Pour en savoir plus sur ce livre :
Les Gagnants de la concurrence, Thomas Philippon, © Editions du Seuil, 2022
Révisez le thème de la concurrence et des marchés en vous appuyant sur l’analyse de Thomas Philippon, professeur en Finance, dans son dernier ouvrage !
Le thème de la concurrence et celui de la politique de la concurrence sont au cœur des programmes de SES en première et en terminale, ainsi qu’en classes préparatoires ECG.
Document 1. L’analyse de Thomas Philippon
Document 1. L’analyse de Thomas Philippon (prépa)
Mon livre avance trois thèses.
Premièrement : la concurrence a décliné́ dans la plupart des secteurs de l’économie américaine. Mesurer la concurrence est plus facile à dire qu’à faire, car il faut avoir recours à des indicateurs indirects. Nous examinerons les prix, les taux de profit et les parts de marché. Aucun de ces substituts n’est parfait, mais, ensemble, ils permettent de former un tableau convaincant.
Deuxièmement : la faiblesse de la concurrence s’explique largement par les choix des pouvoirs publics, qui sont influencés par le lobbying et les contributions au financement des campagnes. Nous examinerons les sommes dépensées par chaque société́ Etats-Unienne ces vingt dernières années pour faire pression sur la règlementation, le Sénat, la Chambre des représentants et les commissions clés, ainsi que pour financer des élections. Nous montrerons comment ces efforts faussent les marchés libres : quels que soient l’époque, l’État ou le secteur, le lobbying des entreprises et la contribution au financement des campagnes produisent des barrières à l’entrée, des règlementations qui protègent les acteurs historiques, un affaiblissement de l’application de la législation antitrust et un ralentissement de la croissance des petites et moyennes entreprises.
Troisièmement : les conséquences d’une concurrence trop faible sont une baisse des salaires, de l’investissement, de la productivité́ et de la croissance, ainsi qu’une hausse des inégalités. Nous examinerons comment l’affaiblissement de la concurrence dans l’ensemble des secteurs a eu une incidence jusque dans le portefeuille et les comptes bancaires des Américaines et Américains. Nous montrerons aussi comment une faible concurrence conduite à une diminution des facteurs que nous associons traditionnellement aux économies en croissance : l’investissement, le progrès technologique et la hausse des salaires.
Vous êtes prêts ? Allons-y.
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Questions :
1) Rappeler en quoi les prix, les taux de profit et les parts de marché peuvent être des indicateurs de la performance des entreprises dans la concurrence (passage en italique-gras)
2) En quoi les pouvoirs publics peuvent-ils stimuler la concurrence ou au contraire contribuer à la freiner selon T. Philippon ? Donner des exemples.
3) Pourquoi une concurrence trop faible peut-elle générer …
Voir la correction
1) Rappeler en quoi les prix, les taux de profit et les parts de marché peuvent être des indicateurs de la performance des entreprises dans la concurrence (passage en italique gras)
- Les prix déterminent que les économistes appellent la compétitivité-prix, soit la capacité à proposer sur le marché des produits à des prix inférieurs à ceux des concurrents.
- Le profit est un indicateur clé de la performance de l’entreprise et on l’obtient en retranchant le coût total à la recette totale. Le profit est le revenu du capital et/ou de l’entrepreneur. En comptabilité nationale comme en comptabilité privée, ce concept est mesuré par l’excédent brut d’exploitation.
Le comportement de marge de l’entreprise joue un rôle important : il s’agit d’une stratégie de marge bénéficiaire de la firme qui peut arbitrer, en fixant le prix, entre la profitabilité à court terme et la compétitivité à long terme.
- Sur le marché d’un produit donné, la part de marché d’une entreprise désigne le pourcentage du total des ventes qu’il réalise. Au plan macroéconomique, la part de marché d’un pays est égale au rapport entre ses exportations et le total des exportations mondiales.
2) En quoi les pouvoirs publics peuvent-ils stimuler la concurrence ou au contraire contribuer à la freiner selon T. Philippon ? Donner des exemples.
Dans une économie de marché, la concurrence est le principe de fonctionnement fondamental : la compétition intense entre les entreprises doit favoriser la baisse des prix, l’apparition de nouveaux biens et services, et le bien-être matériel des consommateurs. Mais la concurrence ne s’établit pas et ne se maintient pas naturellement, elle doit être encadrée par des règles subtiles pour éviter certaines dérives au nom de la recherche du profit, et pour contrecarrer un pouvoir de marché excessif de certaines grandes entreprises.
