Melchior vous propose ce décryptage pédagogique de la note de la DARES « Compétences inadéquates, efforts de recrutement insuffisants : quelle place dans les difficultés d’embauche ? », publié sur le site de la DARES en mai 2022, pour que vous l’exploitiez en classe avec vos élèves.
D’une densité remarquable, elle permet de traiter certains points de programme de spécialité SES en terminale et de CPGE.
Résumé
La note de la DARES, « Compétences inadéquates, efforts de recrutement insuffisants : quelle place dans les difficultés d’embauche ? » , publiée en mai 2022, s’intéresse aux facteurs susceptibles d’expliquer les problèmes de recrutement rencontrés par les employeurs aujourd’hui.
Deux hypothèses explicatives peuvent être mobilisées pour comprendre ces problèmes d’appariement sur le marché du travail. La première concerne l’offre de travail et renvoie à une inadéquation des compétences des demandeurs d’emploi au regard des besoins de l’appareil productif. La seconde est liée à un effort de recrutement insuffisant de la part des employeurs.
Dans cet article, la DARES s’appuie sur des données statistiques américaines portant globalement sur la période 2009-2019. Ces données montrent que les problèmes d’appariement observés aux États-Unis sont essentiellement liés à une baisse de l’effort de recrutement des employeurs. La question des compétences des personnes en recherche d’emploi et de leur mobilité géographique aurait assez peu contribué à la hausse du chômage américain pendant la période observée. En revanche, la DARES met l’accent sur les comportements des recruteurs. C’est donc l’insuffisance des moyens mis en œuvre dans la recherche de candidats, le niveau des salaires d’embauche, les conditions de travail proposées ou encore les critères de sélection des candidats qui rendent difficile l’appariement entre l’offre et la demande de travail. Au sein même de cette diversité de ces éléments caractérisant la qualité de l’effort de recrutement, les études synthétisées par la DARES insistent sur l’impact de la baisse de l’effort de recrutement et repèrent un caractère pro-cyclique à celui-ci : l’efficacité de l’appariement serait plus faible en période de ralentissement économique. La courbe de Beveridge rend compte de ce phénomène.
Cette analyse est donc particulièrement intéressante car, le plus souvent, tant dans le débat politique que dans un certain nombre d’analyses économiques, les problèmes d’appariement entre offre et demande de travail sont associés à l’inadéquation des compétences des personnes en recherche d’emploi au regard des besoins des entreprises.
Cet article explique aussi combien faire la distinction entre les différents facteurs à l’œuvre est un enjeu en matière de politiques publiques. Ainsi, les politiques publiques visant les politiques de formation ont peu d’efficacité quand les frictions sur le marché du travail proviennent aussi de conditions de travail et de salaires peu attractifs (secteurs du transport, de la restauration ou encore des loisirs).
LES TERMES CLES :
Appariement
L’appariement sur marché du travail désigne la mise en relation de l’offre de travail avec la demande de travail, c’est-à-dire des travailleurs avec les emplois.
Chômage d’inadéquation
Le chômage d'inadéquation est défini comme une composante du chômage structurel traduisant la mauvaise qualité de l’appariement entre l’offre et la demande de travail. Il se mesure par la distance qui sépare le taux de chômage moyen et le taux de chômage minimal obtenu en l'absence de toute friction sur le marché du travail. Les anglophones utilisent le terme mismatch pour le désigner.
LE POINT THEORIQUE :
La courbe de Beveridge
La courbe de Beveridge montre la relation entre le taux d’emplois vacants et le taux de chômage au cours du temps. Cette relation est négative : plus le taux d’emplois vacants est élevé, plus les demandeurs d’emploi ont de chances de trouver un emploi répondant à leurs attentes et plus le taux de chômage est faible.
Plus la courbe se déplace vers le haut et la droite du graphique, plus l’appariement se fait difficilement.
Les déplacements le long de la courbe désignent les modifications de la relation taux de chômage-emplois vacants. Par exemple, lorsque l’activité économique ralentit, le taux de chômage augmente alors que et le taux d’emplois vacants diminue (déplacement le long de la courbe de Beveridge vers la droite).
La courbe de Beveridge montre que les fluctuations économiques génèrent des mouvements le long de la courbe vers la gauche ou vers la droite.
RETROUVEZ L’ARTICLE COMPLET :
L’EXTRAIT POUR LA CLASSE DE TERMINALE :
Cet extrait pour la classe de terminale (chapitre « Comment lutter contre le chômage ») illustre les moyens mis en œuvre face aux problèmes d’appariement sur le marché du travail en France :
« Des politiques de subvention à l’embauche pourraient donc inciter les entreprises à accroître leurs efforts de recrutement et ainsi améliorer l’efficacité du processus d’appariement en complément des efforts d’accompagnement des demandeurs d’emploi.
En France, la décision récente de Pôle emploi de davantage accompagner les entreprises rencontrant des difficultés de recrutement en leur proposant une solution pour les surmonter (méthode de recrutement par simulation, analyse de poste, présélection des candidatures, appui à la conduite d’entretiens, amélioration de l’attractivité de l’offre d’emploi, etc.) va également dans ce sens. Les politiques orientées vers les employeurs peuvent aussi contribuer à améliorer la qualité des appariements réalisés. Pôle emploi a expérimenté en 2015 une aide gratuite au recrutement – notamment via des services de recherche et de présélection des candidats – pour les petites et moyennes entreprises qui a incité les entreprises en ayant bénéficié à embaucher davantage de demandeurs d’emploi en contrat à durée indéterminée, l’effet étant d’autant plus fort que leur recours à Pôle emploi est régulier. »
LES SUJETS QUI FONT DEBAT :
- Quelles sont les causes du chômage ?
- Quelle est la part du chômage structurel ?
- Comment lutter contre le chômage structurel ?
LES PLUS DE L’ARTICLE :
- Mesurer et comprendre l’impact des comportements des employeurs sur l’efficacité de l’appariement sur le marché du travail
- Identifier le faible impact relatif du niveau des compétences sur les problèmes d’appariement
POUR ALLER PLUS LOIN :
Sur la question des compétences :