Publié en mars 2023, cette note permet d’actualiser la question « Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? », inclue dans les programmes de spécialité SES en terminale et le thème « Les politiques sociales » en CPGE.
Le titre et la référence de l'article :
Melchior vous propose ce décryptage pédagogique de la note de l’Insee, Dans le secteur privé, l’écart de salaire entre femmes et hommes est d’environ 4 % à temps de travail et à postes comparables en 2021, afin que vous l’exploitiez en classe avec vos élèves.
LES + DE L’ARTICLE :
- Une mesure actualisée des écarts de salaires entre hommes et femmes
- Une mise à jour des effets de structure sur les inégalités salariales
- La liste des 20 métiers les plus féminisés
- Des données permettant de mesurer l’effet des enfants (et de leur âge) sur les situations professionnelles et les salaires des femmes et des hommes
RESUME :
Parmi les salariés du secteur privé, les écarts de salaires entre femmes et hommes se sont réduits durant ces dernières décennies. Depuis 1995, cet écart a baissé de plus de 6 points de pourcentage.
En 2021, les femmes perçoivent, en moyenne, 24 % de moins que les hommes. Mais ce sont largement des facteurs structurels, en particulier les comportements genrés, qui expliquent les écarts salariaux : proportion d’emploi à temps partiel, type de poste de travail, secteur d’activité, etc. Si, comme le fait l’Insee, on annule ces effets de structure et si on se place en équivalent temps plein (ETP) et à poste comparable, l’écart de salaires femmes est de 4,3 %.
La note présentée ici explique donc à la fois les facteurs de la tendance historique à la réduction des inégalités salariales femmes-hommes et les raisons de l’écart de 20 points entre l’inégalité salariale brute et celle qui intègre les effets de structure.
L’Insee insiste sur le poids de la ségrégation professionnelle : les différences de temps de travail ont eu tendance à se réduire depuis 25 ans, ce qui a largement contribué à la baisse des inégalités salariales. Mais le temps de travail féminin reste, en moyenne, inférieur d’environ 10 % à celui des hommes en 2021 du fait d’une part d’emploi à temps partiel qui reste plus élevée pour les femmes.
L’évolution des comportements d’activité a également eu un impact sur la réduction des écarts de rémunération. Ainsi, l’accès des femmes à des emplois de cadres (de 23% des cadres du privé en 1995, elles sont passées à 37 % en 2021) est propice à la réduction des écarts de salaires mais cela ne saurait faire oublier la surreprésentation des femmes dans les emplois les moins rémunérés et leur sous-représentation dans les emplois les mieux rémunérés, ce qui explique largement la persistance d’écart de salaires.
Les données de l’Insee évaluent également le poids d’autres facteurs d’inégalités salariales entre hommes et femmes tels que la taille de l’entreprise, ce qui renvoie là aussi à la structure de l’emploi féminin. L’étude montre aussi que l’âge et le nombre d’enfants n’a pas le même impact sur les salaires féminins et masculins. La structure familiale a donc elle aussi un effet indirect sur les conditions de rémunération.
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LES TERMES CLES :
- EFFET DE STRUCTURE :
On parle d’effet de structure lorsque, dans une population, une de ses composantes évolue dans un sens différent du reste de la population.
Par exemple, le salaire moyen de chaque groupe professionnel peut rester stable alors que le salaire moyen augmente fortement si la part des professions très qualifiées, donc mieux payées, augmente dans l’ensemble. Mécaniquement la moyenne des salaires augmente elle aussi.
- SALAIRE EN ETP :
Le salaire en équivalent temps plein est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. C’est une méthode permettant de comparer le niveau des salaires entre différents groupes de salariés sur une base horaire identique, la durée légale de travail.
LE POINT THEORIQUE :
- La notion d’égalité
L’égalité est une notion polysémique et renvie à la fois à l’égalité en droit, l’égalité des chances et l’égalité sociale.
- L’égalité juridique est une égalité formelle qui signifie l’égalité devant la loi. L’égalité face au droit est donc le principe selon lequel tout individu, quelle que soit son origine sociale ou ethnique, doit être traité de la même façon par la loi.
- L’égalité des chances défendue par Alexis de Tocqueville renvoie à l’exigence que le statut social des individus ne dépende plus de la naissance, de caractéristiques sociales, religieuses, ethniques ou encore du genre, mais du mérite, qu’il soit scolaire ou professionnel. C’est cette approche de l’égalité des chances qui fonde les théories de la justice sociale. Elle repose sur l’hypothèse que seul l’effort individuel doit entrer en ligne de compte dans la distinction des individus. On parle de méritocratie.
- Les inégalités de situation, dont il est question dans cette note de l’Insee, peuvent se traduire par des écarts de rémunération, des différences d’emploi, des rythmes de travail différents.
En fait, dans nos sociétés, l’égalité des chances et l’égalité des situations sont profondément articulées. Les inégalités de situation ne sont acceptables que le principe d’égalité des chances est avéré.
L’histoire récente montre que dans les démocraties, comme l’a montré Tocqueville, des inégalités de situation importantes sont mal supportées. Tout se passe comme si le désir d’égalité est d’autant plus fort que les inégalités sont réduites, c’est ce qu’exprime le « paradoxe de la frustration relative ».
LIEN AVEC LE LEXIQUE DE MELCHIOR
L’EXTRAIT POUR LA CLASSE DE TERMINALE :
Le graphique proposé par l’Insee permet de mobiliser les centiles et les notions de surreprésentation et sous-représentation pour rendre compte de la répartition des femmes dans la distribution salariale.
LES SUJETS QUI FONT DEBAT :
- Comment les inégalités économiques entre femmes et hommes ont-elles évolué ?
- En quoi les inégalités économiques et sociales présentent-elles un caractère cumulatif ?