Les pouvoirs publics doivent donc mener des interventions bien adaptées pour à la fois inciter les entreprises à l’innovation et à la recherche du profit, mais aussi pour protéger les consommateurs contre les risques de pratiques abusives. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics mettent en œuvre des politiques de concurrence qui visent à établir, maintenir ou restaurer un degré suffisant de concurrence propice à une amélioration du rapport qualité/prix pour le demandeur. Si les économistes sont généralement d’accord pour souligner les effets bénéfiques de la concurrence dans une économie de marché, les entreprises peuvent développer des stratégies pour réduire le nombre de concurrents avec certaines pratiques, comme les ententes et les opérations de concentration, qui sont précisément encadrées par la politique de la concurrence.
3) Pourquoi une concurrence trop faible peut-elle générer …
Lire le module pédagogique par P. Deubel, sur le thème de la concurrence et de la croissance évoqué par P. Aghion, C. Antonin, et S. Bunel dans leur ouvrage « Le pouvoir de la destruction créatrice » :
Document 2. Pourquoi les économistes aiment la concurrence
Document 2. Pourquoi les économistes aiment la concurrence
Les économistes apprécient la concurrence pour plusieurs raisons. La première est qu’elle fait baisser les prix, puisque la manière la plus directe d’augmenter sa part de marché, pour une société́, consiste à proposer des tarifs plus bas que ses concurrentes. Quand une entreprise baisse le prix de ses marchandises, cela a deux conséquences bénéfiques. La première et la plus évidente est que le consommateur ou la consommatrice économisent de l’argent, qu’il ou elle peuvent employer pour acheter de plus grandes quantités dudit produit ou bien d’autres marchandises. En pratique, il ou elle ont tendance à faire les deux. Par exemple, si les assurances maladie coûtent moins cher, on pourra choisir une meilleure couverture et aussi acheter un nouveau jouet à ses enfants. Le deuxième effet, indirect celui-là̀, est que l’augmentation de la demande encourage les entreprises à produire, à investir et à embaucher. De manière générale, quand on compare deux économies, celle où la concurrence est la plus forte affichera des prix plus bas, une production plus grande, un taux d’emploi plus élevé́ et des investissements plus importants. La concurrence améliore donc notre niveau de vie.
Le prix n’est pas la seule préoccupation du consommateur. La qualité́ des services est elle aussi très importante. Si l’on consulte l’American Customer Satisfaction Survey, une enquête de satisfaction nationale conduite chaque année aux États-Unis, des motifs récurrents apparaissent. Les fournisseurs Internet semblent être les sociétés les moins appréciées du pays. Nous avons déjà̀ noté que ce secteur est très concentré et pratique des tarifs plus élevés que leurs homologues des autres pays développés. Cela n’a rien d’un hasard.
Dans un marché concurrentiel, les entreprises cherchent à attirer les consommateurs et consommatrices non seulement en baissant les prix, mais aussi en proposant une vaste gamme de biens et de services de qualité́. La concurrence conduit à un choix plus grand pour le consommateur, puisque les entreprises vont s’adresser à différents segments de la population et tâcher de distinguer leurs produits de ceux de leurs concurrents.
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Questions :
1) Rappeler ce qu’est un marché concurrentiel (passage en italique-gras)
2) Pourquoi distingue-t-on les effets directs et indirects de la concurrence ?
3) Résumer par un schéma de synthèse les bénéfices de la concurrence selon les économistes
Voir la correction
1) Rappeler ce qu’est un marché concurrentiel (passage en italique-gras)
Un « marché concurrentiel » désigne un marché sur lequel la pression concurrentielle est forte. Le concept de concurrence est souvent associé à celui de compétition. Un marché en situation de concurrence pure et parfaite est un modèle théorique, volontairement simplifié, qui remplit cinq conditions :
- La condition d’atomicité : il doit exister une multitude d’acheteurs et de demandeurs, de taille comparable, de telle façon qu’aucun d’entre eux ne puisse influencer la détermination du prix du bien (le prix est une variable endogène au système économique mais exogène à chaque agent). Les acheteurs et les vendeurs sont alors preneurs de prix
- La condition de fluidité : il faut qu’il y ait une libre entrée et une libre sortie du marché. Tout agent doit pouvoir, à tout moment et sans contrainte, formuler une offre et une demande.
