles de leurs milieux sociaux et culturels. Ils intègrent progressivement les normes et les valeurs dominantes de la société et les adaptent à leur personnalité.Ces processus de transmission et d'apprentissage sont souvent différenciés selon l'âge, le sexe, l'origine, le groupe socioprofessionnel des parents, la religion, etc.
Cet apprentissage des normes, des comportements, des valeurs ou des croyances d'une société se fait tout au long de la vie.
La socialisation est un processus qui dure toute une vie. On distingue néanmoins deux grandes étapes d’intégration des normes et des valeurs.
1. La socialisation primaire est la socialisation se déroulant pendant l’enfance.Elle est essentiellement assurée par la famille, les groupes de pairs, l’école et les autres professionnels de l’enfance (assistantes maternelles, personnels des centres aérés, etc.).
2. La socialisation secondaire est la socialisation se déroulant pendant l’âge adulte.
L’entrée dans les premiers emplois, la participation à des stages de formation ou des activités syndicales, la mise en couple, l’installation dans un nouveau voisinage, la participation à la vie associative et/ou politique, l’arrivée des enfants, etc. renforcent, nuancent et/ou déstabilisent de habitudes et des schémas de pensée acquises dans l’enfance.
Les instances de socialisation (famille, école, travail, groupes de pairs, etc.) sont potentiellement plus nombreuses et plus diverses à mesure que l’âge des individus avance. Les effets de la socialisation primaire restent profondément ancrés dans les manières d’être (manière de parler, de se tenir, etc.) et de penser des individus (croyances religieuses, positions partisanes, etc.). Ils ont tendance à informer la façon dont la socialisation secondaire va se dérouler. D’où l’important des processus de socialisation qui ont lieu pendant l’enfance, notamment au sein de la famille.
On identifie des phénomènes de socialisation anticipatrice lors de l’incorporation, par avance, de normes et de valeurs, en vue de l'intégration dans un groupe social différent du sien. Par exemple, pour faciliter leur insertion professionnelle ou leurs engagements civiques (politiques, syndicales, associatifs, etc.), les individus intègrent les normes et les valeurs de leur groupe de référence, qui peuvent être différentes de celles de leur groupe d’appartenance.
Le rôle spécifique de la famille
Selon l’Insee, une famille est la partie d'un ménage comprenant au moins deux personnes et constituée soit d'un couple vivant au sein du ménage, avec le cas échéant son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage, soit d'un adulte avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage (famille monoparentale).
La famille transmet donc, de manière directe ou indirecte, de façon consciente et inconsciente, les éléments de la culture (normes, valeurs, codes symboliques) qui permettent aux enfants de s'intégrer dans la vie sociale.
La famille est d'abord le lieu de transmission d'une identité civile (nom(s) et prénom(s)). La famille transmet ensuite le langage, les normes de comportement et ces « techniques du corps » (Marcel Mauss) indispensables pour manger, faire sa toilette, se tenir avec les proches ou avec les étrangers, etc. Bref, elle impose ces normes et habitudes qui permettront à l'enfant de développer des relations sociales.
La famille peut aussi transmettre un patrimoine économique et financier, des positions dans l’espace social, un « carnet d'adresses », etc. Agent de socialisation, la famille est aussi au cœur des stratégies de reproduction sociale.
Toutefois, les jeunes ne sont pas uniquement en contact avec les membres des réseaux familiaux. Ils fréquentent d’autres personnes, d’autres lieux, d’autres institutions.
Le rôle spécifique de l’école
L'école est une institution, soit un ensemble d'actes et d'idées ainsi qu’une organisation, qui s'imposent aux individus.
En fonction de l’âge des élèves et de leur niveau, l’institution scolaire définit les normes et les valeurs, donc les contraintes, qui s'imposent à ses membres et, par ricochet, aux parents. La signature du règlement intérieur, dont le contenu ne se résume pas à l'énonciation de normes juridiques, par les parents et les enfants, illustre cette ambition.
Le système d'enseignement français est donc fondé sur de grands principes réaffirmés régulièrement, notamment les principes de liberté de l'enseignement, de gratuité, de neutralité, de laïcité, d’obligation scolaire et de liberté de l'enseignement.
Ces principes, comme la neutralité philosophique et politique, s’imposent aux élèves mais aussi aux professeurs et autres personnels éducatifs.
L’institution met aussi l’accent sur certaines normes et valeurs en fonction des souhaits du législateur. Ces dernières années, l’école a particulièrement accentuée la transmission de normes et de valeur visant à renforcer l'égalité entre les filles et les garçons, la prévention des comportements discriminatoires (lutte contre le racisme ou l’homophobie) ou la lutte contre le harcèlement, notamment via les réseaux sociaux numériques.
Le rôle spécifique des médias et des groupes des pairs dans le processus de socialisation des enfants et des jeunes
La famille et l’école ne sont les seuls lieux de transmission de normes et des valeurs d’une société. Le voisinage, les relations avec les pairs (amis, camarades de classe, etc.), les activités sportives ou musicales, les émissions de télévision, le temps passé sur les réseaux sociaux numériques participent au processus d’apprentissage, d’intériorisation voire d’inculcation des règles de vie en société. Par exemple, les comptines pour les enfants, les blagues pour les adolescents, les jeux quelle que soit l’âge sont souvent transmis entre pairs et de plus en plus via les sites web et les réseaux sociaux numériques.
La socialisation est donc processus collectif et dynamique. La socialisation est donc plurielle et les processus d’acculturation multiforme.
Le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du milieu social
Les modes de vie ne sont pas homogènes : niveau de vie, taille et localisation des logements, alimentation et habillements, loisirs et vacances, etc. témoignent de l’hétérogénéité des conditions matérielles d’existence, des occupations et des préoccupations des groupes sociaux. Les individus grandissent, se mettent en couple, travaillent, ont des loisirs dans des espaces sociaux différents. On mesure souvent le milieu social d’un individu avec sa catégorie socioprofessionnelle (ou celle de ses parents). Les apprentissages (de normes, de valeurs, de pratiques, etc.) sont donc liés aux appartenances sociales. Les existences, donc les processus de socialisation sont donc « structurés » par l’origine sociale, voire pour certains de sociologues, les appartenances de classes sociales.
Ainsi, le groupe social d’appartenance influence les manières d’être, de parler, de faire mais aussi les choix individuels. On note ainsi que les pratiques sportives et les autres activités de loisirs (pratique d’un instrument de musique, etc.) sont souvent liés à l’origine sociale.
Le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du genre
Pourquoi et comment une différence biologique (sexes différents) se transforme en différence sociale (rôle et statut sociaux différents) ?
Le genre est une notion utilisée dans les sciences sociales. Le concept renvoie à la dimension culturelle de l’appartenance sexuelle (par exemple la distribution du pouvoir et à la répartition des rôles entre les femmes et les hommes dans une société donnée), par opposition à la notion de « sexe », qui traduit une réalité biologique universelle.
Les études sociologiques démontrent qu’au-delà des consignes officielles qui prescrivent l’égalité et de la volonté des enseignants, les différences sexuées se transmettent toujours à l’école, notamment via les albums jeunesse à disposition des élèves dans les classes et les bibliothèques qui renforcent parfois les stéréotypes.
En famille, à l'école ou entre amis les stéréotypes (positifs ou négatifs) descriptifs (« les filles/garçons sont comme cela… ») ou prescriptifs (« les filles/garçons doivent faire cela … ») exercent des pressions normatives qui incitent les enfants puis les adolescents à se conformer, c'est-à-dire appliquer les normes exigées d’eux.
