Introduction
L'ouvrage traite du phénomène des travailleurs pauvres, un concept qui n'est pas récent et qui remonte bien avant les crises économiques des années 1970. Dès les années 1960, le débat sur les "working poor" était déjà présent aux États-Unis et s'est étendu aux autres pays avancés. L'existence de travailleurs pauvres est surprenante dans un contexte de gains de productivité élevés et d'augmentation du niveau de vie moyen. Le progrès technique, par ses effets d'exclusion, est souvent évoqué comme une cause possible de cette pauvreté laborieuse.
I. Quantification et facteurs de la pauvreté laborieuse
- Indicateurs de pauvreté : La pauvreté est souvent mesurée de manière relative, les travailleurs pauvres étant ceux dont les revenus sont inférieurs à 60 % de la médiane des revenus.
- Observations en France : Le taux de pauvreté en France est stable autour de 14 % pour l'ensemble de la population et de 5 % pour les travailleurs à temps plein. La pauvreté est plus fréquente chez les travailleurs à temps partiel ou en contrats courts.
- Comparaison internationale : En France, les taux de pauvreté des travailleurs à temps plein et de la population globale sont inférieurs aux moyennes de la zone euro et de l'Union européenne.
- Facteurs de pauvreté : Les principaux facteurs de pauvreté sont le nombre d'heures travaillées et la situation familiale. La pauvreté est plus élevée chez les travailleurs à temps partiel contraint et les familles monoparentales.
II. Politiques de lutte contre la pauvreté laborieuse
- Politiques redistributives en France : La France se distingue par une multiplicité de politiques redistributives telles que le Revenu de Solidarité Active (RSA), la Prime d'Activité, et l'Allocation Parentale d'Éducation. Ces politiques ont réduit les risques de pauvreté mais introduisent des contradictions et une complexité qui rendent leur appropriation difficile.
- Efficacité du SMIC : L'augmentation du salaire minimum (SMIC) est souvent débattue comme solution à la pauvreté laborieuse. Cependant, les études montrent que le SMIC n'est pas très efficace pour réduire cette pauvreté et peut même évincer de l'emploi les personnes les plus fragiles.
III. Préconisations pour réduire la pauvreté laborieuse
L'auteur propose quatre orientations pour réduire la pauvreté laborieuse tout en évitant les effets pervers des politiques existantes :
1. Travailleurs à temps partiel : Au lieu d'imposer une quotité minimale de travail, il est suggéré de faciliter le changement d'emploi pour les travailleurs à temps partiel subi et d'encourager le développement du temps choisi.
2. Travailleurs avec charges familiales : Pour les travailleurs à temps partiel avec de fortes charges familiales, il est recommandé de renforcer le soutien à la garde des enfants et d'améliorer l'accès aux structures adaptées.
3. Mobilité sociale et salariale : Les politiques publiques doivent être repensées pour ne pas désinciter la mobilité ascendante des travailleurs pauvres. Cela inclut une réflexion sur la dégressivité des réductions de contributions sociales et la transformation des minima sociaux.
4. Mobilité intergénérationnelle : La formation initiale et professionnelle joue un rôle clé dans la mobilité sociale. En France, les performances scolaires sont fortement influencées par le statut socio-économique, nécessitant une réforme de l'Éducation nationale pour améliorer la mobilité intergénérationnelle. La réforme de la formation professionnelle de 2018 doit également être évaluée.
Conclusion
L'ouvrage met en lumière la complexité de la pauvreté laborieuse et l'inefficacité de certaines solutions simplistes comme l'augmentation du SMIC. Il propose une approche plus ciblée et intégrée pour lutter contre la pauvreté des travailleurs en combinant soutien familial, facilitation de la mobilité professionnelle et réforme de l'éducation. Ces recommandations visent à offrir des solutions durables et efficaces pour réduire la pauvreté laborieuse en France.
Cette synthèse permet de comprendre les principaux enjeux et propositions de l'ouvrage, facilitant ainsi une bonne compréhension des mesures nécessaires pour lutter contre la pauvreté laborieuse.