- La condition d’homogénéité : les produits disponibles sur le marché doivent être parfaitement standardisés.
Ces trois premières conditions définissent la concurrence pure ; deux autres sont nécessaires pour qu’elle soit parfaite :
- La condition de transparence : les offreurs et les demandeurs disposent d’une information parfaite et gratuite sur les conditions du marché et notamment sur les prix des biens.
- L’hypothèse de mobilité des facteurs : ils doivent pouvoir, à tout moment, se déplacer du marché d’un bien à celui d’un autre bien.
Ce modèle se présente comme un mécanisme de marché pur, « sans frottements » comme dans le cas des physiciens qui étudient le déplacement d’un objet dans le vide. De fait ce modèle reste très théorique dans la mesure où dans la réalité, ces conditions sont rarement réunies. Un marché concurrentiel est donc un marché sur lequel aucun acteur n’est en mesure d’influencer le niveau du prix auquel le bien s’échange. On dit qu’aucun acteur n’a de « pouvoir de marché » et tous sont price taker, c’est-à-dire « preneurs de prix ».
2) Pourquoi distingue-t-on les effets directs et indirects de la concurrence ?
T. Philippon rappelle que la concurrence a un effet direct en libérant du pouvoir d’achat pour le consommateur qui peut acheter des produits plus chers et en plus grande quantité (effet direct), tandis que cette croissance de la demande va ensuite inciter les entreprises à investir, innover et embaucher (effet indirect).
3) Résumer par un schéma de synthèse les bénéfices de la concurrence selon les économistes
Lire le cours de spécialité SES en première sur le thème du marché concurrentiel
Document 3. La concentration des firmes aux États-Unis
Document 3. La concentration des firmes aux États-Unis
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Questions :
1) En quoi la concentration peut-elle freiner la concurrence ?
2) Comment peut-on distinguer les évolutions de la concentration dans le secteur manufacturier et dans le secteur non manufacturier depuis les années 1980 ?
3) Chercher quelle est la législation européenne en matière de concentration des entreprises.
Voir la correction
1) En quoi la concentration peut-elle freiner la concurrence ?
Les opérations de concentrations peuvent conduire à créer des entreprises de grande taille qui acquièrent un important pouvoir de marché, et pratiquent des prix supérieurs aux prix concurrentiels, au détriment du consommateur.
2) Comment peut-on distinguer les évolutions de la concentration dans le secteur manufacturier et dans le secteur non manufacturier depuis les années 1980 ?
Le document montre clairement que lorsque l’on raisonne sur le ratio de concentration, la concentration du secteur non manufacturier augmente plus vite à partir de la fin des années 1990, par rapport à celle du secteur manufacturier.
3) Chercher quelle est la législation européenne en matière de concentration des entreprises.
Au niveau européen, la Commission peut s’opposer à la réalisation de certaines concentrations d’entreprises en vertu des Traités. Le contrôle des concentrations en Europe est entré en vigueur avec l’adoption du règlement n°4064/89 du 21 décembre 1989, caractérisé par un régime de notification obligatoire et suspensive si certains seuils en chiffre d’affaires sont remplis. Il est prévu que les concentrations qui créent ou renforcent une position dominante ayant comme conséquence qu’une concurrence effective serait entravée de manière significative, devaient être interdites. En mars 2021, la Commission européenne a modifié la surveillance des opérations de concentration. Cette dernière a identifié certains secteurs (notamment pharmaceutique et numérique) où l'innovation est un paramètre important de la concurrence et pour lesquels, de nombreuses opérations de concentration potentiellement problématiques pour la concurrence ne faisaient jusqu'ici l'objet d'aucun contrôle avant leur réalisation. Ce nouveau dispositif vise à contrôler plus d'opérations de concentration qui pourraient potentiellement affaiblir la concurrence.
Document 4. Croissance, concurrence et égalité : des relations complexes
Document 4. Croissance, concurrence et égalité : des relations complexes
La concurrence favorise la croissance et, probablement, l’égalité́. La croissance, parce qu’elle mène à une production et un taux d’emploi plus élevé́ ; l’égalité́, parce que la concurrence fait augmenter les salaires et diminue les marges bénéficiaires. Ainsi, dans une économie concurrentielle, les revenus du capital financier (dividendes, rachats d’actions) sont faibles comparés aux revenus du travail. Dans la mesure où le capital financier (détention de créances, essentiellement des actions et des obligations) tend à être réparti plus inégalement que le capital humain (votre travail et votre éducation), il s’ensuit qu’une économie concurrentielle sera vraisemblablement moins inégalitaire.