L’apprentissage de ces stéréotypes se déroule donc dès la socialisation primaire, notamment lorsque les parents traitent leurs enfants différemment selon qu’ils soient garçons ou filles (couleurs et formes des habits, choix des jouets, inscription dans les clubs de loisirs, etc.). Cette éducation différenciée des parents est alimentée et renforcée, par la multiplicité des canaux de socialisation.
Les jouets ou les pratiques sportives peuvent illustrer le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du milieu social et en fonction du genre.
Les familles des classes moyennes et supérieures ont tendance à offrir des jouets éducatifs à leurs enfants, n’oubliant pas qu’ils sont aussi des outils de « stimulation intellectuelle » alors que les familles de milieux populaires valorisent les jeux éducatifs. Et, les jouets perçus comme masculins favorisent souvent la force, la mobilité et la manipulation et ceux perçus comme féminins l'intérêt porté à soi et aux autres, la séduction et de la maternité.
Documents et exercices
Document 1. La socialisation est un processus
Comprendre les processus de socialisation
Margaret Mead (1901–1978) est une ethnologue américaine qui voulait déterminer à quels moments l’environnement culturel d’un enfant influait suffisamment sur sa conscience pour en faire un membre d’une société. Elle étudia donc l'adoption de gestes, l'attitude, la posture, les habitudes liées aux fonctions les plus simples du corps comme la parole ou la prise des repas. Elle se concentra aussi sur des points plus complexes, comme la compréhension de l’organisation familiale et sociale par les individus.
Ayant grandi dans un village de Papouasie Nouvelle-Guinée construit au-dessus de l'eau (fleuve Sepik), les enfants (cf. photo ci-dessous) ont appris très tôt les compétences physiques de base pour survivre : nager, conserver son équilibre et pagayer. Selon Margaret Mead, les aînés avaient peu d'exigences ou de restrictions à leur égard, à l'exception de celles qui concernaient leur survie physique et le respect des biens personnels d'autrui.
Les travaux de Margareth Mead font l’objet de nombreuses critiques, notamment elle minimisait ou ignorait les informations qui rendaient moins pertinentes ses analyses. Toutefois, son insistance pour séparer le sexe, fondé sur la biologie, du genre, construit socialement était novateur. Son questionnement au cœur des textes rassemblés dans Mœurs et sexualité en Océanie (1963) (La femme est-elle douce et maternelle par nature ? L'homme est-il universellement autoritaire et rude ?) a permis de renouveler la réflexion sur la manière dont les sociétés façonnent et normalisent la personnalité.
Questions:
1. Que veut dire le terme « processus » ?
2. Dans ce village, que transmettent les parents à leurs enfants ?
3. Pourquoi Margaret Mead doit montrer à cet enfant comment porter une poupée ?
4. Montrez que Margaret Mead ne transmet pas seulement un jouet mais aussi des normes.
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Questions
1. Que veut dire le terme « processus » ?
Le terme de processus vise à souligner une suite continue de faits et de phénomènes présentant une certaine unité ou une certaine régularité dans leur déroulement.
2. Dans ce village, que transmettent les parents à leurs enfants ?
Comme tous parents, ils transmettent des gestes, des attitudes, des postures, des habitudes, etc. L’ethnologue souligne aussi que dans ce village de Papouasie Nouvelle-Guinée construit au-dessus de l'eau, il est central que les parents transmettent les compétences physiques de base pour survivre : nager, conserver son équilibre et pagayer. Ils transmettent aussi des valeurs, comme le respect de la propriété.
3. Pourquoi Margaret Mead doit montrer à cet enfant comment porter une poupée ?
Les Iatmul sont un peuple mélanésien de Nouvelle-Guinée. Ces horticulteurs-pêcheurs vivent dans de vastes territoires marécageux autour du fleuve Sepik. Les enfants jouent et s’amusent avec leurs propres productions ou ceux de leurs parents.
La poupée est un jouet connu pour les enfants américains des années 1930, qui peuvent reproduire les gestes de leur environnement. Toutefois, l’objet ne fait pas sens pour ces jeunes mélanésiens qui n’identifient pas a priori ni le rôle ni la manière d’utiliser cet objet.
4. Montrez que Margaret Mead ne transmet pas seulement un jouet mais aussi des normes.La poupée est un des jouets communs offerts aux jeunes filles de la société américaine dans les années 1930. Margaret Mead reproduit donc deux normes en vigueur dans sa société :
1. Offrir des jouets à des enfants (et non de la nourriture, des coquillages, des masques rituels ou des scarifications) ;
2. Offrir une poupée à une fille.
Notons qu’en offrant une poupée noire Margaret Mead fait aussi l’hypothèse que l’enfant appréciera d’autant plus le cadeau qu’elle a le visage d’une jeune fille noire américaine. Bref, que la couleur de la peau, qui est un important marqueur social comme dans la société américaine, l’est aussi dans la société mélanésienne.
Document 2. Ne pas opposer normes et valeurs
Questions :
1. (Photo n°1) Quels points communs et différences entre cette classe de 1880 et celles d’aujourd’hui ?
2. Bonnet d’âne : norme ou valeur ?
3. (Photo n°2) Montrez que les comportements des deux enfants sont liés à des valeurs
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Questions :
1. (Photo n°1) Quels points communs et différences entre cette classe de 1880 et celles d’aujourd’hui ?
Les points communs sont évidents : une classe, des enfants, des tables et des bancs (ou chaises) et une carte au mur qui aide à prendre conscience de la géographie du pays.
Ajoutons aussi les moqueries de potaches entre eux.
Les différents vont de l’habit de élèves à leurs activités (déjeuner dans la classe). La différence la plus marquante, celle au cœur du tableau, est le port d’un « bonnet d’âne » imposé par le professeur à celui identifié comme mauvais élèves.
2. Bonnet d’âne : norme ou valeur ?
Un bonnet d’âne est d’abord une norme ou règle de conduite. Ce couvre-chef avec deux appendices dressés censés représenter les oreilles d'un âne, animal longtemps considéré comme le symbole de la bêtise (bête et têtu), était imposé par un instituteur à un élève turbulent ou présentant de mauvais résultats.
Il s’agit donc d’une punition… par l’humiliation. Si la punition n’a pas disparue, « les punitions infligées doivent respecter la personne de l'élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l'égard des élèves » (Bulletin officiel du ministère de l'Éducation nationale du 13 juillet 2000).
Cet exemple montre que les normes sont fondées sur des valeurs, des idéaux. Le professeur des écoles du XXIe siècle n’a pas à ridiculiser ses élèves mais à les encourager…
3. (Photo n°2) Montrez que les comportements des deux enfants sont liés à des valeurs
L’organisation de l’espace de la classe des tables (disposées en fonction des groupes de travail, coins-ateliers), l’affichage des réalisations des élèves, etc. apparaissent comme des normes de fonctionnement. Toutefois, ces méthodes pédagogiques doivent être reliées à un nouveau regard sur l’élève, à un idéal, une nouvelle vision de l’enfant et de sa destinée.
Pour Célestin Freinet (1896-1966) le tâtonnement expérimental est à la base de tous les apprentissages. Il préconisera alors la libre découverte par les enfants des grandes lois du langage et de la grammaire, des mathématiques, des sciences, etc. A rebours des apprentissages systématiques, il incite à expérimenter, observer, comparer, imaginer des théories, vérifier.
Les méthodes pédagogiques (coopération scolaire, classes vertes, méthode Freinet, etc.) témoignent que les idéaux auxquelles les membres d'une société adhèrent ont changé.
Les valeurs vont donc se repérer à travers les comportements qu'elles engendrent, en particulier les normes qui encadrent ces comportements.
