
De toutes les facettes de la pauvreté, il en est une qui suscite l’attention croissante des chercheurs : ses effets dépressifs sur la psyché des travailleurs précaires qui obèreraient leurs revenus potentiels.
La précarité et son cortège de stress et de traumatismes peuvent en effet peser sur la productivité des travailleurs et leur niveau de rémunération. Pour tester l’hypothèse d’un lien entre la pauvreté et la productivité, Supreet Kaur, Sendhil Mullainathan, Suanna Oh et Frank Schilbach ont mené des expériences sur le terrain impliquant 408 ouvriers de l’état indien d’Odisha travaillant à façon.
Comme cela se fait communément ailleurs, ces travailleurs sont employés à temps plein par périodes de deux semaines. Ils sont engagés par des restaurants pour fabriquer des assiettes jetables (une tâche exigeante aussi bien sur le plan physique que cognitif) et rémunérés à hauteur de leur productivité. L’expérience menée par les auteurs a eu lieu durant la saison basse, une période éprouvante sur le plan financier pour de nombreux Indiens. À titre d’exemple, au début de l’étude, 71 % des travailleurs de l’échantillon étaient endettés et 86 % d’entre eux disaient avoir des problèmes financiers.
Les travailleurs semblaient être affectés au travail par ces inquiétudes. Environ un travailleur sur deux se disait préoccupé durant son travail par des problèmes financier.