Avant d’aborder les relations plus complexes entre concurrence et inégalités, arrêtons-nous un instant pour définir le terme « rente » tel qu’on l’utilise en économie. Une rente est un paiement que reçoit le possesseur d’un actif (humain ou physique, matériel ou immatériel) en sus du coût de reproduction ou de recréation de celui-ci. Par exemple, si un bien produit pour 10 euros est vendu 15 euros parce qu’il est protégé́ par un brevet, alors la rente du détenteur ou de la détentrice du brevet s’élève à 5 euros.
Certaines rentes sont protégées par des restrictions artificielles. Par exemple, des lois draconiennes encadrant l’octroi de licences professionnelles de façon à restreindre l’entrée dans certaines professions : ces lois protègent de la concurrence ceux qui détiennent déjà̀ une licence, leur permettant de pratiquer des tarifs plus élevés. Quand les économistes parlent de « recherche de rente », elles et ils font référence aux tentatives d’individus ou de groupes d’influencer les politiques publiques pour créer ou améliorer ces obstacles artificiels en leur faveur. Ce terme n’a pas nécessairement une connotation morale : il est rationnel de protéger ses rentes, cela ne fait pas de vous quelqu’un de mauvais. En revanche, cela mène souvent à de mauvaises politiques.
L’interaction entre rentes et inégalités implique que la concurrence ne réduit pas toujours les inégalités. En effet, elle peut nuire à certains accords de répartition des revenus. Par exemple, une entreprise peut décider de partager une partie de ses rentes avec son personnel. La concurrence peut réduire ces rentes et, ainsi, faire indirectement du tort à certains travailleurs et travailleuses. De même, la concurrence pour attirer les talents peut rehausser drastiquement les revenus de certains groupes.
Néanmoins, dans l’ensemble, il n’est pas évident de trouver des exemples où la concurrence intérieure (entre entreprises d’un même pays) nuit aux pauvres et à la classe moyenne, alors qu’on trouve facilement des manifestations de ses bienfaits (vente au détail et compagnies aériennes low cost, concurrence dans les télécoms, etc.).
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Question :
Résumer dans le tableau suivant l’impact de la concurrence sur les inégalités en synthétisant vos arguments :
Voir la correction
Résumer dans le tableau suivant l’impact de la concurrence sur les inégalités en synthétisant vos arguments :
Document 5. Pour conclure
Document 5. Pour conclure
« Pour conclure, je dirais que les arguments en faveur de la libre concurrence au sein d’un pays font partie des plus solides qui soient en économie. Malheureusement, c’est précisément son mérite – le fait que ses effets positifs sont généralisés – qui cause sa perte : les gagnants sont dispersés et les perdants sont concentrés ».
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Question :
Expliquez le passage (en italique-gras)
Voir la correction
Expliquez le passage en italique-gras
T. Philippon estime que les bénéfices de la concurrence sont diffus dans l’économie, comme les baisses de prix en mesure d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages, mais qu’ils peuvent être localisés et spectaculaires en raison, par exemple, de la fermeture d’une usine sous l’effet de la concurrence internationale.
Document 6. Le choc commercial chinois
Document 6. Le choc commercial chinois
Étudions maintenant l’incidence de la concurrence des importations chinoises sur l’ensemble des secteurs manufacturiers aux États-Unis. Nous avons divisé les industries en fonction de leur exposition au choc commercial, définie par la pénétration des importations chinoises. La figure (ci-dessous) montre le nombre normalisé d’entreprises dans des secteurs connaissant soit une forte pénétration, soit une faible pénétration. La concurrence de la Chine a provoqué un puissant effet de remplacement. En effet, les deux groupes présentent les mêmes tendances préalables, y compris lors de la bulle Internet, mais se mettent à diverger après 2000. En 2015, le nombre d’entreprises dans les industries manufacturières présentant une faible exposition au choc commercial chinois est le même qu’en 1991 ; en revanche, dans les industries manufacturières soumises à une forte exposition, il est plus faible de 40 %.
La figure (ci-dessous) ne concerne que les industries manufacturières, qui emploient une part relativement faible – et décroissante – de la population. Cependant, elle montre clairement que la Mondialisation constitue une hypothèse valide dans cette sphère particulière. Il faut donc en tenir compte.