Document 3. L'école au XXIe siècle
Transmettre les savoirs fondamentaux
"Transmettre les savoirs fondamentaux" est l'une des priorités de l'année scolaire 2018-2019. À quelques jours de la rentrée, le ministre de l'Éducation nationale a souligné que l’École portait une politique de progrès social qui consiste à donner davantage à ceux qui ont besoin de plus. C’est le sens du dédoublement de 4 700 classes supplémentaires en réseaux d’éducation prioritaire. Son objectif est de porter chacun au plus haut de son talent et de son mérite. Cela passe notamment par l’enrichissement des enseignements au collège, le développement de l’éducation artistique, culturelle et sensorielle. Ces transformations sont portées par un état d’esprit, celui de la confiance. Pour les professeurs, cela se traduit par de nouveaux outils, notamment les évaluations en CP, CE1 et 6e qui leur permettront d’adapter leurs pédagogies aux besoins de leurs élèves. Un constat : les évaluations internationales et françaises montrent que les élèves ont une maîtrise insuffisante des savoirs fondamentaux. Ces difficultés concernent particulièrement les enfants issus de milieux défavorisés. Un objectif : la maîtrise par tous les élèves des savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire car c’est la condition d’une scolarité réussie et de la formation d’un citoyen libre et responsable. Une stratégie : donner la priorité à la maîtrise du français et des mathématiques, à la base de tous les apprentissages, par un enseignement rigoureux, explicite et progressif. Des moyens : investir, clarifier les programmes d’enseignement, élaborer des repères annuels, renforcer le pilotage pédagogique, agir en faveur de la lecture. Source : https://www.education.gouv.fr |
Les valeurs de la République à l'école
Sans l’éducation, la transmission des valeurs de la République ne peut être assurée. L'École y contribue et se mobilise aux côtés de ses partenaires pour les valeurs de la République. Transmission des valeurs républicaines, laïcité, citoyenneté, culture de l’engagement et lutte contre toutes les formes de discrimination sont au centre de cette mobilisation.
Cette transmission passe par l’application stricte du règlement intérieur de l’établissement et par l’usage de la hiérarchie des sanctions.
L’amélioration du climat scolaire passe par la transmission des valeurs de la République, qui fondent la cohésion nationale. Selon les termes même de la Constitution de la Ve République : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale." Cette République a une langue, le français, un drapeau tricolore, un hymne national La Marseillaise, une devise : "Liberté, Égalité, Fraternité", un principe : "Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple."
Il est important d’expliquer en quoi concourir au bien commun nécessite d’inscrire sa liberté dans le cadre de la loi.
La laïcité est l’une des valeurs essentielles de la République. Elle est un principe protecteur des élèves. Le droit de penser et de croire librement pour chaque élève nécessite de prémunir les écoles, les collèges et les lycées de toute emprise politique, religieuse ou idéologique.
Source : https://www.education.gouv.fr |
Questions :
1. Que transmet l’école ?
2. Qu’est-ce que la socialisation ? Pourquoi l’école est un lieu de socialisation ?
3. Les normes et les valeurs transmises par l’école s’opposent-elles ou sont-elles complémentaires avec celles transmises par la famille ?
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Questions :
1. Que transmet l’école ?
L’école transmet des savoirs fondamentaux, notamment pour donner maîtrise du français et des mathématiques aux jeunes enfants. Elle assure aussi des enseignements artistiques, culturels et sensoriels.
L’école transmet aussi des valeurs. Transmission des valeurs républicaines, laïcité, citoyenneté, culture de l’engagement et lutte contre toutes les formes de discrimination sont au centre de cette mobilisation.
Elle transmet une culture nationale (« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ») avec sa langue, le français, son drapeau tricolore, son hymne national, sa devise, etc.
L’école participe à la socialisation politique de jeunes en inculquant une devise (« Liberté, Égalité, Fraternité ») et sensibilisant à des principes démocratiques (« Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »)
2. Qu’est-ce que la socialisation ? Pourquoi l’école est un lieu de socialisation ?
La socialisation est un processus d'apprentissage et d'intériorisation des normes et des valeurs d’une société ou d’un groupe social.
Les membres d'une société apprennent les règles de leurs milieux sociaux et culturels. Ils apprennent les normes et les valeurs dominantes dans de certains groupes sociaux et les intègrent à leur personnalité.
L’école est un lieu de socialisation car elle favorise l’apprentissage et l'intériorisation de connaissances fondamentales (en français, en mathématiques, etc.) et des valeurs de la République française.
3. Les normes et les valeurs transmises par l’école s’opposent-elles ou sont-elles complémentaires avec celles transmises par la famille ?
Pour la grande majorité des élèves, les normes et les valeurs transmises par l’école et celles transmises par la famille se complètent et se renforcent.
D’ailleurs, les parents comptent généralement sur les enseignants pour transmettre des savoirs fondamentaux et réaffirmer des valeurs répétées à la maison et les enseignants attendent des parents qu’ils aident leurs enfants à réviser leurs leçons et leurs inculquent les valeurs affirmées en cours.
Toutefois, famille et école peuvent parfois s’opposer notamment sur les obligations de scolarisation (trop tôt, trop long ou peu adapté à leur rythme de vie), sur certains principes (cf. laïcité, mixité) voire sur certains contenus enseignés à l’école (cf. matières, faits historiques ou notions, etc.).
Document 4. La laïcité à l’école : norme ou valeur ?
Questions :
1. La laïcité, principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, est-elle une norme ou une valeur ?
2. Comment la laïcité se manifeste-t-elle dans les établissements publics français métropolitains ? Y a-t-il des exceptions ?
3. Pourquoi, selon vous, l’école publique interdit l’instruction religieuse, tout en permettant l’enseignement de l’histoire des religions ?
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Questions :
1. La laïcité, principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, est-elle une norme ou une valeur ?
La laïcité est un principe de séparation de la société civile et de la société religieuse. C’est donc une norme.
Mais elle suppose des valeurs, notamment la liberté de choisir ou non une religion et de la pratiquer librement.
2. Comment la laïcité se manifeste-t-elle dans les établissements publics français métropolitains ? Y a-t-il des exceptions ?
La laïcité suppose l'absence d'instruction religieuse dans les programmes, la laïcité du personnel et l'interdiction du prosélytisme.
La loi de mars 2004 sur les signes religieux dans les écoles stipule que « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse tels que le voile islamique, quel que soit le nom qu'on lui donne, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive est interdit ».
Notons qu’à Mayotte, 101e département français, le port du « kishali » est toléré et les fêtes musulmanes s’ajoutent aux jours fériés nationaux.
3. Pourquoi, selon vous, l’école publique interdit l’instruction religieuse, tout en permettant l’enseignement de l’histoire des religions ?
Il faut distinguer « l'absence d'instruction religieuse dans les programmes » de la nécessaire connaissance de l’histoire des religions qui sont au programme d’histoire des collégiens et des lycéens.
Il ne s’agit donc pas de former l’esprit des élèves à une religion (apprendre à faire le signe de croix, prier sur un tapis ou les obliger à respecter des interdits alimentaires) mais de permettre d’acquérir des connaissances historiques sur plusieurs d’entre elles.
Document 5. L'obligation scolaire, l'école comme institution
Taux de scolarisation par âge en 2016, en %
Questions :
1. Comment calcule-t-on un taux de scolarisation ?
2. Faites une phase avec les données pour les enfants de « 2 ans ».
3. Faites une phase avec les données pour « 6 ans ». Qu’est-ce qu’une institution ? Qu’en déduisez-vous sur l’institution scolaire ?
