En Europe, une disparité de façade
A l'issue du Conseil européen des 11-12 décembre 2008 a été adopté un plan de relance de 200 milliards d'euros équivalent à 1,5 % du PIB européen, conformément aux recommandations de la Commission. Or, sur les 200 milliards d'euros de dépenses affichées, 30 milliards sont des dépenses communautaires (principalement des prêts de la Banque Européenne d'Investissement) et 170 milliards relèvent des budgets nationaux.
Bien qu'un assouplissement temporaire du Pacte de stabilité et de croissance pour "circonstances exceptionnelles" et autorisant un dépassement du plafond de 3 % de déficit public ait été accordé aux Etats membres, tous ne bénéficient pas des mêmes marges de manœuvre, ni des mêmes priorités.
En découlent des disparités dans les orientations des différents plans de relance qui mettent cependant tous l'accent sur deux points :
-
l'investissement productif, c'est-à-dire la trésorerie d'entreprise (aides au PME, aides aux secteurs automobile). C'est surtout le cas en Allemagne et en France, où le taux d'utilisation des capacités de production a rapidement chuté. Il est donc peu probable que les aides accordées aux entreprises se transforment immédiatement en investissement car il faut attendre la remontée du taux d'utilisation des capacités de production. L'effet le plus urgent consiste à donner rapidement des liquidités aux entreprises, afin d'éviter les faillites et les licenciements ;
-
les dépenses en infrastructures publiques, pour pallier le ralentissement du secteur de la construction (industrie très intensive en main d'œuvre). Néanmoins, si l'on veut faire fonctionner l'effet multiplicateur des investissements publics, il faut que le taux d'utilisation des capacités de production soit proche de 100 %.
Hormis au Royaume-Uni, les aides à la consommation des ménages sont moins prioritaires. Sans doute un tel soutien semble-t-il précipité en raison de la rigidité des salaires nominaux (qui ne suivront pas le processus de désinflation). Cependant, pour que cette relance par la consommation soit efficace et produise un effet multiplicateur sur l'économie, la propension marginale à épargner des ménages ne doit pas être trop importante. Or, si les ménages doivent se désendetter, il est fort probable que toute aide en leur direction se traduise par une hausse de l'épargne.
Tableau comparatif des plans de relance européens
Au Japon, priorité à la consommation et à l'emploi
Le Japon a été touché par la crise mondiale via les échanges mondiaux, le ralentissement économique mondial et l'appréciation récente du yen réduisant la demande extérieure. Après une forte inflation en 2008, la déflation pourrait survenir mi-2009, en raison d'un sous-emploi persistant des ressources économiques et d'une faible progression des salaires. Ce changement de contexte explique l'évolution des plans de relance japonais.
-
Plan n°1 du 28 août 2008 : 73 milliards d'euros pour soutenir consommateurs, agriculteurs et entreprises face aux prix élevés du pétrole et des produits de base (denrées alimentaires et métaux). Les aides aux PME, qui assurent 70 % des emplois sont substantielles.
-
Plan n°2 du 30 octobre 2008 : 207 milliards d'euros pour relancer la consommation (réductions fiscales, aides directes aux ménages, allocations familiales ou vieillesse, prêts immobiliers bonifiés). Cela devrait permettre une hausse de la TVA d'ici 3 ans, le Japon ne pouvant financer ce plan par emprunt obligataire. En effet, les marges de manœuvre budgétaire restent limitées : le taux d'endettement public est élevé et le déficit public devrait selon les prévisions de l'OCDE atteindre 3,3 % en 2009 .
-
Plan n°3 du 12 décembre 2008 : 192 milliards d'euros consistant essentiellement en des baisses d'impôts, et des aides aux travailleurs temporaires récemment licenciés.
-
Plan n°4 du 27 janvier 2009 : 40 milliards d'euros devant notamment financer le versement d'aides en argent liquide à chaque ménage, et l'injection de capitaux publics dans les entreprises de tous les secteurs de l'économie menacées par la crise économique.
Aux Etats-Unis, un plan encourageant les investissements publics
Le "plan de relance et de réinvestissement américain de 2009" s'élève à 789 milliards de dollars.
282 milliards seront consacrés à des allègements fiscaux devant inciter à la consommation et à l'investissement (la consommation étant freinée par les fortes pertes patrimoniales des ménages). Les 507 milliards restant iront au financement de chantiers publics et d'aides aux gouvernements locaux, afin de remédier au sous-emploi des ressources (qui font pression à la baisse sur les prix).
Selon l'OCDE, le déficit public des Etats-Unis représentait déjà 5,3 % du PIB en 2008. Compte tenu de la moindre attractivité du dollar, vont-ils pouvoir poursuivre le financement de leur déficit public par les capitaux étrangers ?
Hors OCDE, vers un rééquilibrage
De nombreux pays subissent un ralentissement économique, sous l'effet conjugué de quatre facteurs : des conditions de crédit plus restrictives au niveau international, un durcissement intérieur de la politique économique, des pertes de recettes dues à la baisse des prix des produits de base et un affaiblissement de la demande émanant des pays de l'OCDE.
Mais le ralentissement de la croissance intervient à partir de niveaux élevés. Ainsi en est-il de la Chine dont le PIB a augmenté de 9,8 % en moyenne par an durant ces trois dernières décennies.
Elle a annoncé un plan de relance de 454 milliards d'euros, soit 7 % du PIB, destiné à des réductions fiscales et à des investissements publics durant deux ans. C'est aussi l'occasion pour ce pays de rééquilibrer sa croissance, jusqu'à présent très dépendante des exportations.