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Document 7. La concurrence internationale
Document 7. La concurrence internationale
Questions :
1) En quoi la concurrence internationale peut-elle avoir un impact sur l’industrie manufacturière aux États-Unis ? (Document 6)
2) Peut-on considérer que la concurrence internationale est responsable du chômage ?
Voir la correction
1) En quoi la concurrence internationale peut-elle avoir un impact sur l’industrie manufacturière aux États-Unis ? (Document 6)
On observe aux États-Unis que l’ouverture commerciale et la concurrence internationale ont conduit, toutes choses égales par ailleurs, à des destructions d’activités et d’emplois plus fortes dans les entreprises manufacturières exposées que dans les industries manufacturières non ouvertes à la concurrence. Cette évolution peut être observée avec l’indicateur base 1 en 1991 qui chute nettement en dessous de 1 (autour de 0,6) en 2015 pour les secteurs fortement exposés aux importations.
2) Peut-on considérer que la concurrence internationale est responsable du chômage ?
Les économistes considèrent que le commerce international a un impact réel sur le marché du travail, l’emploi et les salaires, même s’il est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense. La baisse du prix des biens importés et des intrants intégrés au processus de production des firmes françaises peut ainsi engendrer un gain de pouvoir d’achat en achetant certains produits (comme le textile) à des prix plus faibles dans les magasins. Mais l’impact sur les salaires peut être négatif par la concurrence des pays à bas salaires et des destructions d’emplois dans certains secteurs (comme le textile, la coupe de vêtements et l’habillement).
Consulter Melchior M et la note de lecture de Lionel Fontagné « la feuille de paie et le caddie » :
Document 8. L’amenuisement de la part des jeunes entreprises dans l’économie états-unienne
Document 8. L’amenuisement de la part des jeunes entreprises dans l’économie états-unienne
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Questions :
1) En quoi les données du document montrent-elles un affaiblissement de la concurrence aux États-Unis ?
2) Quel peut-être le risque de ce phénomène pour l’économie américaine ?
Voir la correction
1) En quoi les données du document montrent-elles un affaiblissement de la concurrence aux États-Unis ?
T. Philippon montre que la part des jeunes entreprises était nettement plus élevée au début des années 1980 (0,5%) aux États-Unis qu’en 2015 (0,35%), notamment en raison de la domination des grands groupes et de leur position dominante sur les marchés qui freine l’incitation à la création de nouvelles entreprises.
2) Quel peut-être le risque de ce phénomène pour l’économie américaine ?
Le risque pour l’économie américaine est un freinage de l’investissement, de l’innovation des jeunes entreprises avec à la clé un ralentissement des gains de productivité et de la croissance potentielle. Le graphique montre ainsi une moindre création d’emplois du fait des jeunes entreprises entre 1980 et 2015.
Lire le cours de classe préparatoire ECG sur le fonctionnement des marchés :
Document 9. Le « grand renversement » de la concurrence entre l’Union européenne et les États-Unis
Document 9. Le « grand renversement » de la concurrence entre l’Union européenne et les États-Unis
Les États-Unis ont inventé la législation antitrust moderne à la fin du XIXème siècle. Ils ont dérèglementé́ bon nombre de leurs secteurs au début des années 1980 et défendent depuis les marchés libres, pour le plus grand bonheur des ménages américains. La doctrine états-unienne du marché libre s’est répandue à travers le monde, au point que, dans les années 1990, un large consensus international en faveur de la règlementation à l’américaine de la plupart des marchés s’était dégagé́ parmi les responsables politiques. L’Europe en particulier a adopté cette vision. Les États-Unis ont néanmoins conservé leur avance, d’autant qu’ils disposaient d’organismes de contrôle indépendants depuis longtemps. Étant donné la situation de départ, on se serait attendu à ce que les marchés états-uniens restent plus concurrentiels que les européens. C’est alors que quelque chose de totalement inattendu s’est produit. Vers l’an 2000, les taux de profit et les ratios de concentration se sont mis à grimper aux États-Unis alors qu’ils restaient stables ou diminuaient en Europe. La hausse des prix rapportés aux salaires est supérieure de 8 % aux États-Unis par rapport à en Europe, en dépit d’une croissance de la productivité́ similaire. Alors que les marchés états-uniens ont subi un affaiblissement continu