4. Commentez l’évolution du taux de scolarisation par âge en France.
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Questions :
1. Comment calcule-t-on un taux de scolarisation ?
Le taux de scolarisation est le rapport entre le nombre d’élèves, d’étudiants et d’apprentis en formation initiale d’un âge déterminé, inscrits dans un établissement d’enseignement, et le nombre de jeunes de cet âge.
2. Faites une phase avec les données pour les enfants de « 2 ans ».
Selon le Ministère de l’Éducation nationale (DEPP), le taux de scolarisation des enfants de 2 ans en France est de 12% en 2016. Il était de 35% en 2000.
3. Faites une phase avec les données pour « 6 ans ». Qu’est-ce qu’une institution ? Qu’en déduisez-vous sur l’institution scolaire ?
Selon le Ministère de l’Éducation nationale (DEPP), le taux de scolarisation des enfants de 6 ans en France est de 100% en 2016.
L'école est une institution, soit un ensemble d'actes et d'idées ainsi qu’une organisation, qui s'imposent aux individus.
On peut en déduire que l’obligation de scolarisation est efficace en France. L’institution scolaire s’impose aux familles.
4. Commentez l’évolution du taux de scolarisation par âge en France.
Selon le Ministère de l’Éducation nationale (DEPP), le taux de scolarisation des enfants de 2 ans en France est de 12% en 2016. A partir de 4 ans, il est de 100%. Tous les enfants doivent être scolarisés. Il diminue légèrement à partir de 10 ans (98,6%) puis nettement à partir de 16 ans (94%). Seule la moitié des jeunes de 20 ans sont scolarisés, généralement dans des établissements universitaires. En France, les étudiants de plus de 25 ans forment moins de 10% des jeunes.
Document 6. L'école, un lieu de socialisation universel ?
Questions :
1. Commentez la courbe « Afrique subsaharienne »
2. Cherchez : qu’est-ce que l’UNICEF ?
3. Qu’elle est la justification donnée par l’Unicef pour recueillir des dons pour l’installation de tentes scolaires ?
4. La socialisation scolaire est-elle un phénomène universel ? Les enfants qui ne vont pas à l’école sont-ils socialisés ?
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Questions :
1. Commentez la courbe « Afrique subsaharienne »
Selon l’Unesco, 52% des enfants en âge de scolarisation primaire n’étaient pas scolarisé en Afrique subsaharienne en 2015, contre 42% en 2000, soit une augmentation de 10 points de pourcentage.
L’Afrique subsaharienne représente une part croissante de la population non scolarisée dans le monde.
2. Cherchez : qu’est-ce que l’UNICEF ?
L’UNICEF (United Nations International Children's Emergency Fund ou Fonds des Nations unies pour l’enfance) est une agence des Nations unies, créée en 1946, dont le siège est à New York (États-Unis). Cette agence de l’ONU est chargée de défendre les droits des enfants dans le monde entier et de répondre à leurs besoins essentiels et de favoriser leur plein épanouissement.
La priorité est donnée aux enfants les plus vulnérables, notamment victimes de la guerre, de catastrophes naturelles, de la pauvreté extrême et de toute forme de violence ou d’exploitation dans les pays les plus démunis. Elle intervient également en cas d’urgence en coordination avec les organismes des Nations unies, les principales organisations humanitaires, et les gouvernements nationaux.
3. Qu’elle est la justification donnée par l’Unicef pour recueillir des dons pour l’installation de tentes scolaires ?
L’agence de l’ONU chargée de défendre les droits des enfants dans le monde met en avant que « l’école est un lieu de socialisation qui permet aux enfants de se reconstruire ».
Dans des pays bouleverser par catastrophes, des conflits, etc. elle offre un cadre stable et sécurisé nécessaire à l’équilibre des individus.
4. La socialisation scolaire est-elle un phénomène universel ? Les enfants qui ne vont pas à l’école sont-ils socialisés ?
Non, la socialisation au sein d’une institution scolaire n’est pas un phénomène universel. Si la scolarisation des enfants s’améliore dans le monde, le nombre d’enfants non scolarisés en primaire a été divisé par près de deux entre 2000 et 2015, il reste des millions d’enfants non scolarisés dans le monde alors que le taux de scolarisation est de 100 % dans la majorité des économies développés.
Les taux de scolarisation sont les plus faibles en Afrique subsaharienne et dans quelques pays d’Asie du sud-est.
Les enfants qui ne vont pas à l’école sont socialisés : ils intériorisent des normes et des valeurs mais pas toujours celles qui leur permettent de participer au développent de leur pays (lire, écrire, compter) et celles qui sont source d’émancipation, de meilleur respect des droits, notamment pour les filles, et de mobilité. En effet, plus son niveau d’instruction est élevé plus les préférences et les aspirations qui caractérisent tout individu instruit le poussent à quitter le milieu rural quelles que soient les perspectives de revenu.
Document 7. Une même expérience scolaire ? Le rôle du milieu social
La réussite au baccalauréat selon l'origine sociale, session 2017.
Admis en nombre et taux de réussite en %
Questions :
1. Faites une phrase avec les deux premiers chiffres.
2. Faites une phrase avec la ligne « Employés ».
3. Que peut-on déduire de ce tableau ?
4. Pourquoi, selon vous, la DEPP a fait ressortir la catégorie socioprofessionnelle « professeurs et assimilés » parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures ? (Utilisez le concept de socialisation dans votre réponse)
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Questions :
1. Faites une phrase avec les deux premiers chiffres.
Selon la DEPP, 5658 lycéens dont les chefs de famille sont « agriculteurs exploitants » ont passé le baccalauréat général lors de la session 2017 avec un taux de réussite de 94,3%.
2. Faites une phrase avec la ligne « Employés ».
Selon la DEPP, 113 834 lycéens dont les chefs de famille appartient au groupe socioprofessionnel « employés » ont passé le baccalauréat lors de la session 2017 avec un taux de réussite de 88,1%.
Ce taux varie selon le baccalauréat, le taux de réussite au baccalauréat général était de 89,6% (58 830 élèves), 90,9% pour le baccalauréat technologique (26 753 élèves) et de 83% pour le baccalauréat professionnel (28521 élèves).
3. Que peut-on déduire de ce tableau ?
Le taux de réussite au baccalauréat varie selon le type de bac et selon l’origine sociale des élèves. Ainsi, selon la DEPP, pour la session 2017, le taux de réussite au baccalauréat général était de 90,6%, le taux de réussite au baccalauréat technologique était de 90,4% et le taux de réussite au baccalauréat professionnel était de 81,5%,
Cette même session, le taux de réussite au baccalauréat général était de 86,7% pour les enfants d’ouvriers contre 94,7% pour les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, soit une différence de 8 points de pourcentages.
4. Pourquoi, selon vous, la DEPP a fait ressortir la catégorie socioprofessionnelle « professeurs et assimilés » parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures ? (Utilisez le concept de socialisation dans votre réponse)
Les enfants d’enseignants sont socialisés dans un univers familial qui partage les normes et les valeurs scolaires qui forment l’univers professionnel d’au moins un de leurs parents. A priori, pour un même niveau de travail et à compétences égales, ils devraient avoir de meilleures performances que les autres lycéens puisqu’ils bénéficient d’une aide à la maison qui maîtrise les attentes de l’institution scolaire.
C’est ce que confirme le document de la DEPP puisque, même s’ils n’obtiennent pas tous le baccalauréat, les lycéens dont les parents sont « professeurs et assimilés » ont des taux de réussite supérieures à la moyenne des lycéens, quel que soit le baccalauréat, voire légèrement supérieurs aux enfants aux autres enfants du groupe « cadres et professions intellectuelles supérieures ».
Document 8. Enseigne-t-on la différence des sexes ? Découvrir la notion de genre
Analyse de 492 albums de jeunesse
La prise en compte de la valorisation sociale classiquement accordée aux activités exercées accentue cette domination masculine quantitative. En effet, en cohérence avec leur surreprésentation dans les rôles secondaires, les personnages féminins sont surreprésentés dans des activités peu valorisées socialement. Ce qui est particulièrement notable pour les personnages adultes dont les activités sont plus aisément situables sur l’échelle générale des valeurs.
Sans surprise, ce sont les occupations répétitives du quotidien relevant de la sphère privée, telles que les activités ménagères ou de soins courants aux enfants, qui sont le plus souvent associées aux personnages féminins. Et lorsque ces derniers sont représentés dans l’exercice d’une activité professionnelle (ce qui arrive deux fois moins que pour les personnages masculins adultes), ils restent cantonnés dans des activités peu diversifiées, prolongeant leurs supposées qualités féminines naturelles de soin et de soucis d’autrui (le care). En regard, les activités exercées par les personnages adultes masculins relèvent davantage de la sphère publique.
Elles sont présentées plus variées, et supposent à la fois expertise et responsabilité sociale. En ce sens, ces albums contribuent à perpétuer et à légitimer cette valence différentielle des sexes qui « traduit la place différente qui est faite universellement aux deux sexes sur une table des valeurs et signe la dominance du principe masculin sur le principe féminin » (Françoise Héritier, 2002)
Questions :
1. Selon vous, pourquoi les albums de jeunesse sont importants dans la socialisation primaire ?
2. Faites une phrase avec la première ligne du tableau.
3. Quelles sont les grandes oppositions qui sont repérées dans ce texte ?
4. Que signifie, selon vous, l’expression « valence différentielle des sexes » proposée par l’anthropologue Françoise Héritier (1933-2017) ?
5. Selon vous, pourquoi distingue-t-on le concept de « sexe » et de « genre » ?
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Questions :
1. Selon vous, pourquoi les albums de jeunesse sont importants dans la socialisation primaire ?
Les albums sont des supports de socialisation. Ils transmettent aux enfants des normes et des valeurs, notamment des prescriptions sociales ou sexuées. Ils sont d’autant plus importants dans la construction des identités que les images s’adressent souvent à des enfants qui ne savent pas encore lire. Il n’est ainsi pas sans effets d’y trouver plus de héros que d’héroïnes, plus de garçons au centre des images que de filles.
L’article souligne surtout qu’ils sont aussi des outils pédagogiques utilisés par les professeurs des écoles, notamment des supports de lecture proposés à l’école primaire. Les albums jeunesse à disposition des élèves dans les classes et les bibliothèques peuvent contenir des images, des mises en scène, des scénarios qui peuvent s’opposer aux consignes officielles qui prescrivent l’égalité des sexes et au travail des enseignants.
2. Faites une phrase avec la première ligne du tableau.
Selon l’étude d’Elsa Le Saux-Pénault et Cendrine Marro réalisée sur 492 albums de jeunesse en 2018, 118 albums présentaient des personnages féminins centrés en avant sur la couverture, soit 48% des personnages féminins et 416 albums présentaient des personnages masculins centrés en avant sur la couverture, soit 69% des personnages masculins.
En plus de la surreprésentation des personnages identifiables comme étant de sexe masculin, il y a davantage de centralité accordée aux personnages assignés au masculin dans l’histoire comparativement aux personnages assignés au féminin.
3. Quelles sont les grandes oppositions qui sont repérées dans ce texte ?
Le texte met en évidence l’opposition entre :
- des occupations répétitives du quotidien relevant de la sphère privée (activités ménagères ou de soins courants aux enfants) et des activités professionnelles peu diversifiées, plutôt attribuées aux filles ;
- les activités variées relevant de la sphère publique et les activités professionnelles supposant à la fois expertise et responsabilité sociale, plutôt attribuées aux garçons.
4. Que signifie, selon vous, l’expression « valence différentielle des sexes » proposée par l’anthropologue Françoise Héritier (1933-2017) ?
Françoise Héritier constate que la distinction entre féminin et masculin est universelle et que « partout, de tout temps et en tout lieu, le masculin est considéré comme supérieur au féminin. ». Ce constat est appelé « la valence différentielle des sexes ». Le terme de « valence » renvoyant à la puissance d’attraction ou de répulsion d’un objet ou d’une activité en psychologie.
« Cette forme de contrat entre hommes, l’expérience ethnologique nous la montre partout à l’œuvre. Sous toutes les latitudes, dans des groupes très différents les uns des autres, nous voyons des hommes qui échangent des femmes, et non l’inverse. »
Françoise Héritier soulignait que la pensée humaine s’était organisée autour de catégories binaires, qui opposent le chaud et le froid, le sec et l’humide, le dur et le mou, le haut et le bas, l’actif et le passif, le sain et le malsain, etc. et que ces catégories binaires sont rattachées au masculin ou au féminin : « L’observation ethnologique nous montre que le positif est toujours du côté du masculin, et le négatif du côté du féminin. »
Elle illustre aussi ces catégories de valeurs qui sont construites et varient selon l'époque et les régions : « en Occident, "actif" (…) est valorisé, et donc associé au masculin, alors que "passif", moins apprécié, est associé au féminin. En Inde, c’est le contraire : la passivité est le signe de la sérénité (…). La passivité ici est masculine et elle est valorisée, l’activité – vue comme toujours un peu désordonnée – est féminine et elle est dévalorisée. »
Pour l’anthropologue, la « valence différentielle des sexes » résulte de la volonté des hommes, incapables d'enfanter, de contrôler la reproduction.
5. Selon vous, pourquoi distingue-t-on le concept de « sexe » et de « genre » ?
Le « genre » est une notion utilisée dans les sciences sociales pour mettre en exergue la dimension culturelle de l’appartenance sexuelle.
La notion de « sexe » traduit une réalité biologique universelle mais celle-ci entraîne une distribution du pouvoir et une répartition des rôles entre les femmes et les hommes différents dans une société donnée et dans une même société à différentes époques.
Document 9. Le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du milieu social : la fabrique des footballeurs
La fabrique des footballeurs
Le sociologue Julien Bertrand a mené l’enquête dans le centre de formation d’un grand club de football français. Son étude déconstruit l’image du talent sportif comme don, et celle du football comme voie privilégiée d’ascension sociale pour les jeunes issus des milieux populaires.
Le spectacle offert par la Coupe de Monde de football entretient l’idée, plus ou moins confuse, que le footballeur réalise sur le terrain un talent naturel dont le geste parfait veut être la plus belle incarnation. Mais la célébration du « génie » des idoles ne doit pas faire oublier qu’elles sont savamment produites – la grâce ne doit pas faire oublier que le football est un métier, dont l’apprentissage a ses règles et ses exigences. On ne naît pas footballeur, on le devient. Au football, l’accès à cette élite repose sur une socialisation longue et intensive, d’autant plus exigeante que derrière l’apparente facilité des gestes se cache un travail de longue haleine nécessitant un sens de l’effort et de la persévérance. (…)
Cette enquête, menée par le biais d’observations, d’entretiens (avec trente-trois apprentis) et d’une étude des dossiers scolaires, s’est déroulée dans l’un des grands clubs professionnels français, au sein duquel les apprentis connaissent un apprentissage sportif intensif (de quatre à sept entraînements hebdomadaires).