de la concurrence, les Européens n’ont rien connu de tel. Aujourd’hui, bien des marchés européens semblent plus compétitifs que leurs homologues américains. Comment cela est-il arrivé ? Comment l’Europe, plus qu’une autre région, est-elle devenue la terre des marchés libres ? Tout au long de son histoire, le continent a souvent privilégié́ l’intervention de l’État au détriment de la concurrence privée. Qu’est-ce qui a pu changer en vingt ans pour persuader les Européennes et Européens d’embrasser le libéralisme ? Les responsables politiques d’Europe semblent avoir tenu compte de l’avertissement des économistes Alberto Alesina et Francesco Giavazzi en 2006 : « Si l’Europe veut enrayer son déclin [...], elle doit adopter des politiques qui se rapprochent du modèle du marché libre américain. » L’Union européenne a simplifié sa réglementation pour encourager l’entrée et la concurrence sur de nombreux marchés (…) Comparer la réglementation des marchés aux États-Unis et dans l’Union européenne s’avère éclairant. Si la mondialisation ou la technologie étaient la cause de l’affaiblissement de la lutte antitrust aux États-Unis, nous observerions des tendances similaires des deux cotés de l’Atlantique. Or, cela ne semble pas être le cas. L’Europe est restée active sur le plan de l’application des mesures antitrust. Martin Carree, Andrea Günster et Maarten Pieter Schinkel (2010) montrent qu’en Europe, 264 affaires d’antitrust, 284 fusions et 1 075 affaires d’aides d’État ont été examinées en moyenne chaque année de 2000 à 2004. La Commission européenne a pris plusieurs décisions controversées, comme le blocage de la fusion de General Electric et de Honeywell qui avait auparavant été approuvée par les autorités états-uniennes. Elle s’est aussi prononcées en défaveur de Google dans une affaire que les autorités états-uniennes avaient rejetée cinq ans plus tôt.
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Question :
Expliquez pourquoi l’ouvrage de T. Philippon parle de « grand renversement » entre les États-Unis et l’Europe en matière de concurrence ?
Voir la correction
Expliquez pourquoi l’ouvrage de T. Philippon parle de « grand renversement » entre les États-Unis et l’Europe en matière de concurrence ?
Selon T. Philippon, les États-Unis ne sont plus le modèle de référence de la libre concurrence. Dans ce domaine, l’Union européenne a réussi à progresser jusqu’à engranger de meilleurs résultats dans l’intérêt des consommateurs. Selon l’auteur, même si les États-Unis ont inventé les lois antitrust à la fin du XIXe siècle, ont dérégulé beaucoup de leurs industries au début des années 1980, et sont devenus les champions du libre marché pour le plus grand bénéfice des consommateurs américains, ce mouvement s’est désormais inversé de part et d’autre de l’Atlantique.
Lire le cours de spécialité SES en terminale sur le thème de la politique de la concurrence en Europe (par Vincent Barou) :
Document 10. La concentration dans l’économie high tech
Document 10. La concentration dans l’économie high tech
Les marchés des technologies de l’information et de la communication (TIC) sont fortement concentrés. Afin d’appréhender les avantages de la concentration pour les GAFAM, il faut comprendre les principes de l’économie des réseaux. Si l’on met de côté l’économie politique et le lobbying, deux facteurs expliquent comment et pourquoi un marché se concentre. Le premier est les économies d’échelle : les entreprises de TIC ont des coûts fixes élevés et des coûts marginaux faibles. C’est une idée ancienne et qui n’est pas spécifique aux TIC : elle s’applique aussi aux compagnies pharmaceutiques ou aux constructeurs aériens. Les économies d’échelle seraient plus importantes dans les TIC parce que le coût marginal de la diffusion de l’information est souvent faible, voire nul, mais c’est là une question empirique. La deuxième explication – les effets de réseau ou externalités dans le jargon économique – est plus spécifique aux TIC. Plus un réseau est étendu, plus les membres de celui-ci ont des chances d’interagir. Réciproquement, les gens qui n’appartiennent pas au même réseau ne peuvent pas interagir facilement.
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Questions :
1) Rappeler les définitions des notions en italiques gras dans le texte
2) Réaliser un schéma pédagogique de synthèse pour montrer les mécanismes qui conduisent à une concentration dans le secteur des TIC.
Voir la correction
1) Rappeler les définitions des notions en italique gras dans le texte
2) Réaliser un schéma pédagogique de synthèse pour montrer les mécanismes qui conduisent à une concentration dans le secteur des TIC.