L’analyse de la genèse des parcours des jeunes apprentis montre que la carrière du footballeur n’a rien d’une « passion » spontanée. (…)
Premièrement, le développement de ces « talents » se réalise très souvent à l’intérieur de familles dans lesquelles l’initiation footballistique est d’autant plus précoce que ce sport y occupe une place conséquente. Sa pratique et son spectacle constituent souvent un trait significatif d’une précoce socialisation masculine portée par des pères « footeux » (deux tiers des pères ont joué en club) et dont les effets se lisent sur l’ensemble de la fratrie (neuf sur dix des frères des enquêtés pratiquent ou ont pratiqué ce sport). L’engagement de ces pères dans le jeu n’avait d’ailleurs souvent rien d’anecdotique puisqu’un tiers a pratiqué dans des championnats nationaux et près d’un quart a occupé des fonctions d’encadrement. Les footballeurs rejoignent ici d’autres métiers à carrière précoce dans lesquels l’initiation familiale joue souvent un rôle décisif (cela a été observé dans le domaine sportif chez les cyclistes et les athlètes ou dans le domaine musical chez les violonistes solistes ou les clarinettistes.
L’imprégnation précoce des jeunes par cette culture sportive s’opère, le plus souvent, à l’intérieur de familles appartenant aux milieux populaires. Plus de la moitié des apprentis rencontrés a un père ouvrier ou employé (environ 57 % sur 47 cas).
Les données sur le centre étudié, proches de celles produites par une enquête statistique menée au cours des années 1990, semblent situer le football parmi les sports où l’excellence est majoritairement l’affaire des classes populaires (avec le cyclisme ou la gymnastique par exemple), alors que la population des sportifs de haut niveau dans son ensemble est majoritairement issue de familles fortement dotées en ressources culturelles et économiques. Cependant, le lien entre professionnalisme et classes populaires est loin d’être univoque, et cela d’autant plus que l’institutionnalisation de la formation a toutes les chances d’élargir le recrutement social. C’est ce que laisse penser le fait que les fils des cadres et professions intellectuelles supérieures sont loin d’être exclus (presque un cinquième de la population) et que leur proportion s’est sensiblement accrue chez les footballeurs de métier entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990. Cette évolution rappelle, par ailleurs, que la relation entre les groupes sociaux et les formes de pratique sportive est l’objet de fluctuations historiques et n’a rien de « naturel ». (…)
Source : Julien Bertrand, « La fabrique des footballeurs », La Vie des idées, 30 juin 2010.
Questions :
1. Expliquez la phrase « On ne naît pas footballeur, on le devient »
2. Selon vous, comment s’opère cette une « socialisation longue et intensive » ?
3. Quelle est la place de la famille dans « La fabrique des footballeurs » ?
4. Illustrez la place et le rôle de la famille dans d’autres pratiques sportives
5. Le footballeur se « fabrique » t-il essentiellement dans les milieux populaires ?
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Questions :
1. Expliquez la phrase « On ne naît pas footballeur, on le devient »
L’auteur reprendre la célèbre phrase de Simone de Beauvoir (1908-1986) qui dans Le Deuxième Sexe (1949), un ouvrage qui fera date en décrivant les différences sociales entre hommes et femmes, affirme : « On ne naît pas femme, on le devient ». Il s’agit pour la philosophe et la féministe de souligner à travers l’histoire, les mythes et l’expérience vécue des femmes que ce sont les actions (lâcheté, sexisme, cruauté, passivité) des hommes et des femmes qui imposent des rôles différents aux personnes des deux sexes.
Dans ce texte, le sociologue veut déconstruire la vision du sportif de haut niveau comme « génie » dont seule de « don » expliquerait sa professionnalisation.
Il veut mettre à jour, comme pour tout métier, le processus d’apprentissage et d’intériorisation des normes, des comportements, des valeurs et des croyances d’un groupe social particulier : ici, les footballeurs professionnels.
2. Selon vous, comment s’opère cette une « socialisation longue et intensive » ?
Il met en avant l’idée d’un « parcours » qui se réalise à l’intérieur d’un système de formation fortement organisé et institutionnalisé.
L’apprentissage est pris en charge des institutions (cf. actions des fédérations au niveau départemental, régional ou national, centre de formation, etc.).
Il souligne aussi l’apprentissage sportif intensif (de quatre à sept entraînements hebdomadaires) nécessaire pour apprendre et intérioriser « les gestes du métier ».
L’apprentissage et la production rationalisée des savoir-faire, les efforts physiques nécessaire pour avoir un corps aux normes athlétiques, il soulignera dans son ouvrage l’inculcation d’une discipline individuelle et collective et la transmission de valeurs (« culture de la gagne », sens de l’honneur).
3. Quelle est la place de la famille dans « La fabrique des footballeurs » ?
Julien Bertrand souligne que la place de la famille est centrale. D’abord, elle influence les choix des enfants, explicitement ou implicitement, puisqu’ils pratiquent un sport déjà pratiqué, souvent à haut niveau, par leurs pères. Ensuite, la famille ne fait qu’initier et encourager, elle s’engage aussi (pères et/ou fratrie) pour renforcer la pratique.
4. Illustrez la place et le rôle de la famille dans d’autres pratiques sportives
On peut reprendre l’exemple cité dans le texte de la pratique d’un instrument de musique (violon, clarinette) dans lequel l’initiation et l’influence famille est centrale. Tout comme l’engagement financier (achats d’instrument) et en temps (accompagnement des enfants à l’école de musique et aux concerts).
5. Le footballeur se « fabrique » t-il essentiellement dans les milieux populaires ?
L’auteur rappelle que le football est un des sports (avec le cyclisme ou la gymnastique) où l’excellence est majoritairement l’affaire des milieux populaires (soit celle des jeunes dont les parents exercent un métier classé par l’Insee dans les catégories socioprofessionnelles « employés » ou « ouvriers »), ce qui n’est pas le cas des sportifs de haut niveau dans son ensemble.
Toutefois, il souligne que les fils des « cadres et professions intellectuelles supérieures » sont loin d’être exclus du métier de footballeurs. Leur proportion augmente d’ailleurs depuis les années 1990.
Document 10. Le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du genre : être une femme dans le monde des hommes
ETRE UNE FEMME DANS LE MONDE DES HOMMES
Socialisation sportive et construction du genre (2005)
Auteur : Christine Mennesson
En faisant partager l'expérience singulière des footballeuses, boxeuses et femmes haltérophiles de haut niveau, Christine Mennesson analyse les conséquences de l'entrée de femmes dans des mondes traditionnellement réservés aux hommes.
Elle cherche à identifier les conditions sociales qui qui permettent à des jeunes filles de faire le « choix » de pratique des activités dites masculines. Parmi les plus significatives, on peut relever l’appartenance aux milieux populaires, l’importance de la configuration familiale et du rôle des pères dans la construction d’un habitus sportif compétitif ainsi que la socialisation sportive précoce surtout pour les boxeuses et les footballeuses.
Boxeuses et footballeuses construisent et incorporent durant leur enfance une « contre-identité » de genre. Elles valorisent les activités avec les garçons et se distinguent du « féminin » qu’elles associent à la passivité et à l’inaction. Construisant un rapport au corps socialement considéré comme masculin, elles sont en conséquence considérées comme déviantes et souvent qualifiées de garçons manqués.
Toutefois, si elles doivent faire preuve de compétences dites « masculines », elles doivent se distinguer aussi du masculin pour éviter toute stigmatisation.
Prenant une distance avec les normes sexuées dominantes les sportives défendent le modèle de la femme active, l’autonomie et la valorisation de soi, et s’opposent à certains stéréotypes de l’éternel féminin symbolisé par la femme-objet. Tenant des discours globalement favorables à l’égalité entre les hommes et les femmes, elles ne s’identifient pas pour autant aux mouvements féministes.
En étudiant des carrières des sportives dans des activités qui ne leur sont a priori pas destinées, Christine Mennesson permet de réfléchir sur la construction sociale des genres. Elle met en évidence des formes contrastées de processus de construction du genre et la complexité des rapports sociaux de sexe et de leurs effets.
Questions :
1. Pourquoi la sociologue évoque une « expérience singulière » ?
2. Quelles sont les conditions sociales qui favorisent l’entrée des femmes dans ces activités dites masculines selon la sociologue ?
3. Les stéréotypes sont-ils uniquement véhiculés par les garçons ?
4. Que veut dire l’expression « construction sociale des genres » ? Donnez un exemple
Voir la correction
Questions :
1. Pourquoi la sociologue évoque une « expérience singulière » ?
L’adjectif « singulier » montre la volonté de reconnaître la spécificité d’une pratique. Certaines pratiques sportives sont souvent privilégiées par l’un ou l’autre sexe et cette séparation devient alors un de leurs traits distinctifs.
L’expression montre aussi que lorsque l’on sort de la norme, l’on étonne, surprend et, parfois, dérange.
2. Quelles sont les conditions sociales qui favorisent l’entrée des femmes dans ces activités dites masculines selon la sociologue ?
Christine Mennesson identifie principalement quatre conditions sociales qui favorisent l’entrée des femmes dans ces activités dites masculines :
- l’appartenance aux milieux populaires (filles d’employés et/ou d’ouvriers) ;
- l’importance de la configuration familiale ;
- le rôle des pères
- une socialisation sportive précoce (cf. boxeuses et footballeuses).
3. Les stéréotypes sont-ils uniquement véhiculés par les garçons ?
Non. Christine Mennesson montrent qu’une partie des boxeuses et des footballeuses construisent et incorporent durant leur enfance une « contre-identité » de genre.
Elles reproduisent aussi les stéréotypes qui associent à le « féminin » à la passivité et à l’inaction.
4. Que veut dire l’expression « construction sociale des genres » ? Donnez un exemple
Le sexe biologique ne permet pas de séparer les individus en deux catégories (hommes et femmes). Le genre est la construction sociale de la différence des sexes. Le terme de « construction sociale » vise à souligner la mise en place de ressources, d’espaces qui facilite l’adoption de comportements.
Ces ressources sont matérielles mais aussi symbolique : le genre renvoie aux valeurs socialement rattachées au masculin et au féminin. Ces significations participent de l’organisation de la vie sociale. Pour certains sociologues, le genre, en tant que rapport social construit sur la différence, est intrinsèquement un rapport de pouvoir.
Document 11. Le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du genre : les métiers du numérique
Un déploiement national des opérations Numériqu'elles, forum de sensibilisation des jeunes femmes aux métiers du numérique, est à l'étude.
Publié le 27/01/2019
Connaissez-vous la Britannique Ada Lovelace ? L'Américaine Grace Hopper ? La première imagine en 1843 le tout premier programme informatique, la seconde crée le langage COBOL en 1959. Mais 60 ans plus tard, les femmes ne représentent que 27% des salariés de l'informatique et du numérique, et 16% seulement des fonctions techniques. Alors que le secteur du numérique est le plus dynamique en termes d'emplois et de salaires, le féminiser devient une priorité des autorités publiques... et cela commence à l'école.
Numériqu'elles, une opération pilote de sensibilisation des collégiennes et lycéennes aux métiers du numérique est menée depuis 4 ans dans les Hauts-de-France, à Lille puis Amiens, à l'initiative d'entreprises comme IBM, de l'Académie de Lille, d'associations comme Femmes ingénieures. Euratechnologies organisera une 5e édition le 31 janvier. (…) Autant de rencontres qui aident à déconstruire l'image très masculine du secteur, avec la figure emblématique du "geek", la puissance des stéréotypes de genre, le sexisme virulent sur les réseaux sociaux... autant de facteurs qui peuvent dissuader les filles de s'orienter vers le numérique. De retour dans leur établissement, les participantes deviennent des "ambassadrices", chargées de partager, diffuser, leur prise de conscience. Une opération que le ministère de l'éducation nationale envisagerait de reproduire partout en France.
Questions :
1. Quelle est l’objet de l’association Numériqu'elles ?
2. Qu’est-ce qu’un stéréotype ? Connaissez-vous des stéréotypes attachés aux hommes ? Quel est le stéréotype pointé dans le document ?
3. Pourquoi « féminiser » un secteur d’activité ?
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Questions :
1. Quelle est l’objet de l’association Numériqu'elles ?
Numériqu’elles vise à sensibiliser les collégiennes et les lycéennes aux métiers du numérique.
Ces jeunes filles, en plus de cette information dispensée sur la formation possible à l'Université de Lille et le dispositif "Informatique au féminin" pour les aider à obtenir une bourse, seront mises en contact avec le monde économique et professionnel du numérique, et parcourront, de manière active, les stands présentant le recrutement et les métiers.
2. Qu’est-ce qu’un stéréotype ? Connaissez-vous des stéréotypes attachés aux hommes ? Quel est le stéréotype pointé dans le document ?
Un stéréotype est une idée, une opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe. Le « cliché » va influencer les manières de penser et d'agir. Les hommes serait plus matheux, plus actifs ou plus ambitieux que les femmes. Il s’agit pour l’association de lutter contre le stéréotype que les activités et les secteurs du numérique seraient des pratiques masculines.
3. Pourquoi « féminiser » un secteur d’activité ?
Tous les secteurs d’activité ne connaissent pas les mêmes évolutions en matière d’emplois, de salaires, de promotion, etc.
Le secteur du numérique est un des secteurs les plus dynamiques en termes d'emplois et de salaires. Le féminiser devient une priorité des autorités publiques pour que les femmes ne soient pas exclues des bénéfices de la révolution numérique.
Document 12. Le rôle de la famille et des réseaux sociaux : la socialisation politique à l’heure d’Internet
La famille est-elle encore le lieu privilégié de la transmission politique ?
Aujourd’hui encore, les études montrent que deux tiers des Français se situent dans la continuité des choix politiques de leurs parents. Mais il faut distinguer ce phénomène du vote lui-même car les camps traditionnels gauche-droite sont traversés de nombreux courants. La question des extrêmes travaille, par exemple, ces identifications primaires, y compris chez les jeunes. Et puis, on peut aussi ne pas voter.
La multiplication des moyens d’information et l’émergence du numérique ont-elles altéré cette transmission ?
Altéré, non, mais brouillé, c’est certain. Les jeunes sont soumis à une offre incessante qui se confronte aux valeurs forgées par l’expérience familiale. Mais les réseaux sociaux, très prisés des enfants et des adolescents, n’invalident pas l’influence de la transmission familiale. Contrairement à ce que l’on croit, le premier vecteur d’information politique des jeunes reste la télévision. Enfin, n’oublions pas qu’on s’informe toujours auprès de sources cohérentes avec ses idées, y compris sur Internet.
Les cas de rupture idéologique entre parents et enfants sont donc assez rares ?
Oui. D’une génération à l’autre, entre parents et enfants, la filiation politique, mesurée à partir du repérage élémentaire gauche-droite ou ni gauche ni droite, l’emporte sur les ruptures. Ces cas sont minoritaires. Les jeunes qui affirment être d’un bord différent de celui deux leurs deux parents représentent entre 10% et 12% des cas. Mais ces témoignages retiennent davantage l’attention car ils invitent à des questionnements.
Source : Entretien avec Anne Muxel, spécialiste de la socialisation politique. Le Monde, dimanche 19 et lundi 20 mai 2019.
Questions :
1. Les choix politiques peuvent-ils être confondus avec le vote ?
2. Comment mesure-t-on la filiation politique ? Est-ce toujours pertinent ?
3. Internet bouleverse-t-il la socialisation politique ?
4. Selon vous, peut-on parler de socialisation familiale pour le vote ?
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Questions :
1. Les choix politiques peuvent-ils être confondus avec le vote ?
Non, le vote est une expression des choix politiques parmi d’autres (manifester, réagir sur les réseaux sociaux, afficher des slogans sur ses vêtements, etc.). D’une manière générale, la participation politique désigne l’ensemble des activités, conventionnelle ou non conventionnelle, d’ordre politique que peuvent avoir les individus au sein d’une société.
2. Comment mesure-t-on la filiation politique ? Est-ce toujours pertinent ?
On mesure la filiation politique en demandant aux personnes de se situer sur un axe droite/gauche. En France, l’origine de cette opposition trouve sa source lors de la Révolution française. En septembre 1789, l’Assemblée constituante examine la question du veto royal sur les lois votées par les représentants du peuple. Les adversaires du véto royal ont pris l’habitude de siéger « du côté gauche » du président de séance. Les défenseurs du veto sont du « côté droit ».
Aujourd’hui le clivage droite/gauche n’a plus de référence à la monarchie mais renvoie à des oppositions sur les valeurs (cf. vision de la liberté et de la justice) et les normes (cf. vision de l’égalité économique et sociale).
Anne Muxel défend la pertinence de cette dichotomie. D’autres la nuance plus fortement avec l’affirmation de nouveau clivage liée à la construction européenne, l’affirmation des problème écologiques, etc.
3. Internet bouleverse-t-il la socialisation politique ?
Les sites et les réseaux sociaux numériques proposent une large offre de contenus, réactions, positions qui parfois renforcent mais aussi nuancent, contredisent voire concurrencent les normes et les valeurs transmises par la famille. Toutefois, selon Anne Muxel, « les réseaux sociaux, très prisés des enfants et des adolescents, n’invalident pas l’influence de la transmission familiale ».
De plus l’auteur souligne que, même à l’heure de la généralisation des smartphones, la télévision reste un vecteur de socialisation politique central.
4. Selon vous, peut-on parler de socialisation familiale pour le vote ?
Certes, l’école, notamment les cours d’éducation civique, transmettent des normes et des valeurs dont l’importance de la participation électorale dans les démocraties.
Néanmoins, le sociologue constate que la famille joue un grand rôle dans l’apprentissage des gestes et des valeurs électorales. Les premiers votes se font généralement en famille ! On accompagne ses parents lorsque l’on est mineur au bureau de vote, puis on suit ses parents le jour où l’on a acquis le droit de vote. On vote rarement seul la première fois… même si le code électoral oblige à s’isoler pour introduire son bulletin dans l’enveloppe électoral.
Exercice 1. Qu’est-ce que l’école pour un sociologue ?
Questions :
1. Définissez une norme
2. Donnez un exemple de norme transmise à l’école maternelle
3. Selon vous, qu’est-ce que l’école pour un sociologue ?
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Questions :
1. Définissez une norme
Une norme est une règle de conduite, un principe ou un critère de référence pour l’action.
2. Donnez un exemple de norme transmise à l’école maternelle
L’école va transmettre les règles pour se tenir en classe, prendre la parole (lever la main) ainsi que les normes d’écriture, de lecture, etc.
3. Selon vous, qu’est-ce que l’école pour un sociologue ?
Pour le sociologue, l’école est un lieu de socialisation, c’est-à-dire un lieu d'apprentissage et d'intériorisation des normes et des valeurs. Ces processus de transmission et d'apprentissage sont différenciés selon l'âge.
Exercice 2. Évolutions des normes : la socialisation et l’âge
Usage de l'internet pour les loisirs selon l'âge en 2018
(en %)
Champ : France, ensemble des particuliers.
Source : Eurostat
Questions
1. Faites une phrase avec le chiffre « 64 »
2. Qu’est-ce qu’une génération ? Illustrer une différence de pratique entre génération à l’aide de ce tableau.
3. Comment expliquer les différences de lecture des journaux entre les 16-24 ans et les 65-74 ans ?
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Questions
1. Faites une phrase avec le chiffre « 64 »
Selon Eurostat, 64% des personnes interrogées ayant 16-24 ans s’informent sur des journaux et autres sites d’information en ligne en 2018.
2. Qu’est-ce qu’une génération ? Illustrer une différence de pratique entre génération à l’aide de ce tableau.
Une génération est l’ensemble des individus nés pendant une période donnée. Selon Eurostat, 81% des 16-24 ans écoutent des radios en ligne et de la musique en streaming en 2018 contre 12% pour les 65-74 ans.
3. Comment expliquer les différences de lecture des journaux entre les 16-24 ans et les 65-74 ans ?
Selon Eurostat, 64% des personnes interrogées ayant 16-24 ans s’informent sur des journaux et autres sites d’information en ligne en 2018 contre 33% pour les 65-74 ans. Cette différence de 31 points de pourcentage peut s’expliquer par de multiples raisons, notamment économiques (cf. le prix d’un journal papier). Elle s’explique aussi par des différences de socialisation. Le premier smartphone date de 1994 (et l’iPhone de 2007). L'apprentissage de la lecture de la presse pour les plus jeunes s’opèrent essentiellement via des canaux numériques. Les membres d'une société intègrent progressivement les normes dominantes de la société mais ces normes changent, d’où les différences de pratique entre génération.
Exercice 3. Replacer les termes suivants dans le texte.
Insertion professionnelle - socialisation anticipatrice - groupe d’appartenance - groupe de référence
Attention : un terme est utilisé deux fois
Observant des étudiants en médecine, le sociologie américain Robert K. Merton (1910-2003) avait noté (The Student Physician, Harvard, Harvard University Press, 1957) que, désireux d’intégrer le monde professionnel des médecins, de nombreux étudiants se détachent de leur ……………. ………………. et adoptent les codes des professionnels qu’ils aspirent à devenir. Il identifie alors des phénomènes de ……………. ………………., soit l’incorporation par avance de normes et de valeurs, en vue de l'intégration dans un groupe social différent du sien.
Pour faciliter son ……………. ………………. ou ses engagements civiques (politiques, syndicales, associatifs, etc.), les individus intègrent les normes et les valeurs de leur ……………. ………………., qui peuvent être différentes de celles de leur ……………. ………………..
Voir la correction
Insertion professionnelle - socialisation anticipatrice - groupe d’appartenance - groupe de référence
Attention : un terme est utilisé deux fois
Observant des étudiants en médecine, le sociologie américain Robert K. Merton (1910-2003) avait noté (The Student Physician, Harvard, Harvard University Press, 1957) que, désireux d’intégrer le monde professionnel des médecins, de nombreux étudiants se détachent de leur groupe d’appartenance et adoptent les codes des professionnels qu’ils aspirent à devenir. Il identifie alors des phénomènes de socialisation anticipatrice, soit l’incorporation par avance de normes et de valeurs, en vue de l'intégration dans un groupe social différent du sien.
Pour faciliter son insertion professionnelle ou ses engagements civiques (politiques, syndicales, associatifs, etc.), les individus intègrent les normes et les valeurs de leur groupe de référence, qui peuvent être différentes de celles de leur groupe d’appartenance.